L’hypnose, le remède à tous nos maux ? Par Claire Schneider pour Marie-Claire
Elle ferait arrêter de fumer, maigrir, atténuerait la douleur et remonterait le moral… bref l’hypnose serait-elle le remède à tous nos maux ? Pour mieux comprendre avant de se lancer, nous avons demandé au Dr Tosti*, spécialiste de la question, de nous éclairer sur quelques points.
Dans quels cas pouvons-nous utiliser l’hypnose ?
L'hypnose médicale est une expérience de modification perceptive à visée thérapeutique. L'hypnose permet de modifier la perception ou la représentation d'un élément du champ perceptif. Cet élément peut être une douleur, un objet d'addiction, un traitement difficile, mais aussi une pensée, un événement pénible... Les indications sont très larges, et elles couvrent classiquement tous les champs de la médecine, c'est à dire toutes les spécialités médicales. On peut donc faire appel à l'hypnose médicale dans le domaine de la médecine interne, de la rhumatologie, de la psychiatrie, de l'addictologie, de la dermatologie...
Quelles sont les utilisations les plus insolites ?
Il n'existe pas à proprement parler d'utilisation "insolite" de l'hypnose, même si certaines demandes peuvent surprendre. Un point très important à savoir est que l'hypnose ne permet en aucun cas de "retrouver des souvenirs enfouis". C'est une idée courante pourtant très répandue. En réalité, les souvenirs qui peuvent émerger au cours d'une expérience hypnotique peuvent être en totalité ou en partie construits. En ce sens, les demandes pour "retrouver un souvenir enfoui" ou les demandes pour "révéler ce qui s'est passé" doivent faire l'objet d'un éclaircissement de la part des thérapeutes : l'hypnose n'est pas un révélateur du passé fiable.
Cette précaution étant prise, il est en revanche possible de travailler en hypnose sur la représentation d'un souvenir. En traitant la perception subjective d'un évènement, on peut par exemple en retirer la charge émotionnelle et traiter ainsi un trauma. Dans quel cas est-elle le plus efficace ? L'hypnose donne de très bons résultats dans de nombreux domaines, tels que le traitement des troubles psychosomatiques, le traitement d'une phobie, le traitement des troubles obsessionnels compulsifs, le sevrage tabagique ...
Tout le monde peut-il tenter l’expérience ou y a t-il des contre indications ?
Classiquement, on évitera de proposer l'hypnose aux patients souffrant de pathologies psychiatriques dissociatives. En pratique, il est tout à fait possible de travailler en hypnose avec des patients psychotiques, mais c'est une hypnose adaptée, spécifique et qui ne doit être pratiquée que par un psychiatre dans un contexte spécialisé. En dehors de ces situations particulières, chacun peut tenter l'expérience de l'hypnose.
Vers qui se tourner quand on souhaite essayer ?
Il est fortement recommandé de se tourner vers des spécialistes du soin, c'est à dire des médecins, des psychiatres, des chirurgiens dentistes, des sages femmes ou des psychologues cliniciens qui ont été formés à cette pratique par un organisme agréé. L'hypnose rajoute une compétence à un savoir faire initial qui est celui du professionnel de la santé. Elle ne remplace pas sa formation initiale. Il ne viendrait pas à l'esprit de faire appel à un psychiatre pour réaliser une hypno analgésie au bloc opératoire, comme il ne viendrait pas à l'esprit de demander au dentiste de traiter un patient schizophrène par l'hypnose. C'est une question de bon sens. Chacun doit rester dans son domaine de compétence.
Comment repérer un bon ou un mauvais hypnotiseur ?
En se renseignant sur ses qualifications, son parcours, ses diplômes. Certaines écoles de formation à l'hypnose agréées tiennent des annuaires des professionnels diplômés.
Faut-il un don pour devenir hypnotiseur ?
Absolument pas. Il existe une technique hypnotique qui s'apprend dans les écoles de formation.
Avez-vous des conseils pour qu'une séance d’hypnose soit plus efficace ?
Pour bénéficier au mieux de la séance d'hypnose, il faut vouloir faire l'expérience sans a priori. Les personnes qui ont du mal à lâcher prise auront certainement quelques difficultés à faire l'expérience de l'hypnose qui consiste précisément à mettre de côté la volonté, le contrôle et la maitrise pour donner l'avantage à l'imaginaire et à ses perceptions.
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
Le thérapeute propose au patient de focaliser son attention sur un élément. A force d'absorption, le patient fait l'expérience d'une modification dans ses perceptions. Cet état rend disponible pour réorganiser ses représentations et laisser venir quelque chose de nouveau. L'expérience de l'hypnose n'est pas très éloignée de l'expérience de création de l'artiste qui s'absorbe, met de côté l'esprit rationnel, et laisse venir l'inspiration pour créer quelque chose de nouveau. Dans l'hypnose, le patient invente une nouvelle façon de percevoir, de se positionner vis à vis de tel ou tel problème. Mais pour pouvoir créer, il faut d'abord passer par le vide de la transe.
Si ça n’a pas marché une fois, est-ce que cela peut fonctionner par la suite et inversement ?
Absolument. L'hypnose est un processus naturel qui peut nécessiter un certain entraînement. Inversement, certains patients au cours de la première séance peuvent être surpris par le lâcher-prise que l'expérience implique et pourraient rester sur leur garde les séances suivantes. Il suffit alors au patient d'avancer à son propre rythme jusqu'à ce qu'il réalise le bénéfice de cette expérience.
* Merci au Dr Grégory TOSTI, médecin, Praticien attaché des Hôpitaux de Paris, formé à l’hypnose médicale à Ambroise Paré, et spécialisé dans le traitement de la douleur.
Auteur de « Le Grand livre de l’hypnose » aux Editions Eyrolles
Dans quels cas pouvons-nous utiliser l’hypnose ?
