Hypnose et Anesthésie : Comment se former ? - What's up Doc ?
Est-ce l'exemple médiatisé de la chanteuse Alama Kanté, qui, sous hypnose, a chanté pendant son opération, ou les récentes communications des HCL à propos du cancer de la prostate traité par curiethérapie sous hypnose ? Il semble que l'on parle de plus en plus de cette technique d'anesthésie et qu'elle se développe dans les hôpitaux.
Mais alors, quand on veut se former, vers qui et où se tourner ? Le Dr Stéphane Charré est anesthésiste-réanimateur et formateur chez Emergences, un institut de formation et de recherche en hypnose et communication thérapeutique. "Il existe deux types de formation : universitaire, ou non". Dans le premier cas, le DU d'hypnose médicale à la Pitié Salpêtrière, Paris VI, et créé par Jean-Marc Bernhaiem en 2001, est particulièrement réputé.
Emergences Rennes (ndlr : Laurent Gross s'y est formé) est quant à lui un exemple de centre de formation, dont Stéphane Charré nous parle plus particulièrement : "l'institut délivre un certificat avec le nombre de jours et d’heures de la formation à laquelle vous avez participé. Cette formation, étalée sur 12 jours, est reconnue par la ESH, la société européenne d’hypnose".
Néanmoins, ces deux types de formation ne sont pas antagonistes, et seraient même complémentaires selon le Dr Charré : "la formation universitaire est complète mais manque de pratique. De nombreux médecins viennent ici après un DU, ce qui leur permet de se sentir totalement capable de faire une intervention en sortant".
Cécile Lienhard
Hypnose et Anesthésie : Comment ça marche ? - What's up Doc ?
On parle de plus en plus de l'hypnose utilisée en intervention chirurgicale : pour remplacer l’anesthésie générale, elle permettrait notamment un rétablissement plus rapide du patient.
Mais concrètement, comment ça marche ?
Le Dr Stéphane Charré, anesthésiste-réanimateur et formateur chez Emergences, nous explique. "Pour une intervention chirurgicale, c’est simple. Dès les premières consultations, le chirurgien propose l’hypnose au patient. Par la suite, lorsqu’il vient voir l’anesthésiste, c’est à lui d’en parler. S’il n’évoque pas le sujet, on n’en parle plus". C’est donc au patient d’en faire explicitement la demande.
Ensuite, pour l’opération, tout est fait comme si on se préparait à une anesthésie générale : "le patient vient a jeun, le matériel nécessaire est à portée de main, et les médicaments sont prêts. Pendant l’opération, si le patient nous fait le signe convenu ensemble au préalable, nous passons à une anesthésie générale". Le passage à une AG arrive rarement avant l'intervention mais un peu plus pendant : "il y a un inconfort qui survient pendant l'opération, mais cela est très court : lorsque le patient est briefé sur cet inconfort passager, il l'accepte la plupart du temps sans passer par l'AG". Et s'il choisit finalement cette dernière option en cours d'opération, les médicaments pourront être injecté à moins forte dose. Ainsi le patient se remettra plus facilement de l'opération.
Cécile Lienhard
"La Belgique francophone et la France pionnières en hypnose médicale" - Le Vif
"L'hypnose est un talent inné auquel chaque individu peut avoir accès. Il s'agit d'un état de conscience particulier dans lequel on se met soi-même avec l'aide d'une autre personne", explique Marie-Elisabeth Faymonville. La spécialiste de l'hypnose développe cette technique depuis 1991 au Centre hospitalier universitaire de Liège (CHU).
L'hypnose peut être utilisée dans le domaine de l'oncologie, des soins palliatifs, de la psychologie et psychiatrie ou encore pour traiter des douleurs chroniques. Grâce à ses propriétés analgésiques et distractives, elle est également utilisée en anesthésie, lors de certaines opérations chirurgicales.
Au CHU de Liège, 9.000 patients ont été opérés sous hypnose, presque toujours avec une anesthésie locale en complément. Les spécialistes soulignent l'importance des compétences médicales ou psychologiques pour la pratique de l'hypnose. "L'hypnose n'est pas protégée, n'importe qui peut donc suivre une formation et proposer la technique au public, souvent trop confiant", indique Fabienne Roelants. L'utilisation de l'hypnose doit donc être davantage encadrée par le législateur, selon les spécialistes.
L'hypnose est utilisée à Saint-Luc depuis 2005. Aux cliniques universitaires de l'UCL, tout comme au CHU de Liège, une trentaine de psychologues, médecins ou dentistes sont formés à la pratique chaque année. Destiné au monde médical, le congrès mondial de l'hypnose aura lieu à Paris du 27 au 29 août. Plus de 2.000 participants issus de 40 pays échangeront sur les pratiques et sur la place de l'hypnose dans le domaine des soins.