Soins intensifs: l’hypnose en renfort - Pulsations - Hôpitaux Universitaires Genève
«L’expérience hospitalière place spontanément les patients dans un état de conscience modifié. Ils ont une sorte de perméabilité et de résonance émotive propices à l’hypnose», explique Solenne Ory, infirmière spécialisée en SI, qui la pratique dans le cadre du Programme hypnose, soutenu par la Fondation privée des HUG. Tout patient conscient peut bénéficier d’une séance d’hypnose pour modifier la perception de symptômes tels que la douleur, l’anxiété, ou encore améliorer son sommeil. Mais cette technique peut aussi être intégrée dans la relation de façon moins formelle. Pour les soignants formés, c’est une manière différente d’amener les soins, ajustée à chaque patient.
Ainsi, un regard, un geste, une parole accompagnent un geste médical invasif, un examen délicat, dans l’espoir d’une plus grande acceptation. Souvent en état de choc, lourdement appareillés et figés dans un environnement hostile, les patients vivent une forme de morcellement. L’utilisation de cet outil leur permet d’être acteurs et partenaires des soins, et surtout leur redonne un contrôle dans un contexte où presque tout leur échappe. Il s’agit de les aider à mobiliser leurs propres ressources pour les remettre en mouvement et transformer les sensations inconfortables. Et aussi de les emmener ailleurs, hors de la chambre d’hôpital, au-delà d’un tuyau dans la gorge ou d’un membre douloureux.
Teymour, 24 ans: «Aujourd'hui, je vais bien»
Témoignage hypnose«J’ai été hospitalisé en mai 2018 à cause d’une mauvaise toux qui ne faisait qu’empirer. A l’échographie, les cardiologues ont vu que j’avais plein d’eau autour du cœur et des poumons. Ils ont effectué une ponction en urgence et je me suis réveillé dix jours plus tard aux soins intensifs. J’étais branché de partout, intubé et plus capable de respirer seul. Ce n’est qu’une semaine après qu’on m’a expliqué mon état en détail. Au cours de l’opération, les médecins ont découvert une tumeur du médiastin (zone de la cage thoracique entre les poumons). Cette nouvelle m’a fait l’effet d’une bombe.
Au total, j’ai passé plus de 40 jours aux soins intensifs. C’était physiquement très éprouvant, j’ai perdu 20 kilos et j’étais souvent dans le brouillard. Heureusement, j’ai été chouchouté par l’équipe soignante. Parmi les nombreux soins que j’ai reçus, on m’a proposé des séances d’hypnose. Je faisais beaucoup de cauchemars et mes difficultés à respirer sans le masque à oxygène m’angoissaient. Cette méthode m’a vraiment apaisé.
Je suis rentré chez moi après plus de six mois d’hospitalisation. Aujourd’hui, je vais bien. Ma vie reprend son cours, je voyage et profite de chaque instant. Récemment, on m’a proposé de revenir à l’hôpital pour une consultation post-soins intensifs. Cela m’a fait beaucoup de bien de reparler du côté très émotionnel associé à mon séjour. J’ai pu me souvenir et comprendre pleins d’éléments qui restaient flous.
Ma sœur, qui a été mon pilier, m’a accompagné à cet entretien. Elle a passé un moment seule avec l’infirmière. Quand je l’ai vue revenir les yeux pleins de larmes, je me suis rendu compte de l’impact que ça avait eu sur elle et son besoin d’en parler. Elle vient désormais d’entamer des études pour devenir infirmière.»
Interview : Aude Raimondi
L'hypnose vient en complément de la médecine au sein de l'hôpital - La Dépêche
Depuis 4 ans, le service des urgences du Chiva (Centre hospitalier intercommunal des vallées de l'Ariège) a développé une nouvelle approche des soins. Loin des gestes cliniques et techniques des praticiens, les médecins urgentistes ont fait entrer l'hypnose au cœur du dispositif. Présidente du Comité de lutte contre la douleur (CLUD), le docteur Julie Jardon n'y voit aujourd'hui que des avantages. «L'hypnose, ce que nous appelons l'hypno-analgésie, permet de limiter l'anxiété chez les patients», explique l'urgentiste.
«Chacun d'entre nous peut être placé sous hypnose»
«Chez les enfants, en détournant leur attention, on peut réaliser des gestes parfois douloureux comme remettre une épaule luxée». Ces techniques complémentaires qui ne sont cependant pas encore inscrites dans le cursus universitaire des praticiens, apportent de nombreux bénéfices.
«Chacun d'entre nous peut être placé sous hypnose, précise le docteur Jardon. Chaque jour, on passe tous par ces moments. On est ici et ailleurs en même temps».