L'hypnose médicale est une expérience de modification perceptive à visée thérapeutique. L'hypnose permet de modifier la perception ou la représentation d'un élément du champ perceptif. Cet élément peut être une douleur, un objet d'addiction, un traitement difficile, mais aussi une pensée, un événement pénible... Les indications sont très larges, et elles couvrent classiquement tous les champs de la médecine, c'est à dire toutes les spécialités médicales. On peut donc faire appel à l'hypnose médicale dans le domaine de la médecine interne, de la rhumatologie, de la psychiatrie, de l'addictologie, de la dermatologie...
Quelles sont les utilisations les plus insolites ?
Il n'existe pas à proprement parler d'utilisation "insolite" de l'hypnose, même si certaines demandes peuvent surprendre. Un point très important à savoir est que l'hypnose ne permet en aucun cas de "retrouver des souvenirs enfouis". C'est une idée courante pourtant très répandue. En réalité, les souvenirs qui peuvent émerger au cours d'une expérience hypnotique peuvent être en totalité ou en partie construits. En ce sens, les demandes pour "retrouver un souvenir enfoui" ou les demandes pour "révéler ce qui s'est passé" doivent faire l'objet d'un éclaircissement de la part des thérapeutes : l'hypnose n'est pas un révélateur du passé fiable.
Cette précaution étant prise, il est en revanche possible de travailler en hypnose sur la représentation d'un souvenir. En traitant la perception subjective d'un évènement, on peut par exemple en retirer la charge émotionnelle et traiter ainsi un trauma. Dans quel cas est-elle le plus efficace ? L'hypnose donne de très bons résultats dans de nombreux domaines, tels que le traitement des troubles psychosomatiques, le traitement d'une phobie, le traitement des troubles obsessionnels compulsifs, le sevrage tabagique ...
Tout le monde peut-il tenter l’expérience ou y a t-il des contre indications ?
Classiquement, on évitera de proposer l'hypnose aux patients souffrant de pathologies psychiatriques dissociatives. En pratique, il est tout à fait possible de travailler en hypnose avec des patients psychotiques, mais c'est une hypnose adaptée, spécifique et qui ne doit être pratiquée que par un psychiatre dans un contexte spécialisé. En dehors de ces situations particulières, chacun peut tenter l'expérience de l'hypnose.
Vers qui se tourner quand on souhaite essayer ?
Il est fortement recommandé de se tourner vers des spécialistes du soin, c'est à dire des médecins, des psychiatres, des chirurgiens dentistes, des sages femmes ou des psychologues cliniciens qui ont été formés à cette pratique par un organisme agréé. L'hypnose rajoute une compétence à un savoir faire initial qui est celui du professionnel de la santé. Elle ne remplace pas sa formation initiale. Il ne viendrait pas à l'esprit de faire appel à un psychiatre pour réaliser une hypno analgésie au bloc opératoire, comme il ne viendrait pas à l'esprit de demander au dentiste de traiter un patient schizophrène par l'hypnose. C'est une question de bon sens. Chacun doit rester dans son domaine de compétence.
Comment repérer un bon ou un mauvais hypnotiseur ?
En se renseignant sur ses qualifications, son parcours, ses diplômes. Certaines écoles de formation à l'hypnose agréées tiennent des annuaires des professionnels diplômés.
Faut-il un don pour devenir hypnotiseur ?
Absolument pas. Il existe une technique hypnotique qui s'apprend dans les écoles de formation.
Avez-vous des conseils pour qu'une séance d’hypnose soit plus efficace ?
Pour bénéficier au mieux de la séance d'hypnose, il faut vouloir faire l'expérience sans a priori. Les personnes qui ont du mal à lâcher prise auront certainement quelques difficultés à faire l'expérience de l'hypnose qui consiste précisément à mettre de côté la volonté, le contrôle et la maitrise pour donner l'avantage à l'imaginaire et à ses perceptions.
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
Le thérapeute propose au patient de focaliser son attention sur un élément. A force d'absorption, le patient fait l'expérience d'une modification dans ses perceptions. Cet état rend disponible pour réorganiser ses représentations et laisser venir quelque chose de nouveau. L'expérience de l'hypnose n'est pas très éloignée de l'expérience de création de l'artiste qui s'absorbe, met de côté l'esprit rationnel, et laisse venir l'inspiration pour créer quelque chose de nouveau. Dans l'hypnose, le patient invente une nouvelle façon de percevoir, de se positionner vis à vis de tel ou tel problème. Mais pour pouvoir créer, il faut d'abord passer par le vide de la transe.
Si ça n’a pas marché une fois, est-ce que cela peut fonctionner par la suite et inversement ?
Absolument. L'hypnose est un processus naturel qui peut nécessiter un certain entraînement. Inversement, certains patients au cours de la première séance peuvent être surpris par le lâcher-prise que l'expérience implique et pourraient rester sur leur garde les séances suivantes. Il suffit alors au patient d'avancer à son propre rythme jusqu'à ce qu'il réalise le bénéfice de cette expérience.
* Merci au Dr Grégory TOSTI, médecin, Praticien attaché des Hôpitaux de Paris, formé à l’hypnose médicale à Ambroise Paré, et spécialisé dans le traitement de la douleur.
Auteur de « Le Grand livre de l’hypnose » aux Editions Eyrolles
Hypnose médicale, la parenthèse anti-douleur. Ariane Puccini pour ActuSoins
Brigitte Auguié tenant une valve respiratoire en forme d'avion à hélice qui lui a déjà permis d'hypnotiser ses jeunes patients.
De plus en plus de soignants se forment à cette nouvelle prise en charge de la douleur et du stress. Rencontre avec des soignantes du CHU de Bordeaux où l’hypnose médicale fait l’objet d’une formation.
Valentine, 70 ans, a fait une « belle promenade ».
