Venue exceptionnelle de Bernadette et Thierry Servillat au CHTIP en mars !
Cancer du sein : opérer sous hypnose - Le Télégramme
Récupération rapide et bien meilleure
Avant l'intervention, le médecin ou l'infirmier anesthésiste formé rencontre la patiente afin de connaître sa personnalité et ses préférences. Ainsi, au moment de l'opération il peut la guider par la parole vers des lieux et des moments apaisants. « Pour induire l'hypnose, j'aide la patiente à se centrer sur elle-même et à se détacher de tout ce qui se passe autour », explique le Dr Aurore Marcou, médecin anesthésiste et hypnothérapeute à l'Institut Curie. Une étude menée auprès de 47 femmes a permis de montrer de très bons résultats en matière de satisfaction des p atientes. Globalement l'hypnosédation a recueilli une note de 9,2/10. Et toutes étaient prêtes à une nouvelle intervention avec cette méthode. D'autant que, comparée à l'anesthésie générale, l'hypnose permet une récupération post-opératoire bien meilleure et plus rapide. « L'anesthésie générale induit pharmacologiquement une diminution de la ventilation spontanée, des réflexes de déglutition, de la tension artérielle... », indique le Dr Séverine Alran, chirurgienne à l'Institut Curie. « L'hypnose a, par comparaison, un retentissement minime sur les fonctions vitales. »
La dialyse pratiquée sous hypnose en Auvergne - La Montagne
L’hypnose pour plus de bien-être lors de la dialyse. « Fermez les yeux, détendez-vous, respirez profondément, vos narines sentent déjà le goût salé de la mer… ». La détente s’installe rapidement. La patiente est apaisée, en confiance. Le médecin est à l’écoute. La complicité évidente.
Depuis quelques mois, une initiative pilote est mise en place à Clermont-Ferrand au sein de l’Aura, sur l’un de ses seize sites en Auvergne et dans la Nièvre.
Il s’agit en effet d’un des rares centres de dialyse en France comptant une vingtaine de personnels formés à l’hypnose médicale. Aides-soignantes, infirmières, cadres de santé, médecins, chirurgiens et anesthésistes composant toute la chaîne du traitement de l’insuffisance rénale (la dialyse) ont été formés depuis décembre dernier.
« L’hypnose permet de se remettre en empathie naturelle avec le patient » « L’objectif est d’améliorer la qualité de vie du patient », explique le docteur Maewa Wong Fat, néphrologue à l’Aura et initiatrice de ce projet. L’insuffisance rénale est une maladie qui comprend plusieurs contraintes. Horaires tout d’abord – trois dialyses par semaine à raison de 4 heures d’immobilisation environ –, diététiques ensuite et enfin le ressenti de la douleur à l’entrée en dialyse.
« Mieux comprendre l’insuffisance rénale, maladie silencieuse au départ, c’est mieux vivre la maladie », explique le médecin. Ainsi, les infirmières parlent, expliquent au patient la maladie, et sont à même de détecter une éventuelle appréhension. Elles peuvent désormais proposer l’hypnose pour, dans un premier temps, faire baisser cette angoisse.
Empathie In fine, pour les insuffisants rénaux en dialyse qui choisissent d’avoir recours à l’hypnose, il s’agit bien d’améliorer leur confort, leur bien-être. Au-delà, « l’hypnose permet de se remettre en empathie naturelle avec le patient, de recréer une relation avec lui. De retrouver une relation humaine ».
Des innovations made in Aura Auvergne
L’Association pour l’utilisation du rein artificiel Auvergne traite 600 personnes insuffisantes rénales en dialyse sur ses 16 unités réparties sur l’Auvergne et la Nièvre et 20 patients en HAD (hospitalisation à domicile).
Rechercher les conditions optimales de traitement adapté à chaque personne est un objectif essentiel pour l’Aura. Ainsi, l’association multiplie les innovations. Pour exemple, elle accompagne les patients dialysés de façon ludique et conviviale dans leurs modifications d’alimentation en raison de la dialyse en mettant en place des ateliers cuisine en partenariat avec le lycée hôtelier de Chamalières. Elle propose aussi le pédalage en dialyse afin d’associer une activité physique bénéfique tant sur le plan musculaire que mental durant le temps de l’hémodialyse. Enfin, l’une des dernières innovations de l’association : l’hypnose en dialyse pour mieux vivre le traitement.
Hypnose. L’hypnose se définit par un état de conscience « modifié » qui ne correspond ni au sommeil ni à l’état d’éveil habituel. Il n’y a donc, dans l’hypnose, aucun risque à ne pas se réveiller, comme on le craint communément. On parle d’éveil élargi car en hypnose on accède plus facilement aux émotions et aux souvenirs inconscients.
