La douleur chronique neuropathique
Au sein de cet ensemble, les douleurs neuropathiques (DN) ont une place particulière, et plongent bien souvent le patient dans un vécu particulièrement difficile. L’image du corps est atteinte, la détresse du patient souvent importante renforcée par la difficulté à trouver une thérapeutique efficace. La douleur neuropathique correspond à une lésion ou une maladie affectant les voies de la nociception. Sa prévalence est estimée à 7-8 % de la population générale en Europe (5 % pour les douleurs modérées à sévères).
Les étiologies des douleurs neuropathiques sont diverses. Neuropathies périphériques : traumatiques (lésion nerveuse par accident ou chirurgicale, amputation, dilacération), par compression ou étirement (discopathie, syndrome canalaire, cancer), infectieuses (douleur post-zostérienne), radiothérapie, chimiothérapie, pathologie métabolique (diabète, vascularites oblitérantes). Neuropathies par atteinte centrale : lésions médullaires ou plexiques pré-ganglionnaires, accident vasculaire cérébral, neuropathie dégénérative (Parkinson, SLA, SEP).
Les douleurs neuropathiques s’expriment parfois sous la forme d’un syndrome, comme dans le syndrome douloureux régional complexe, ou associées à un syndrome comme la fibromyalgie, qui peut mener à des prises en charge particulièrement complexes. La faible réponse à des traitements lourds et à très long terme justifie l’utilisation de plus en plus fréquente de l’hypnose et de techniques non médicamenteuses, en association initiale avec des thérapeutiques conventionnelles.
Les douleurs neuropathiques semblent favoriser les dérèglements du système végétatif, pouvant expliquer leur fréquente association à des syndromes de l’intestin irritable, des syndromes fibromyalgiques, des vulvodynies, des syndromes de vessie douloureuse, qui sont tous des conséquences d’une hypersensibilisation centrale à la douleur.
Le retentissement affectif et émotionnel propre à la DN est pratiquement constant et responsable d’une altération de la qualité de vie. Les DN ont des répercussions sur les relations sociales. L’outil diagnostique DN4 (DN en quatre questions) a été conçu comme un outil d’hétéro-évaluation. Il nécessite un interrogatoire et un examen clinique. Il a été validé lors d’une large étude multicentrique française (4). Cette évaluation préalable à la définition d’une stratégie est capitale pour établir un plan thérapeutique avec l’hypnose.
Il n’est pas toujours facile pour les patients de comprendre et de décrire la douleur neuropathique et les symptômes associés surtout s’ils ne sont pas repérés par les soignants. Sans explication, la douleur est parfois interprétée comme dangereuse menant à des stratégies qui augmentent le handicap. Des explications précoces peuvent en réduire l’impact.
La clinique : intérêt pour la prise en charge en hypnose
Les douleurs neuropathiques présentent des caractéristiques sensorielles multiples qui caractérisent des patients avec des symptômes différents. Le repérage de phénotypes distincts selon le profil sensoriel permet de proposer une approche en fonction de ce profil et non pas de l’étiologie.
Une évaluation clinique chez 233 patients a été réalisée par Ralph Baron & al. en 2016 (1) en utilisant le « Quantitative Sensory Testing » pour les sous-grouper selon leur profil sensoriel. Trois sous-groupes ont pu être identifiés :
- Sous-groupe 1 : perte sensorielle (42 %) en lien avec des sensations paradoxales de chaleur.
- Sous-groupe 2 : hyperalgésie thermique (33 %) : préservation des fonctions sensorielles, hyperalgésie au chaud et au froid.
- Sous-groupe 3 : hyperalgésie mécanique (24 %) : hyperalgésie à la piqûre.
Ces caractéristiques sont indépendantes de l’étiologie. La physiologie est le critère à prendre en compte pour proposer une approche basée sur les mécanismes de la douleur. C’est ce qui est capital de considérer en hypnose, car on ne traite pas une maladie mais une clinique.
Les cibles de l’hypnose : les réseaux
De nombreuses régions du cerveau sont concernées par l’hypnose comme l’ont montré de nombreux auteurs, avec des résultats parfois discordants. Les plus importantes à considérer sont les réseaux qui régissent l’équilibre entre le monde extérieur (réseau exécutif), la conscience de soi (réseau défaut), et la nociception.