Clouée au lit depuis plusieurs mois à cause d’une prothèse de la hanche inopérable, elle a pourtant pu marcher sur une plage basque, sentir la chaleur des rayons de soleil sur sa peau et la fraîcheur des vagues sur ses pieds, et le tout sans sortir de sa chambre de l’hôpital Xavier Arnozan, à Pessac, près de Bordeaux.
En réalité, cette excursion n’était que mentale. Elle a été possible grâce à Myriam Prigent, infirmière dans ce service de gérontologie, formée à l’hypnose médicale.
Pendant quarante minutes, alors que la chambre de Valentine était plongée dans le silence et une semi-obscurité, le lit abaissé à la hauteur de la chaise où était assise Myriam Prigent, celle-ci a guidé d’une voix grave la patiente sur les plages de Saint-Jean de Luz.
« La séance commence par des exercices de respiration, puis je lui fais ressentir toutes les parties du corps en contact avec le matelas. Ensuite nous partons vers une destination choisie par Valentine, où elle se sent bien», décrit l’infirmière.
« C’est un moment de complicité entre Myriam et moi, une complicité plus que verbale car nous avons partagé un moment de bien être toutes les deux », commente Valentine. Pas de pendule, ni d’injonction du type « au bout de trois, vous dormirez ! ». Et pourtant, il s’agissait bien d’une séance d’hypnose, pratiquée de plus en plus en milieu hospitalier.
A Bordeaux "une centaine de personnel formé sur tout le CHU, chaque année vingt soignants reçoivent une formation en hypnose."
Depuis que les effets de l’hypnose sur les malades ont été mis en évidence par imagerie, de nombreux professionnels de santé se forment à cette pratique de prise en charge du stress et de la douleur du patient.
Au CHU de Bordeaux, elle fait depuis 2011 l’objet d’un diplôme d’université qui accueille chaque année une quarantaine de professionnels de santé : médecins, sages-femmes ou infirmières anesthésistes.
Le personnel paramédical, dont les infirmières, est également formé, en cinq à huit jours répartis sur plusieurs mois. Aujourd’hui, il y aurait une centaine de personnel formé sur tout le CHU, chaque année vingt soignants reçoivent une formation en hypnose.
Un lien de confiance
La méthode retenue dans le Centre Universitaire est l’hypnose ericksonienne, mise au point par le psychiatre américain, Milton H. Erickson au milieu du XXème siècle. Ce type d’hypnose doit aider le patient à accéder à ses propres ressources pour vaincre lui-même la douleur ou son stress, d’où l’absence d’ordres donnés au patient lors des séances.
« Nous sommes dans la communication, explique le Pr François Sztark, président du Comité de Lutte contre la douleur au CHU de Bordeaux, et chef de pôle anesthésie-réanimation. C’est une hypnose très douce, qui établit une relation particulière entre le patient et le soignant. On crée un lien de confiance. »
« Aider le patient à accéder à ses propres ressources pour vaincre lui-même la douleur ou son stress. »
Pour le Pr Antoine Bioy, Docteur en psychologie clinique, expert scientifique pour l’Institut français de l’hypnose, où ont été formés une partie du personnel soignant du CHU, le patient a un rôle à jouer dans cette hypnose.
« La douleur est une des 400 000 informations que reçoit le cerveau chaque seconde. On accorde beaucoup d’importance à la douleur car il y a une notion de pénibilité et de souffrance qui est subjective. L’hypnose permet de gagner en souplesse pour diminuer l’état de souffrance », explique-t-il.
Cependant, « on ne fait pas tout avec l’hypnose, ce n’est qu’un outil supplémentaire pour prendre en charge la douleur du patient », tient à préciser le Pr François Sztark.
La distraction, première arme
La première arme des soignants qui ont recours à l’hypnose est la distraction. Ainsi, « les enfants se prêtent bien à l’hypnose », ajoute François Sztark.
Vérification au service de radiologie de l’hôpital des enfants du CHU. Nathalie Le Clerc, manipulatrice en électroradiologie, se souvient d’un enfant de trois ans tombé d’un tabouret, recroquevillé en position fœtale dans les bras de sa mère. Apeuré et souffrant, il hurle et refuse de déplier la jambe sur laquelle il est tombé.
Nathalie Le Clerc doit donc faire diversion et entame avec lui une discussion sur la grande passion du petit patient, les petites voitures. Les tailles et couleurs des automobiles de l’enfant sont passées en revue tandis que la manipulatrice parvient à mettre en position la jambe sur la table de radio et découvre une « grosse fracture ».
Grâce à cette séance d’hypnose dite distractive, l’enfant a cessé de se focaliser sur sa douleur et sa peur.
« Avec les enfants, l’hypnose est facile car ils partent rapidement dans l’imaginaire », analyse Nathalie Le Clerc. Princesses, jouets préférés, animaux fétiches sont ses soutiens dans les moments délicats.
« Pour les plus grands, dès cinq ou six ans, je peux réaliser une séance complète, où l’enfant commence à se concentrer sur sa respiration, oubliant les bruits alentours, avant de partir dans l’univers qu’il a choisi. A la fin, nous revenons très tranquillement à la réalité. »
Nathalie Le Clerc dispose également d’une arme infaillible : une caisse de jouets contenant des objets clignotants, aux couleurs chatoyantes, des caléidoscopes, des bâtons de pluie, des balles en plastique souple. La fascination des enfants est garantie.
Des mots interdits
Mais avant ces accessoires, l’hypnose repose sur une attitude à adopter. Les mots employés sont importants. « J’ai réappris à leur parler », raconte Nathalie Le Clerc.
Des mots sont désormais bannis dans le service : plus de « ne t’inquiète pas » ou de « n’aie pas peur » car le patient n’en retiendra que l’inquiétude et la peur.