Hypnose médicale. Selon le courant actuel (La Salpêtrière), l’hypnose est un processus composé de trois phases : une phase d’induction obtenue par fixation sensorielle ; de détachement, décrite comme une dissociation et une phase d’ouverture appelée perceptude. Depuis 20 ans, l’hypnose s’est développée dans les hôpitaux et s’apprend à travers plusieurs diplômes universitaires. L’hypnose va aider le patient à affronter une difficulté dans un état de concentration élargi, favorable à des changements accrus. Il fait ainsi appel à ses ressources internes, pouvant alors trouver seul la solution. On parle aussi d’auto-hypnose.
Histoire. L’hypnose est une des premières méthodes d’abord psychothérapeutique. Les Égyptiens l’utilisaient déjà ! L’âge d’or de l’hypnose se situe vers 1885 avec le docteur Charcot et ses célèbres « Leçons du mardi » à la Salpêtrière (1920). Freud y est même venu se former. « 1, 2, 3 vous dormez ! » : Il pratiquait une hypnose directive, tombée peu à peu dans l’oubli (sauf dans les spectacles à l’instar du fascinateur Messmer). Puis, dans les années 60, Milton Erickson développe le concept d’une hypnose plus respectueuse de ce que peut apporter le patient. C’est elle qui a aujourd’hui généralement cours en médecine.
Michèle Gardette
Sortie du livre de Dr Marc Galy "Pourquoi l'hypnose, du bloc opératoire à la vie quotidienne" - Société Française d’Anesthésie et de Réanimation
Marc Galy retrace dans son livre didactique et clinique les avantages de l’hypnose au bloc opératoire et plus largement en peri-opératoire y compris et surtout dans la réhabilitation rapide après chirurgie avec son concept du MINI. Le rôle de l’hypnose et surtout de la conversation hypnotique au quotidien doit jouer un rôle majeur dans la relation entre les soignants et les soignés. Cette nouvelle approche de la communication dans le soin ouvre une porte vers une modification du comportement "avec l’autre », bien au-delà de la relation avec le patient.
L’enthousiasme de Marc Galy se retrouve tout au long de son livre et place la relation hypnotique au quotidien de la vie professionnelle mais aussi de la vie privée des médecins, et des soignants.
Pr Claude Ecoffey
Le CHU de Rouen ouvre une nouvelle consultation d’hypnosédation
Nouveau. Depuis la mi-janvier, le CHU a ouvert une consultation d’« hypnosédation » destinée à préparer les patients qui vont être opérés. Objectif : leur apprendre à gérer leur anxiété et la douleur.
Phobie de la piqûre, angoisse de ne pas se réveiller, ou au contraire de se réveiller pendant l’opération, peur de la douleur... chacun a sa propre appréhension face à une opération programmée, ou un accouchement. Depuis la mi-janvier, le CHU-Hôpitaux de Rouen a ouvert une consultation d’hypnosédation qui propose aux patients une préparation à l’intervention, à la gestion de l’anxiété et de la douleur. C’est Delphine Provost, médecin réanimateur anesthésiste qui est à l’origine de cette consultation. « J’ai suivi une formation il y a deux ans et demi, explique Delphine Provost, et j’ai tout de suite embrayé sur une consultation hypnose à la douleur chronique. »
Communication et suggestion
Formée à l’Institut Milton H. Erickson de Normandie, Delphine Provost s’est « passionnée par le sujet » alors que, reconnaît-elle, l’outil la laissait auparavant « plutôt suspicieuse ». « Je pense que l’hypnose peut apporter beaucoup de choses au patient mais aussi aux personnes qui la pratiquent. Cela a changé l’ambiance au bloc opératoire, ainsi que la prise en charge des patients ». Seule à pratiquer l’hypnose dans le département d’anesthésie du CHU, le Dr Provost a incité deux infirmiers-anesthésistes Renaud Ferchichi et Florentine Rousselin, à se former. Et si l’initiative a pu faire sourire, elle est aujourd’hui plutôt bien accueillie. « Une formation va prochainement être ouverte aux soignants, aux manipulateurs en radiologie... au CHU », indique Delphine Provost. « Aujourd’hui, l’outil qu’est l’hypnose permet aussi de réintégrer de l’humain dans la relation avec le patient, qui était devenue un peu impersonnelle ».
La consultation se déroule en plusieurs phases. « L’écoute et l’observation du patient sont primordiales. Nous cernons ce qui lui fait peur. L’hypnose est un outil de communication, de suggestion », rappelle le Dr Provost. Renaud Ferchichi poursuit : « il n’y a pas de trame écrite, nous nous adaptons au patient ».