La douleur est le produit d’une série de mécanismes qui modulent l’information à partir d’un dommage physique à de multiples endroits et niveaux, incluant la périphérie, la moelle épinière et des structures supra-spinales comme le thalamus, le cortex sensitif (localisation, intensité, qualité sensorielle), l’insula, le cortex cingulaire antérieur (contexte affectivo-émotionnel), le cortex préfrontal. Les suggestions analgésiques en hypnose peuvent réduire les processus inflammatoires associés à une brûlure ou une hypersensibilité périphérique à la douleur ; un effet est aussi retrouvé au niveau des réflexes spinaux (en dehors du champ de conscience).
Une suggestion de « lâcher prise » est associée à une diminution de l’activité frontale, alors qu’une suggestion d’analgésie accroît cette activité comme si le réseau exécutif était engagé à supprimer l’expérience de la douleur.
Les facteurs psychologiques qui jouent un rôle dans la réponse à l’hypnose sont l’hypnotisabilité, les attentes, la capacité à l’absorption et l’imagination, la motivation, et la position au regard de l’hypnose.
En dehors de l’hypnose, les sujets faiblement hypnotisables recrutent plus le cortex pariétal et les régions cingulaires antérieures dans les conditions d’attention sélective, suggérant une meilleure détection et mise en œuvre des conflits. En outre, chez les sujets très hypnotisables cette région est mieux connectée au « réseau défaut », suggérant un dialogue étroit entre les processus externes et internes, ce qui permet une grande flexibilité de l’attention et sous-tend une grande habileté à dissocier.
C’est l’automne et nous nous retrouvons avec les joies de cette saison. Déguster des champignons, s’installer à côté d’un feu de cheminée, être avec un(e) ami(e), apprécier les journées de l’été indien, flâner dans les bois, regarder un film, aller voir une exposition, écouter ici et là un conférencier… lire la Revue, celle-ci, une autre, tout est possible !
Un jour, un professionnel demande à Erickson : « D’accord, ce que vous faites, ça marche, mais tous ces trucs invraisemblables que vous demandez à vos patients de faire, est-ce que c’est encore de la psychothérapie, est-ce que c’est une authentique activité de soins ? » Erickson lui répond : « Oui, mais personne n’est absolument obligé de le savoir, ni le patient ni le thérapeute. »
Avec l’HTSMA, j’ai trouvé une manière vivante de travailler qui intègre chacun des courants de la Thérapie brève. Ce qui m’a amenée à m’inscrire dans cette pratique, c’est la construction d’un « être ensemble » dans la perspective d’une approche interactionnelle du vivant. A partir de cette base, le thérapeute va mettre en scène ce qui apparaît dans la thérapie, par la triangulation : en externalisant grâce à l’imaginaire partagé (souvenirs, sensations, images sensorielles) la problématique de la relation (à soi, au monde, à l’autre).
La reconquête de la liberté du corps et de la pensée face aux toxiques. A propos d’hypnose et de réduction des risques... Il n’y a ni lieu ni moments privilégiés pour arrêter de fumer du tabac, du cannabis, pour arrêter de consommer de la cocaïne, de l’héroïne, pour arrêter de boire de l’alcool, pour s’éloigner des amphétamines, du LSD, des champignons hallucinogènes, pour cesser le mésusage médicamenteux.
Ainsi fait suite à notre Première Note évoquant l’Harmonie comme socle de la pensée de François Roustang, la notion essentielle de Correspondances. L’être humain n’existe pas, insiste notre auteur, sans son contexte. Plongé dans un tissu constitué d’une multitude de relations entre tous les éléments qui composent son existence, chaque être fait exister ces éléments qui l’entourent tout comme ces derniers le font exister.
Lorsque Sophie Cohen m’a proposé de diriger ce dossier thématique, j’ai tout de suite été très intéressée. Montrer la diversité des situations où l’hypnose intervient de façon directe ou indirecte au travers de séances et de la communication thérapeutique est un enjeu majeur pour une professionnelle que je suis qui utilise cette approche depuis plus de dix ans.
« La douleur est infinie, la joie a des limites », Balzac. On dit que les grandes douleurs sont muettes. Rien de plus faux. A l’instar d’autres artistes, les écrivains s’avèrent de fins observateurs et des virtuoses de la transformation. Traité avec une incroyable diversité, le thème de la douleur n’est jamais éculé. En effet, il y a mille façons d’éprouver le lecteur, de le faire frémir d’empathie, de l’entraîner dans un sidérant dépassement de soi, un courage inouï, un détachement surprenant, un remodelage du ressenti.