L’implication des collègues est donc importante, pour ne pas rompre le charme pendant les séances d’hypnose. Brigitte Auguié, IADE au service de chirurgie ambulatoire du CHU, est la seule à être formée à l’hypnose dans son service et doit donc compter sur la complicité des autres professionnels.
Ainsi, tous sont priés de ne jamais prononcer le fameux « attention, je vais vous piquer » qui crispe immédiatement le malade.
Souvent, elle improvise comme avec cette patiente avec qui elle est partie à Venise depuis le bloc. Une chose est sûre, il faut être bavard, inventif et surtout ne pas perdre le fil. Brigitte Auguié a ainsi passé toute une intervention à chanter pour maintenir un enfant en état hypnotique.
Pour l’heure, l’infirmière anesthésiste ne pratique pas l’hypnosédation, l’anesthésie générale sous hypnose avec peu de sédatifs. « Il faudrait pouvoir rencontrer le patient avant l’intervention pour se préparer », regrette l’infirmière. Pas possible, pas assez de temps.
Et pourtant, le temps et la disponibilité sont des ingrédients importants de l’hypnose. Il est en effet compliqué de réaliser certains gestes, notamment ceux qui nécessitent de s’éloigner du patient.
L’hypnose nécessite une présence continue du soignant. Elle favorise par ailleurs une relation particulière entre le patient et le soignant.
« Une relation d’égal à égal et de confiance », décrit Brigitte Auguié. Pour Myriam Prigent, c’est une parenthèse dans la routine du quotidien : « Lors des séances avec Valentine, je pars aussi, et ça me redonne de l’énergie ». La prochaine excursion mentale est déjà programmée. Valentine et Myriam sortiront ensemble au théâtre.
Valentine, 70 ans, a fait une « belle promenade ».
Clouée au lit depuis plusieurs mois à cause d’une prothèse de la hanche inopérable, elle a pourtant pu marcher sur une plage basque, sentir la chaleur des rayons de soleil sur sa peau et la fraîcheur des vagues sur ses pieds, et le tout sans sortir de sa chambre de l’hôpital Xavier Arnozan, à Pessac, près de Bordeaux.
En réalité, cette excursion n’était que mentale. Elle a été possible grâce à Myriam Prigent, infirmière dans ce service de gérontologie, formée à l’hypnose médicale.
Pendant quarante minutes, alors que la chambre de Valentine était plongée dans le silence et une semi-obscurité, le lit abaissé à la hauteur de la chaise où était assise Myriam Prigent, celle-ci a guidé d’une voix grave la patiente sur les plages de Saint-Jean de Luz.
« La séance commence par des exercices de respiration, puis je lui fais ressentir toutes les parties du corps en contact avec le matelas. Ensuite nous partons vers une destination choisie par Valentine, où elle se sent bien», décrit l’infirmière.
« C’est un moment de complicité entre Myriam et moi, une complicité plus que verbale car nous avons partagé un moment de bien être toutes les deux », commente Valentine. Pas de pendule, ni d’injonction du type « au bout de trois, vous dormirez ! ». Et pourtant, il s’agissait bien d’une séance d’hypnose, pratiquée de plus en plus en milieu hospitalier.
A Bordeaux "une centaine de personnel formé sur tout le CHU, chaque année vingt soignants reçoivent une formation en hypnose."
Depuis que les effets de l’hypnose sur les malades ont été mis en évidence par imagerie, de nombreux professionnels de santé se forment à cette pratique de prise en charge du stress et de la douleur du patient.
Au CHU de Bordeaux, elle fait depuis 2011 l’objet d’un diplôme d’université qui accueille chaque année une quarantaine de professionnels de santé : médecins, sages-femmes ou infirmières anesthésistes.
Le personnel paramédical, dont les infirmières, est également formé, en cinq à huit jours répartis sur plusieurs mois. Aujourd’hui, il y aurait une centaine de personnel formé sur tout le CHU, chaque année vingt soignants reçoivent une formation en hypnose.
Un lien de confiance
La méthode retenue dans le Centre Universitaire est l’hypnose ericksonienne, mise au point par le psychiatre américain, Milton H. Erickson au milieu du XXème siècle. Ce type d’hypnose doit aider le patient à accéder à ses propres ressources pour vaincre lui-même la douleur ou son stress, d’où l’absence d’ordres donnés au patient lors des séances.
« Nous sommes dans la communication, explique le Pr François Sztark, président du Comité de Lutte contre la douleur au CHU de Bordeaux, et chef de pôle anesthésie-réanimation. C’est une hypnose très douce, qui établit une relation particulière entre le patient et le soignant. On crée un lien de confiance. »
« Aider le patient à accéder à ses propres ressources pour vaincre lui-même la douleur ou son stress. »
Pour le Pr Antoine Bioy, Docteur en psychologie clinique, expert scientifique pour l’Institut français de l’hypnose, où ont été formés une partie du personnel soignant du CHU, le patient a un rôle à jouer dans cette hypnose.
« La douleur est une des 400 000 informations que reçoit le cerveau chaque seconde. On accorde beaucoup d’importance à la douleur car il y a une notion de pénibilité et de souffrance qui est subjective. L’hypnose permet de gagner en souplesse pour diminuer l’état de souffrance », explique-t-il.
Cependant, « on ne fait pas tout avec l’hypnose, ce n’est qu’un outil supplémentaire pour prendre en charge la douleur du patient », tient à préciser le Pr François Sztark.
La distraction, première arme
La première arme des soignants qui ont recours à l’hypnose est la distraction. Ainsi, « les enfants se prêtent bien à l’hypnose », ajoute François Sztark.
Vérification au service de radiologie de l’hôpital des enfants du CHU. Nathalie Le Clerc, manipulatrice en électroradiologie, se souvient d’un enfant de trois ans tombé d’un tabouret, recroquevillé en position fœtale dans les bras de sa mère. Apeuré et souffrant, il hurle et refuse de déplier la jambe sur laquelle il est tombé.