Dans un deuxième temps, le praticien explique au patient comment va se dérouler la sédation, l’opération, lui fait visiter le bloc. « Il s’agit d’hypnose conversationnelle, qui a un effet anxiolytique ». Puis vient la partie formelle. « Le patient est installé confortablement. En utilisant ses sens, nous l’amenons à se rencontrer sur son corps, sa respiration... vers l’intérieur. Nous lui suggérons un lieu agréable, il peut choisir d’être sous sa couette, sur une plage ou au travail. La suggestion post-hypnotique lui permettra de se retrouver cet état en arrivant au bloc ». Seulement trois personnes sont formées à l’hypnose dans le service de réanimation anesthésie du CHU. Il est donc peu probable - et à tout le moins pas programmable - de tomber sur l’un d’eux au bloc opératoire. Le bénéfice pour le patient est certain : « j’endors les patients peu ou pas stressés avec deux fois moins de produit que les autres », assure le Dr Provost. Pour Arnaud Ferchichi, l’hypnose a aussi eu un effet bénéfique personnel : « avant d’être formé, j’étais exposé à la détresse des patientes qui arrivaient au bloc inquiet, j’étais touché. L’hypnose m’a appris d’entrer en relation avec elles, pour le mieux-être de la patiente ».
PATRICIA BUFFET pour Paris-Normandie
Hypnose. Au coeur du bloc opératoire
La Bretagne est un pôle de référence en matière de prise en charge adoucie des personnes opérées à l'hôpital. Dans ce cadre, de plus en plus d'anesthésistes, en accord avec leurs patients, choisissent l'hypnose pour certaines interventions chirurgicales. Nous avons suivi l'une d'elles à l'hôpital de Redon (35).
Caroline, la quarantaine, a été admise pour un acte gynécologique contraceptif : l'introduction de micro-implants dans les trompes de fallope (procédé Essure). Vers 10 h, quelques minutes avant d'entrer en salle d'opération, elle écoute attentivement les consignes du docteur Olivier Morla, anesthésiste à l'hôpital de Redon. C'est en 2004 que ce praticien a décidé d'inclure cette technique de modification de la conscience, en substitution des protocoles chimiques habituels en chirurgie, pour des actes légers.
Le patient devient actif
« L'hypnose médicale est pratiquée depuis la nuit des temps, souligne-t-il. Rien à voir avec l'hypnose spectacle. Ici, le patient n'est pas sous la domination du praticien. Il devient actif. »
Le médecin anesthésiste a suivi dix jours de formation auprès de l'association Émergences (lire ci-dessous). « J'ai accompagné beaucoup d'opérations. On essuie peu de refus. Mais ça ne marche pas avec tout le monde. Il faut que la personne soit réellement motivée, confiante et réceptive. » Les portes du bloc opératoire s'ouvrent. Ambiance apaisante. Les gros projecteurs centraux sont éteints. Le matériel a été préparé à l'avance. Pour éviter, par exemple, le son crispant d'une enveloppe plastique qu'on déchire. Plus de bruit. Excepté le bip du monitoring. L'anesthésiste, le chirurgien et les infirmières ne communiqueront plus que par gestes. L'équipe, très soudée, réagit au quart de tour.
Un voyage apaisant
Olivier Morla fait face à la patiente, à la même hauteur. Il lui tient la main. Sa voix se fait douce et régulière. Durant toute l'intervention, il ne va pas cesser de parler à Caroline. En cas d'inconfort, de gêne ou de douleur, il est prévu qu'elle l'alerte en lui serrant deux fois les doigts. La patiente ne bouge pas. Parfois, on surprend même un sourire. Calme qui tranche avec l'activité de l'équipe médicale, laquelle s'affaire derrière le rideau qui empêche Caroline de voir l'intervention. Une demi-heure s'est écoulée. Le chirurgien fait signe qu'il a fini et Olivier Morla reprend sa voix normale. La patiente s'étire comme si elle avait dormi deux jours. Quelques minutes plus tard, on la retrouve dans la salle de réveil. À ses côtés, d'autres personnes opérées avant elle continuent à dormir d'un sommeil artificiel profond. « Tout s'est bien passé, commente Caroline. Comme je l'espérais. Je savais que l'hypnose était pratiquée ici. Après avoir été reçue en consultation, j'ai été contactée au téléphone par le docteur Morla. J'ai trouvé ça très bien. Je n'étais plus un numéro. Sa voix m'a tout de suite mise en confiance. Nous avons convenu d'une sorte de voyage pour que je rentre en transe. » Caroline est allée puiser dans de très beaux souvenirs, ceux de son enfance passée en Guyane. « Je lui ai demandé de me promener au bord d'une crique que je connaissais. J'y étais vraiment. J'ai revu des choses qui étaient complètement enfouies en moi. Une foule de petits détails, de sensations. J'étais avec ma meilleure amie. C'était fort. »
Un petit coin de paradis
À un moment, Caroline a senti une gêne. Dans la seconde qui a suivi, on lui a administré une très faible dose d'analgésique pour accompagner la dilatation du col de l'utérus. « J'ai vu que ça faisait effet tout de suite. Mais je n'en voulais pas davantage, pour ne pas sombrer complètement. » Caroline dit avoir eu du mal à quitter la crique et à monter dans la voiture imaginaire que le docteur Morla avait mise à sa disposition pour quitter ce petit coin de paradis tropical. En fin d'après-midi, Caroline s'occupait à nouveau de ses enfants à Redon.
Didier Déniel. Le Télégramme