Pourquoi l'intégration des mouvements oculaires (EMDR - IMO) avec l'hypnose et les thérapies brèves?
Il existe deux techniques de base qui se sont fait connaître. Elles proviennent toutes les deux des USA.
La première et la plus connue est l'EMDR (eye movement desensitization and reprocessing). Elle a été créée en 1987 par Francine Shapiro. Doctorante en lettres, elle s’intéressera à la psychologie suite à de graves problèmes personnels de santé. Elle explore la méditation, l’hypnose éricksonienne et la PNL, deviendra chercheuse associée au MRI de Palo Alto. Elle expérimente un peu par hasard sur elle-même puis sur d’autres, l’effet de mouvements oculaires sur les pensées négatives et traumatiques. Elle se rapproche d’acteurs importants des thérapies cognitives et comportementales et développe son modèle EMDR en 1990. Y seront également ajoutés des éléments provenant aussi de nombreux modèles dont l’hypnose (place sûre, imagerie guidée, utilisations de ressources…). En France c’est surtout le regretté David Servan-Schreiber qui contribuera au développement et à la diffusion de sa technique en fondant « EMDR France ».
L’IMO (Intégration par les Mouvements Oculaires, ou EMI – Eyes Movement Integration en anglais) a été développé par Steve et son épouse Connirae Andreas en 1989, à partir de la PNL. La psychologue canadienne Danie Beaulieu dit avoir appris cette technique au cours d’une démonstration de 45mn dans un congrès en 1993. Par la suite, elle standardisera la technique et l’enrichira grandement de techniques de PNL et d’impact. Elle sera la principale promotrice et formatrice dans le monde et à ce jour la seule auteure d’un livre sur le sujet.
Depuis un certain nombre d’années ont émergé des « modèles » qui se veulent plus globaux ou intégratifs de différentes techniques. Citons pour exemple la riche modélisation de l’HTSMA, élaborée par le psychiatre et pédopsychiatre français Eric Bardot et qui rassemble des techniques de thérapies brèves (solutionnistes, stratégiques) avec le modèle EMDR. Notons aussi le MATH, extrêmement proche, enseigné à Lille-Tournai.
Globalement les techniques de mouvements oculaires présentent un aspect fascinant. Les praticiens qui s’y essaient constatent que la charge émotionnelle associée aux souvenirs traumatiques diminue significativement en très peu de temps.
Pourtant tout cela ne va pas sans poser de questions.
Certes il y a des différences de protocole : l’EMDR utilise surtout des mouvements horizontaux, rapides, presque sans parler et poursuit avec l’idée qui vient au patient dans une technique d’association libre, dont le déroulement est mesuré avec des échelles ; l’IMO utilise des mouvements lents, dans de nombreuses directions bien précises et le thérapeute énonce des mots en lien avec l’expérience traumatique principale pendant que le patient peut ressentir librement émotions, sensations et images entre et pendant les mouvements.
Mais au-delà des différences, n’y a-t-il pas surtout un principe commun : celui des mouvements oculaires, efficaces notamment pour la gestion des flash-backs et souvenirs parasites ? Enoncer des différences techniques est une chose, mais le principe n’est-il pas similaire ? Les oppositions d’écoles sont-elles justifiées au-delà de la volonté des enseignants de dire que ce qu’ils font marche mieux que ce que fait le voisin ?...
D’ailleurs, en parlant de voisinage, Grindler (concepteur de la PNL – Programmation Neuro-Linguistique) n’a-t-il pas affirmé que, quelques années avant la « découverte » par Shapiro de l’EMDR, il avait parlé à cette dernière d’une technique de mouvements oculaires en PNL pour le traitement du trauma psychique ? Technique qui allait devenir en évoluant de son côté...l’IMO!
Ces mouvements existent depuis bien longtemps, dans les pratiques chamaniques et bien évidemment dans l’hypnose depuis toujours, c’est même l’origine de la caricature du thérapeute avec le pendule, et de l’hypnose de James Braid (celui qui « inventa » le terme « hypnose ») et demandait aux patients de fixer un objet brillant…
Les mouvements oculaires sont connus comme induction et approfondissement de transe hypnotique depuis plus de deux siècles. Ne faut-il pas plutôt y voir là une des raisons de leur commune efficacité ?