Nathalie Le Clerc doit donc faire diversion et entame avec lui une discussion sur la grande passion du petit patient, les petites voitures. Les tailles et couleurs des automobiles de l’enfant sont passées en revue tandis que la manipulatrice parvient à mettre en position la jambe sur la table de radio et découvre une « grosse fracture ».
Grâce à cette séance d’hypnose dite distractive, l’enfant a cessé de se focaliser sur sa douleur et sa peur.
« Avec les enfants, l’hypnose est facile car ils partent rapidement dans l’imaginaire », analyse Nathalie Le Clerc. Princesses, jouets préférés, animaux fétiches sont ses soutiens dans les moments délicats.
« Pour les plus grands, dès cinq ou six ans, je peux réaliser une séance complète, où l’enfant commence à se concentrer sur sa respiration, oubliant les bruits alentours, avant de partir dans l’univers qu’il a choisi. A la fin, nous revenons très tranquillement à la réalité. »
Nathalie Le Clerc dispose également d’une arme infaillible : une caisse de jouets contenant des objets clignotants, aux couleurs chatoyantes, des caléidoscopes, des bâtons de pluie, des balles en plastique souple. La fascination des enfants est garantie.
Des mots interdits
Mais avant ces accessoires, l’hypnose repose sur une attitude à adopter. Les mots employés sont importants. « J’ai réappris à leur parler », raconte Nathalie Le Clerc.
Des mots sont désormais bannis dans le service : plus de « ne t’inquiète pas » ou de « n’aie pas peur » car le patient n’en retiendra que l’inquiétude et la peur.
L’implication des collègues est donc importante, pour ne pas rompre le charme pendant les séances d’hypnose. Brigitte Auguié, IADE au service de chirurgie ambulatoire du CHU, est la seule à être formée à l’hypnose dans son service et doit donc compter sur la complicité des autres professionnels.
Ainsi, tous sont priés de ne jamais prononcer le fameux « attention, je vais vous piquer » qui crispe immédiatement le malade.
Souvent, elle improvise comme avec cette patiente avec qui elle est partie à Venise depuis le bloc. Une chose est sûre, il faut être bavard, inventif et surtout ne pas perdre le fil. Brigitte Auguié a ainsi passé toute une intervention à chanter pour maintenir un enfant en état hypnotique.
Pour l’heure, l’infirmière anesthésiste ne pratique pas l’hypnosédation, l’anesthésie générale sous hypnose avec peu de sédatifs. « Il faudrait pouvoir rencontrer le patient avant l’intervention pour se préparer », regrette l’infirmière. Pas possible, pas assez de temps.
Et pourtant, le temps et la disponibilité sont des ingrédients importants de l’hypnose. Il est en effet compliqué de réaliser certains gestes, notamment ceux qui nécessitent de s’éloigner du patient.
L’hypnose nécessite une présence continue du soignant. Elle favorise par ailleurs une relation particulière entre le patient et le soignant.
« Une relation d’égal à égal et de confiance », décrit Brigitte Auguié. Pour Myriam Prigent, c’est une parenthèse dans la routine du quotidien : « Lors des séances avec Valentine, je pars aussi, et ça me redonne de l’énergie ». La prochaine excursion mentale est déjà programmée. Valentine et Myriam sortiront ensemble au théâtre.
Autour de l’hypnose, le débat se poursuit
Après la parution d'un sujet sur l’hypnose dans une édition du 20 novembre dans le journal Bien Public (Dijon), le docteur Jean-Louis Roy a apporté, par mail, les compléments suivants : « L’hypnose a commencé à Dijon avec Thierry Sage, dermatologue toujours en activité à Dijon, moi-même dès 1989, gastroentérologue libéral (attaché au CHU) à Dijon, retraité fin 1994 et auteur d’un livre Hypnothérapie digestive en 2000, puis le Dr Christian Géhin, à Is-sur-Tille en soins palliatifs.
D’autres médecins sont venus depuis, Dr Jacques Alexandre, anesthésiste à Semur-en-Auxois, Dr Claudine Gagneret-Chagué, en ville et au Centre anti-douleur, et surtout, en exercice libéral exclusif, le Dr Bertrand Fayard, au Point-Médical » […] « La thérapie par hypnose fait partie de la psychothérapie et n’est avérée utile que dans les troubles fonctionnels », poursuit le docteur Jean-Louis Roy. « Elle a été reconnue comme seule thérapie alternative autorisée dans les troubles fonctionnels digestifs aux USA par l’Association des médecins américains (AMA). Il vaut mieux posséder une formation médicale et psychologique pour départager le fonctionnel de l’organique et dépister sous les plaintes une affection qui nécessiterait d’autres soins que la psychothérapie. »
D’autres médecins sont venus depuis, Dr Jacques Alexandre, anesthésiste à Semur-en-Auxois, Dr Claudine Gagneret-Chagué, en ville et au Centre anti-douleur, et surtout, en exercice libéral exclusif, le Dr Bertrand Fayard, au Point-Médical » […] « La thérapie par hypnose fait partie de la psychothérapie et n’est avérée utile que dans les troubles fonctionnels », poursuit le docteur Jean-Louis Roy. « Elle a été reconnue comme seule thérapie alternative autorisée dans les troubles fonctionnels digestifs aux USA par l’Association des médecins américains (AMA). Il vaut mieux posséder une formation médicale et psychologique pour départager le fonctionnel de l’organique et dépister sous les plaintes une affection qui nécessiterait d’autres soins que la psychothérapie. »
Hôpital: des patients opérés sous hypnose - Le Télégramme
Depuis un an, une centaine de patients de l'hôpital de Quimper ont échappé à l'anesthésie générale en optant pour une autre alternative : l'hypnose en complément d'une anesthésie locale.