Les « TAC » comme aide technique à la marche. La chute de la personne âgée représente une thématique majeure de santé publique. C’est la première cause de mortalité accidentelle. Tous les ans, environ 450 000 personnes âgées de plus de 65 ans font une chute (INVS) de gravité immédiate variable : hospitalisation, décompensation des pathologies chroniques, fractures, douleurs, dépression, perte d’autonomie, entrée en institution et décès.
Les techniques hypnotiques peuvent apporter une aide précieuse en situation d’urgence, que ce soit lors d’une immobilisation, à l’occasion d’une désincarcération ou d’une mise en condition, mais aussi dans certaines situations obstétricales ou lors de soins dentaires. L’induction furtive de l’hypnose peut s’avérer d’une grande utilité chez ces patients douloureux aigus, dont l’anxiété légitime peut intensifier notablement les souffrances.
L’ancrage des pieds. Pour passer le pas, le pied doit ressentir le sol. Le sol répond par une force réactionnelle. Ainsi, le pied peut propulser le corps vers l’avant. Dans de nombreuses techniques énergétiques, on parle de l’importance d’un ancrage corporel pour permettre à l’énergie présente dans le corps de circuler aisément et ainsi laisser le corps en bonne santé.
La douleur chronique est toujours multifactorielle, associant une atteinte réelle ou virtuelle des voies de la nociception à des éléments de fragilité qui font le lit de la chronicisation : traumatismes anciens ou récents, pathologies associées, concomitantes. L’importance de l’anamnèse est au premier plan, elle permet de mettre du sens et ainsi de choisir la stratégie thérapeutique où l’hypnose va trouver sa place et son efficacité dans un projet partagé avec le patient.
« Bonjour Docteur, je vous appelle pour un rendez-vous ? » « Bonjour Docteur » fait vieux jeu. Je suis jeune, « in », pas coincé. Je pourrais dire : « Salut Doc ! », non, non, cela fait trop copain-copain. « Excusez-moi, Docteur, de vous déranger » Horrible ! C’est du langage du siècle passé. Et en plus, pourquoi m’excuser ?
« Ma voix t’accompagnera », expliquait Erickson à ses patients. Mais quelle voix peut au mieux accompagner un patient en hypnose ? Comment faire en sorte qu’elle soit le plus adaptée à ce contexte ? Tant de patients expriment en fin de séance que c’est la voix du thérapeute qui a été la plus importante. Et pourtant, sauriez-vous décrire précisément en quoi elle diffère de la voix habituelle ? Nous sentons bien qu’il y a un changement mais celui-ci est le plus souvent très intuitif.
Chère Teresa, merci d’accepter de répondre à ces questions pour notre revue « Hypnose et Thérapies brèves ». J’avais envie de le mener depuis longtemps étant donné la place que tu occupes depuis les débuts dans le monde de l’hypnose notamment au Mexique et au niveau international. Peux-tu nous parler un peu de toi, ta famille et ton parcours professionnel ?
La force de la vulnérabilité : Utiliser la résilience pour surmonter l’adversité, Consuelo C. Casula, Satas, collection Le Germe. Pile ou face. Une chose et son contraire. Une chose ou l’autre. Une vulnérabilité ou une force. Une crise et une opportunité. Vent debout. Les ouragans ne se nomment pas tous Irma, José, Maria.
Neuroscience et chamanisme : Les voies de l’illumination, David Perlmutter et Alberto Villoldo. A première vue, ce titre peut prêter à l’étonnement. Dans un deuxième temps, il annonce un livre innovant. En exposant le point commun unissant ces deux disciplines, l’état d’illumination, les auteurs, David Perlmutter, neurologue, et Alberto Villoldo, médecin-anthropologue et chaman, nous révèlent la façon dont chacun peut accéder à cet état particulier, longtemps décrit comme accessible uniquement aux moines, méditants ou chamans de pays lointains.
Manuel d’hypnothérapie digestive, Philippe de Saussure. Ce petit ouvrage est un véritable outil pratique lorsque vous accompagnez des patients qui souffrent de troubles fonctionnels digestifs. Spécialiste en gastro-entérologie, en hypnose, Philippe de Saussure partage au cours de ces 100 pages tout ses savoirs et savoir-faire. Il vous propose quelques scripts d’hypnose qu’il utilise lui-même. C’est un ouvrage précieux et complet.
Chers lecteurs, pour ce numéro nous avons invité un chercheur en neurosciences passionné d’hypnose et de musique. Avant de le laisser nous inviter dans un fabuleux voyage dans le cerveau (attention, accrochez-vous !), Cédric peux-tu te présenter ?