La récupération du patient est plus rapide - Le Telegramme
Les effets de l'hypnose au bloc opératoire ont-ils convaincu les praticiens ?
Éric Millet : L'académie de médecine a validé les interventions sous hypnose depuis plus de trois ans. Cette reconnaissance scientifique rassure les professionnels et les patients. Et les hôpitaux s'ouvrent de plus en plus à cette technique. C'est un outil parmi d'autres pour l'anesthésiste.
Quels moyens utilisez-vous pour plonger les patients dans un état second ?
Nous ne sommes pas des magiciens ! C'est un moyen plus qu'un résultat. La transe hypnotique est un phénomène normal, on ne plonge pas la personne dans le sommeil. Nous l'avons tous déjà vécu, par exemple au volant d'une voiture lors d'un long trajet, nous conduisons de façon automatique alors que l'esprit est ailleurs. Il s'agit d'une hyperactivité du cerveau, déconnecté de la réalité ; c'est une dissociation de l'esprit et du corps. On va chercher dans l'inconscient du patient des capacités cachées, voire insoupçonnées. Mais le degré d'abstraction est différent en fonction de la douleur.
Quel est l'intérêt de ce type d'intervention ?
On utilise moins, voire aucun produit d'anesthésie. La récupération est plus rapide, le retour à la maison aussi. Le patient n'est pas passif, il est plus motivé. En anesthésie, le patient se réveille comme il s'est endormi, stressé ou apaisé. Cela participe à une meilleure convalescence et à une moindre consommation de médicaments pour soulager la douleur. Cette écoute relève tout simplement d'une meilleure prise en charge globale du patient. Et d'un point de vue économique, cela réduit la durée d'hospitalisation.
Faut-il vaincre des réticences ?
Bien sûr. Il faut être volontaire pour une anesthésie sous hypnose. Les craintes sont souvent les mêmes : la peur de sortir de la transe et de ressentir la douleur.
Cette technique est-elle souvent utilisée ?
Nous la proposons pour des interventions de courte durée, inférieure à 30 minutes, et d'intensité douloureuse moyenne. La majorité des interventions sont réalisées en gynécologie, notamment pour les ponctions d'ovocytes. Les ORL s'y intéressent peu à peu. Et l'hypnose pourrait aussi se développer pour les fibroscopies et les coloscopies.
Hypnose et gestion de la douleur. Actes du 7e Congrès de l'Association Européene des Praticiens d'Hypnose
Hypnose médicale : un remède à la douleur. France3 Picardie
Stress, tabac, migraines : certains maux ne trouvent pas de solutions médicales habituelles. Il y a une "nouvelle" technique qui rencontre toutefois un certain succès : l'hypnothérapie ou donner à l'imagination la capacité de changer un comportement. L'hypnothérapeute utilise des métaphores afin que l'inconscient choisisse lui même la réponse à son mal.
Attentats : l'EMDR, une psychothérapie efficace, contre le stress post-traumatique. MyTf1.fr
Cette semaine, le docteur Brigitte Milhau reçoit, le président de l'association EMDR France, le docteur Martin Teboul. Cette psychothérapie, assez mal connue en France mais pourtant reconnue aux États-Unis et par les hautes autorités de santé, consiste à désensibiliser, par des mouvements oculaires,le cerveau d'un patient qui a vécu un traumatisme. Il arrivera ensuite à revivre l'événement de façon neutre. Les explications.
Chirurgie du cerveau : des Français se font opérer sous hypnose - Pourquoidocteur.fr
Certaines chirurgies du cerveau pourraient être réalisées sur des personnes éveillées. En effet, l’hypno-sédation remplace avec succès l’anesthésie dans le traitement du gliome – une forme de cancer cérébral. L’approche s’accompagne de peu d’effets secondaires selon une étude française parue dans Neurosurgery.
Les travaux ont été menés au service de neurochirurgie du CHU Bretonneau de Tours (Indre-et-Loire), sous la houlette du Dr Ilyess Zemmoura. Son équipe a proposé à 37 personnes atteintes de gliome de subir l’opération sous hypnose au lieu de l’anesthésie traditionnelle. La technique habituelle consiste à endormir le patient le temps de réaliser l’incision et de retirer la partie osseuse. Il est ensuite éveillé, afin de cartographier les aires du cerveau liées au langage et la motricité. Grâce à la coopération du malade, le chirurgien peut retirer la tumeur sans endommager les zones clé. Une fois cette étape réalisée, une seconde anesthésie est réalisée.
Une hypnose sur mesure
Cette approche est relativement sûre. Mais elle pose problème chez des personnes atteintes de gliome de haut grade, soulignent les auteurs. Une solution alternative est donc nécessaire. Afin de préparer les volontaires, un premier rendez-vous a été organisé en amont de l’intervention. L’anesthésiste y a mené une courte séance d’hypnose, dans laquelle il a appris à chaque participant comment créer un « abri » imaginaire dans lequel il peut se sentir en sécurité.
Dans la salle d’opération, l’hypno-sédation s’est divisée en plusieurs étapes. A mesure que la chirurgie progressait, la transe hypnotique s’est approfondie et l’imagerie s’est adaptée aux types de douleurs. L’expérience n’a pas fonctionné pour 6 patients, une anesthésie standard a alors été mise en place. Deux patients ont finalement renoncé à l’hypnose. Chez les autres, l’étude démontre que la technique est fiable et aisément reproductible.
Peu de douleurs
Le taux de réussite dépend de la motivation des volontaires, mais l’hypno-sédation a permis de réduire de manière significative l’impact des événements indésirables liés à la chirurgie. Plus la transe était approfondie, plus la douleur reculait, notent les auteurs. Ainsi, dans les questionnaires post-opératoires, les bruits et les vibrations étaient décrits comme les éléments les plus gênants de l’intervention. Les phases qui ont le plus incommodé les patients étaient la trépanation et l’instant où le chirurgie retire le volet osseux. En revanche, l'approche n'apporte pas de bénéfice supplémentaire sur le plan du stress.
Cette première expérience est encourageante, mais elle ne permet pas de démontrer la supériorité de l’hypnose par rapport à l’anesthésie traditionnelle. Recourir à cette approche doit donc être le fruit d’une réflexion approfondie, explique le Dr Ilyess Zemmoura. « Cela demande un investissement intense et un long apprentissage de la part de toute l’équipe, y compris du patient », explique-t-il.