Au centre hospitalier intercommunal de Cornouaille, un médecin et sept infirmiers anesthésistes sont déjà formés à la technique de l'hypnose. Trois autres médecins ont débuté la formation dispensée à l'institut Émergences de Rennes. Durant la Semaine de la sécurité des patients, le Chic informe le public sur cette nouvelle technique thérapeutique. À l'origine de ce projet, Nathalie Le Gall, une infirmière anesthésiste soucieuse d'améliorer la prise en charge des patients. Au début, son intérêt pour l'hypnose a bien suscité quelques sourires polis. Vite effacés au vu des premiers résultats obtenus en salle d'opération.
Une technique naturelle
Nathalie Le Gall a suivi sa formation en 2013 auprès du Dr Claude Virot qui « fait office de précurseur » en hypnose à visée thérapeutique. « La formation dispensée par Émergences est reconnue sur le plan international. C'est une référence en Europe. La formation, de douze jours, est étalée sur une année ». Mais « ça n'a rien à voir avec l'hypnose pratiquée dans les cabarets », prévient Arnaud Kergroach, infirmier anesthésiste récemment converti. « Ce n'est pas une croyance, ce n'est pas un don. C'est un phénomène naturel. L'hypnose, c'est la capacité d'être absorbé par une pensée et tout le monde l'a. Ça marche très bien avec les enfants car ils sont très réceptifs. Avoir un esprit cartésien n'est pas un obstacle. On va alors travailler sur la résistance ». Loin des clichés du music-hall où une salle entière peut se retrouver plongée dans le sommeil, l'hypnose pratiquée dans les salles d'opération est un état d'éveil. Mais ce n'est pas un état de relaxation. Le patient est conscient et entend tout ce qui se passe autour de lui. L'hypnose agit sur l'inconscient. En détournant l'attention du malade sur une pensée positive, il en vient à oublier la douleur ou son appréhension pour subir un examen comme l'IRM.
En substitution de l'anesthésie générale
L'hypnose peut être proposée en substitution de l'anesthésie générale sur certaines interventions : thyroïdectomie, vasectomie, pose de stérilet... Le patient est toujours vu avant l'intervention. « On lui explique ce qu'est l'hypnose et ce que ce n'est pas, et comment cela va se dérouler. Si la personne accepte, on va travailler sur ses souvenirs et sa perception du bien-être, relate Arnaud Kergroach. Lors de l'opération qui se déroule sous anesthésie locale, on va utiliser un langage très positif et rassurant, des mots qui vont apaiser. On induit la transe hypnotique dans le silence. Il faut une dizaine de minutes pour mettre en condition. On fait un signe au chirurgien quand le patient est prêt. Durant toute la durée de l'opération, je lui tiens la main. On a convenu d'un signe si jamais il ressent une douleur et souhaite arrêter. Le plus difficile c'est d'entretenir cet état sous hypnose. On observe très attentivement le patient et on surveille ses réactions. On est obligé de le ramener en sécurité car le patient peut être un peu perdu. On l'accompagne en salle de réveil ». Parfois l'opération peut être longue et demander beaucoup d'énergie à l'hypnologue. L'intervention sous hypnose se déroule dans le plus grand calme et dans une ambiance plus feutrée. Il faut compter près d'une heure d'attention de tous les instants pour une thyroïdectomie.
Moins d'effets secondaires
Le recours à l'hypnose offre bien des avantages. Les patients sont plus calmes, la tension plus basse et le rythme cardiaque est moins élevé. Il y a moins d'effets secondaires liés aux produits anesthésiants. La cicatrisation est plus rapide et la durée du séjour est moins longue. La prise d'antalgiques est aussi moins importante, ont pu remarquer les praticiens. « L'hypnose, complète Arnaud Kergroach, apporte le même niveau de sécurité que l'anesthésie générale. On assure la même surveillance sur le patient et sur les scopes et les intraveineuses. Si ça ne se passe pas bien, on passe à l'anesthésie générale. Mais cela ne s'est jamais produit avec nos patients sous hypnose ». Au service des urgences du Chic, un médecin, le Dr Virginie Pacalin, pratique aussi l'hypnose pour la prise en charge de douleurs très aiguës. La mise en place d'une consultation hypnose hebdomadaire est en projet.
Cathy Tymen
Au centre hospitalier intercommunal de Cornouaille, un médecin et sept infirmiers anesthésistes sont déjà formés à la technique de l'hypnose. Trois autres médecins ont débuté la formation dispensée à l'institut Émergences de Rennes. Durant la Semaine de la sécurité des patients, le Chic informe le public sur cette nouvelle technique thérapeutique. À l'origine de ce projet, Nathalie Le Gall, une infirmière anesthésiste soucieuse d'améliorer la prise en charge des patients. Au début, son intérêt pour l'hypnose a bien suscité quelques sourires polis. Vite effacés au vu des premiers résultats obtenus en salle d'opération.
Une technique naturelle
Nathalie Le Gall a suivi sa formation en 2013 auprès du Dr Claude Virot qui « fait office de précurseur » en hypnose à visée thérapeutique. « La formation dispensée par Émergences est reconnue sur le plan international. C'est une référence en Europe. La formation, de douze jours, est étalée sur une année ». Mais « ça n'a rien à voir avec l'hypnose pratiquée dans les cabarets », prévient Arnaud Kergroach, infirmier anesthésiste récemment converti. « Ce n'est pas une croyance, ce n'est pas un don. C'est un phénomène naturel. L'hypnose, c'est la capacité d'être absorbé par une pensée et tout le monde l'a. Ça marche très bien avec les enfants car ils sont très réceptifs. Avoir un esprit cartésien n'est pas un obstacle. On va alors travailler sur la résistance ». Loin des clichés du music-hall où une salle entière peut se retrouver plongée dans le sommeil, l'hypnose pratiquée dans les salles d'opération est un état d'éveil. Mais ce n'est pas un état de relaxation. Le patient est conscient et entend tout ce qui se passe autour de lui. L'hypnose agit sur l'inconscient. En détournant l'attention du malade sur une pensée positive, il en vient à oublier la douleur ou son appréhension pour subir un examen comme l'IRM.
