​Maux....Passants...


Marie-Noëlle Leblanc est Psychologue clinicienne et Hypnothérapeute. Elle a été formée en hypnose, aux thérapies brèves et aux mouvements oculaires au Collège d'Hypnose & Thérapies Intégratives de Paris.


« Las..., je suis là..., dans ta main..., insignifiante..., amputée..., réduite à....

Et pourtant ....

Il y a fort, fort longtemps, par des temps sans âge, dans une contrée très… très lointaine.... J’étais un arbre !

Un arbre majestueux, merveilleux, qui se dressait au-dessus de tous les autres dans cette forêt luxuriante. 

Un arbre… tellement grand, que l’on aurait dit que son tronc faisait le lien entre ciel et terre...

Un arbre… tellement fort, qu’une centaine d’homme ne suffisait pas à en faire le tour...

Un arbre… tellement bon, qu’il offrait le déploiement de ses branches et l’ombre de ses feuilles comme refuge à des milliers de petits animaux...

Un arbre… tellement heureux d’être là, que ses racines étaient inextricablement enfoncées dans le sol, profondément attachées à sa terre nourricière...

Un arbre… tellement vivant, que sur son écorce, la main pouvait sentir tous les pleins et les déliés de la vie...

Je vivais là, heureux, avec ma famille et mes amis qui m’entouraient. Lorsqu’un jour, un riche armateur croisa mon chemin, brutalement, inexorablement ! J’ai d’abord cru que le ciel me tombait sur la tête, mais non, c’est ma tête, qui tombait vers le sol... et là, j’ai cru que tout était fini...

On m’écorcha, me coupa, me débita... pour faire de moi des grandes planches bien droites, plates, et puis... un cylindre, long, très long, bien droit, bien rond, bien gros... je me suis bien demandé pourquoi les Hommes avait besoin de moi sous ces formes... et puis ... j’ai compris...

Ces planches se sont retrouvées liées ensemble, pour devenir une superbe, magnifique, majestueuse armature de navire. Et moi, et bien moi, je me suis dressé, un peu comme avant, et un peu différent, droit, fier, grand, indispensable, sur ce navire, entre ciel et mer...

Nous en avons fait ... de merveilleux voyages, nous en avons vus ... de somptueux paysages, nous en avons essuyés ... de terribles tempêtes, nous en avons vécus ... de superbes aventures....

Chaque départ était une inconnue, et chaque arrivée... une fierté d’avoir accompli un périple extraordinaire...

J’ai navigué ainsi avec ces parties de moi-même, longtemps, longtemps, très longtemps... jusqu’au jour où...

Une tempête, plus forte qu’une autre...

Un rocher, plus près qu’un autre...

Et tout s’est dispersé....

Je me suis réveillé, là, sur le sable, je ne sais où, seul.

Et j’y suis resté .... je ne sais plus... un certain temps !

Jusqu’au jour où un marchand de bois a croisé mon chemin. Avec l’aide de ses ouvriers, il m’a emmené chez lui, m’a examiné, couper, scier, façonné.... Encore !!!

J’ai voyagé, inconfortablement installé à côté de mes congénères, sur des routes cabossées, dans une pauvre charrette. J’ai cru que le faste des mers, de ma forêt, étaient définitivement derrière moi, et pourtant...

Je me suis retrouvé devant une bâtisse immense, indescriptible, superbe, ...

Il en a fallu des bras pour me hisser là-haut. Je suis devenu la pièce maîtresse dans ce château, dans cette salle...

Ah, mes yeux revoient encore, à la lueur des chandeliers, ces tentures accrochées aux murs, ces interminables tables chargées de victuailles toutes plus appétissantes et colorées les unes que les autres. Et ces messieurs, dans leurs plus beaux atours, charmant ces dames, qui rivalisaient d’imagination et d’audace dans leur parures et leurs chiffons, afin d’être celle que les seigneurs de ces lieux allaient remarquer.

Toutes mes fibres résonnent encore de ces notes, que ménestrels et troubadours égrenaient de leurs doigts agiles. 

Les années ont passées...tranquillement...sereinement...Les Hommes se sont succédés au-dessous de moi. Mes yeux les ont bien vus ces robes s’arrondirent et se gonfler…ces perruques fleurirent sur ces têtes fardées. 

Et puis cette musique si douce à mes oreilles, s’est transformée en un hymne bien révolutionnaire pour l’époque. 

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Rédigé le Vendredi 19 Aout 2016 à 16:14 | Lu 665 fois modifié le Vendredi 19 Aout 2016