Depuis 15 médecins du service des urgences ont suivi une formation dispensée par l'Institut français de l'hypnose. Et aujourd'hui la pratique se répand. Plus de 45 personnels des urgences sont en capacité d'offrir des palliatifs en cours de soins. «Mais l'on demande toujours aux patients, reprend Julie Jardon, s'il souhaite bénéficier d'une hypno-analgésie».
Aux dires des médecins, l'hypnose réduit l'usage traditionnel des anti-douleurs et peut même se substituer à des anesthésies locales.» On obtient de très bons résultats, confirme Frédérique Thiennot, elle-même médecin-urgentiste, et présidente du Rotary club de Pamiers.
L'association a d'ailleurs remis, lundi matin, des livres et des jouets au service des urgences pédiatriques de l'hôpital. «En parlant à l'inconscient des enfants, on arrive à les détourner de la douleur», note Anne-Sophie Fajolle, médecin-urgentiste.
L'hypnose ne fait plus partie des croyances
«Ces méthodes participent à l'apaisement du patient», rajoute-t-elle. Chez les petits, une ponction veineuse, une suture, la pose d'un plâtre, la réduction d'une fracture peuvent ainsi être réalisées sans prise d'antalgique chimique. Un bénéfice pour les patients mais également pour l'hôpital et les services de réanimation.
Hypnose, psychothérapie : quand l’esprit aide à surmonter la douleur - Institut Curie
Tout au long de sa prise en charge et de son parcours, les professionnels de santé (médecins, infirmières, assistantes sociales…) assurent un soutien psychologique au patient atteint de cancer. Il existe dans les Centres de lutte contre le cancer des spécialistes formés à cette prise en charge. Ainsi, les psycho-oncologues sont appelés pour accompagner spécifiquement certains patients en souffrance psychologique, mais aussi physique. Ces souffrances peuvent être liées au choc de l’annonce de la maladie, à la peur des traitements, à l’absence de projection dans le futur, mais aussi provoquées par les traitements spécifiques.
Les douleurs aiguës pendant la maladie, tout comme les douleurs chroniques en rapport avec la tumeur, ou provoquées par la chimiothérapie, l’hormonothérapie, ou la chirurgie, peuvent être prises en charge par les psycho-oncologues. Les psycho-oncologues assurent ainsi une prise en charge spécifique et adapté à chaque patient. Dans tous les cas, la thérapie se base sur une meilleure compréhension de l’appréhension avec une prise en charge de la dimension psychologique et émotionnelle de la douleur. Ainsi le patient peut mieux gérer sa douleur de fond et ses poussées douloureuses aiguës.
Parmi les méthodes employées figurent le soutien psychologique, les psychothérapies (individuelles ou de groupe) et les techniques psychocorporelles telles que la méditation, la sophrologie, la relaxation ou l’hypnose. Après plusieurs séances, celles-ci peuvent être apprises et appliquées par le patient lui-même à domicile, selon ses besoins.
L’hypnose et l’hypno-analgésie
L’hypnose est un état modifié de la conscience entre l’éveil et le sommeil induit chez un patient par un soignant formé : il s’agit alors d’hypnose médicale. L’état d’hypnose module des zones particulières du cerveau qui réduit ses connections avec les nerfs périphériques responsables de la perception de la douleur et procure un état d’éveil, de détente et d’attention particulier. Cet état permet au soignant de suggérer efficacement au patient de faire abstraction de ce qui l’entoure et de porter son esprit sur certaines idées, images et sensations à vocation thérapeutique.
L’hypnose est utilisée pour réduire les perceptions douloureuses, lors des soins, lors des poussées douloureuses aiguës, et dans le cas de douleurs chroniques. L’accompagnement du soignant par la parole, et quelques fois par le toucher, aide le patient à se détacher de ses sensations du moment, à utiliser ses ressources pour s’isoler dans un imaginaire de sensations plus confortables que celles provoquées par les soins. Lors de soins douloureux ou de procédures invasives, l’hypnose permet de réduire la dose d’antalgiques nécessaires.
L'hypnosédation, qui consiste à associer l'hypnose à de faibles doses de sédatifs ou à une anesthésie locale, est utilisée comme une alternative à l'anesthésie générale lors de certaines interventions, notamment dans la chirurgie du sein. L’hypnose permet de diminuer les douleurs post-opératoires et de réduire la consommation d’antalgiques.
Des consultations médicales dédiées à l’hypnose proposent aujourd’hui aux patients d’apprendre les techniques d’autohypnose pour gérer des douleurs chroniques: il s’agit de "rééduquer" le cerveau à se défaire de certains réflexes gênants pour réinstaurer le bien-être physique et mental.
Emmanuelle Manck