En substitution de l'anesthésie générale
L'hypnose peut être proposée en substitution de l'anesthésie générale sur certaines interventions : thyroïdectomie, vasectomie, pose de stérilet... Le patient est toujours vu avant l'intervention. « On lui explique ce qu'est l'hypnose et ce que ce n'est pas, et comment cela va se dérouler. Si la personne accepte, on va travailler sur ses souvenirs et sa perception du bien-être, relate Arnaud Kergroach. Lors de l'opération qui se déroule sous anesthésie locale, on va utiliser un langage très positif et rassurant, des mots qui vont apaiser. On induit la transe hypnotique dans le silence. Il faut une dizaine de minutes pour mettre en condition. On fait un signe au chirurgien quand le patient est prêt. Durant toute la durée de l'opération, je lui tiens la main. On a convenu d'un signe si jamais il ressent une douleur et souhaite arrêter. Le plus difficile c'est d'entretenir cet état sous hypnose. On observe très attentivement le patient et on surveille ses réactions. On est obligé de le ramener en sécurité car le patient peut être un peu perdu. On l'accompagne en salle de réveil ». Parfois l'opération peut être longue et demander beaucoup d'énergie à l'hypnologue. L'intervention sous hypnose se déroule dans le plus grand calme et dans une ambiance plus feutrée. Il faut compter près d'une heure d'attention de tous les instants pour une thyroïdectomie.
Moins d'effets secondaires
Le recours à l'hypnose offre bien des avantages. Les patients sont plus calmes, la tension plus basse et le rythme cardiaque est moins élevé. Il y a moins d'effets secondaires liés aux produits anesthésiants. La cicatrisation est plus rapide et la durée du séjour est moins longue. La prise d'antalgiques est aussi moins importante, ont pu remarquer les praticiens. « L'hypnose, complète Arnaud Kergroach, apporte le même niveau de sécurité que l'anesthésie générale. On assure la même surveillance sur le patient et sur les scopes et les intraveineuses. Si ça ne se passe pas bien, on passe à l'anesthésie générale. Mais cela ne s'est jamais produit avec nos patients sous hypnose ». Au service des urgences du Chic, un médecin, le Dr Virginie Pacalin, pratique aussi l'hypnose pour la prise en charge de douleurs très aiguës. La mise en place d'une consultation hypnose hebdomadaire est en projet.
Cathy Tymen
L'Hypnose en dentisterie
Télématin propose une vidéo sur l’utilisation de l’hypnose au cabinet dentaire. Ce reportage présente le travail du Dr Myriam Bloch, chirurgien-dentiste. L’hypnose facilite la prise en charge des patients souffrant d’une phobie des soins dentaire. Elle favorise également une meilleure gestion de la douleur et permet ainsi de diminuer les anesthésiques.
Addictions, douleurs : l'autohypnose est une technique en vogue - RTBF.be
L'hypnose est un état de conscience particulier qui n'est ni le rêve, ni le sommeil. On connaît bien, aujourd'hui, l'utilisation de cette technique en chirurgie comme alternative à l'anesthésie. Mais depuis quelques temps, les spécialistes développent des ateliers d'autohypnose pour permettre à leurs patients de se prendre en charge, de se débarrasser d'une addiction, d'une compulsion; de gérer aussi des douleurs chroniques.
A travers quelques portraits, nous découvrons les bienfaits de cet outil qui aide à guérir.
Nadine est potomane depuis 20 ans, ce qui veut dire qu'elle buvait jusqu'il y a peu entre huit et dix litres d'eau par jour plus des sodas: "En fait, je bois toute la journée. C'est du non-stop, je n'arrête pas... quand je suis en manque, je suis angoissée, j'ai peur, je panique...". A cette souffrance s'ajoutent des problèmes aux reins. Nadine décide donc de suivre des ateliers pour apprendre l'autohypnose.
Après sa première séance et en pratiquant tous les jours, sa consommation s'est réduite à trois litres. Au vu de ces résultats, Nadine continue les séances de groupe. Lors de la dernière, le Dr Eric Mairlot a demandé à ses patients d'apporter un aliment obsessionnel. A partir de là, le thérapeute va s'appuyer sur les capacités autohypnotiques des participants: "En fait, on a des capacités autohypnotiques positives qui vont stopper les capacités autohypnotiques négatives. Pas exemple, la crise de boulimie, c'est typiquement une sorte d'état modifié de conscience, quand on est hypnotisé par la nourriture et qu'on fonce dessus, qu'on n'arrive plus à s'arrêter, qu'on perd le contrôle, c'est de l'autohypnose négative. Et le moyen de sortir de ces états hypnotiques négatifs, c'est d'avoir à sa disposition une autohypnose positive; donc, on va puiser en nous des capacités de nous sentir bien tout simplement sans avoir à bouffer, boire ou fumer."
Sortir de sa boulimie
Barbara a suivi aussi les ateliers d'autohypnose du Dr Mairlot. Elle était boulimique et souffrait d'achats compulsifs. D'une part, elle trouvait qu'elle avait d'énormes genoux et n'osait pas porter de robe et d'autre part, ses achats répétitifs avaient vidé son portefeuille. Elle avait déjà essayé d'autres types de thérapie mais n'étant pas très volontaire; elle s'arrêtait pendant quelques jours pour retomber de plus belle dans ses travers. Aujourd'hui, quand elle se retrouve face à une pulsion, elle se répète une petite phrase travaillée en l'autohypnose "ça va aller" qu'elle associe à un geste, elle se fait un petit bisou sur l'épaule; elle se calme, s'apaise et l'anxiété passe, la compulsion est évitée.
Autohypnose et cancer
Dans le service d'algologie du Professeur Faymonville au CHU de Liège, on organise des séances d'autohypnose pour les patients atteints de cancer du sein ou de la prostate. Les séances commencent toujours par une série de petits exercices, comme faire la liste de ses besoins : "qu'est-ce que j'ai besoin pour me sentir bien?" Puis s'ensuit la séance d'autohypnose proprement dite, le but étant de replonger le patient dans des expériences sensorielles positives. Le professeur nous explique qu'"en oncologie, très souvent on a l'impression de devoir subir ses traitements (chimiothérapie, radiothérapie...), de rester un peu passif et donc, donner un outil qui leur permet de mieux gérer les douleurs, d' apporter du confort, c'est intéressant car le patient devient acteur de son traitement".
Pour certaines personnes, apprendre à prendre soin de soi, cela n'est pas évident et c'est un peu l'histoire de Christiane. A la sortie de son traitement pour le cancer du sein, on lui a proposé d'apprendre l'autohypnose. Christiane a accueilli cette proposition avec enthousiasme: "Je voulais avancer, récupérer... je voulais reprendre mes activités dans la ferme, m'occuper de mes bêtes... Le traitement est très dur et donc le fait de pouvoir dire j'oublie tout, de pouvoir prendre conscience qu'il y a moyen de relativiser... c'était important".
Comme les deux autres témoins -Nadine et Barbara- Christiane fait ses exercices régulièrement et chez elle, l'autohypnose a changé sa vie: "Je pense que ça m'a vraiment apporté cette faculté de dire halte, je suis là, j'existe, je fais des choses pour moi, je pense à moi de temps en temps".
Dominique Burge
A travers quelques portraits, nous découvrons les bienfaits de cet outil qui aide à guérir.
Nadine est potomane depuis 20 ans, ce qui veut dire qu'elle buvait jusqu'il y a peu entre huit et dix litres d'eau par jour plus des sodas: "En fait, je bois toute la journée. C'est du non-stop, je n'arrête pas... quand je suis en manque, je suis angoissée, j'ai peur, je panique...". A cette souffrance s'ajoutent des problèmes aux reins. Nadine décide donc de suivre des ateliers pour apprendre l'autohypnose.
Après sa première séance et en pratiquant tous les jours, sa consommation s'est réduite à trois litres. Au vu de ces résultats, Nadine continue les séances de groupe. Lors de la dernière, le Dr Eric Mairlot a demandé à ses patients d'apporter un aliment obsessionnel. A partir de là, le thérapeute va s'appuyer sur les capacités autohypnotiques des participants: "En fait, on a des capacités autohypnotiques positives qui vont stopper les capacités autohypnotiques négatives. Pas exemple, la crise de boulimie, c'est typiquement une sorte d'état modifié de conscience, quand on est hypnotisé par la nourriture et qu'on fonce dessus, qu'on n'arrive plus à s'arrêter, qu'on perd le contrôle, c'est de l'autohypnose négative. Et le moyen de sortir de ces états hypnotiques négatifs, c'est d'avoir à sa disposition une autohypnose positive; donc, on va puiser en nous des capacités de nous sentir bien tout simplement sans avoir à bouffer, boire ou fumer."
Sortir de sa boulimie
Barbara a suivi aussi les ateliers d'autohypnose du Dr Mairlot. Elle était boulimique et souffrait d'achats compulsifs. D'une part, elle trouvait qu'elle avait d'énormes genoux et n'osait pas porter de robe et d'autre part, ses achats répétitifs avaient vidé son portefeuille. Elle avait déjà essayé d'autres types de thérapie mais n'étant pas très volontaire; elle s'arrêtait pendant quelques jours pour retomber de plus belle dans ses travers. Aujourd'hui, quand elle se retrouve face à une pulsion, elle se répète une petite phrase travaillée en l'autohypnose "ça va aller" qu'elle associe à un geste, elle se fait un petit bisou sur l'épaule; elle se calme, s'apaise et l'anxiété passe, la compulsion est évitée.
Autohypnose et cancer
Dans le service d'algologie du Professeur Faymonville au CHU de Liège, on organise des séances d'autohypnose pour les patients atteints de cancer du sein ou de la prostate. Les séances commencent toujours par une série de petits exercices, comme faire la liste de ses besoins : "qu'est-ce que j'ai besoin pour me sentir bien?" Puis s'ensuit la séance d'autohypnose proprement dite, le but étant de replonger le patient dans des expériences sensorielles positives. Le professeur nous explique qu'"en oncologie, très souvent on a l'impression de devoir subir ses traitements (chimiothérapie, radiothérapie...), de rester un peu passif et donc, donner un outil qui leur permet de mieux gérer les douleurs, d' apporter du confort, c'est intéressant car le patient devient acteur de son traitement".
Pour certaines personnes, apprendre à prendre soin de soi, cela n'est pas évident et c'est un peu l'histoire de Christiane. A la sortie de son traitement pour le cancer du sein, on lui a proposé d'apprendre l'autohypnose. Christiane a accueilli cette proposition avec enthousiasme: "Je voulais avancer, récupérer... je voulais reprendre mes activités dans la ferme, m'occuper de mes bêtes... Le traitement est très dur et donc le fait de pouvoir dire j'oublie tout, de pouvoir prendre conscience qu'il y a moyen de relativiser... c'était important".
Comme les deux autres témoins -Nadine et Barbara- Christiane fait ses exercices régulièrement et chez elle, l'autohypnose a changé sa vie: "Je pense que ça m'a vraiment apporté cette faculté de dire halte, je suis là, j'existe, je fais des choses pour moi, je pense à moi de temps en temps".
Dominique Burge