Hypnoscope Juin/Juillet 2017 - Actualités Thérapeutiques



«L’hypnose donne une place aux perceptions des patients» - Le Matin

Cet outil thérapeutique permet d'apaiser la douleur, de vaincre les phobies ou d’éviter une narcose. Le point avec un expert, le Pr Éric Bonvin.

Longtemps rejetée par la médecine faute d’avoir révélé les secrets de son action, l’hypnose est aujourd’hui utilisée partout, depuis les cabinets de psychothérapie jusqu’aux blocs opératoires en passant par les cabinets dentaires ou les services de pédiatrie pour apaiser douleurs, angoisses, phobies ou encore addictions. Décryptage avec l’un des plus grands experts de Suisse romande, le Pr Éric Bonvin, également psychiatre et directeur de l’Hôpital du Valais.

Après des décennies de marginalisation, l'hypnose est revenue par la grande porte dans le monde de la médecine. Pr. Éric Bonvin, comment expliquez-vous cette réhabilitation ?
Un heureux paradoxe se vit aujourd’hui: la médecine du XXIe siècle est plus technique et performante que jamais, mais cela exige d’elle de mieux prendre en compte la dimension humaine. On parle d’ailleurs de patient «partenaire». Cela signifie que l’on ne prend pas uniquement en compte l’organe malade, mais l’individu dans sa globalité, en intégrant son ressenti, qui peut tout autant le tétaniser et nuire à un traitement qu’être une force si l’on parvient à l’influencer dans le sens d’un soulagement. L’hypnose est à ce titre un magnifique prétexte pour donner cette place clé aux perceptions des patients.

Sauf que la médecine n'a pas toujours fait de l'hypnose son alliée...
C’est vrai. L’hypnose a été le précurseur de l’anesthésie et de la psychothérapie au XIXe siècle, mais les décennies qui ont suivi ont confronté les experts à l’impossibilité d’en comprendre le fonctionnement, quand bien même ses effets thérapeutiques n’ont cessé d’être démontrés. C’est finalement par peur de ce potentiel mal compris et à l’image de ce que firent les illustres psychiatres Carl Gustav Jung ou Sigmund Freud, que la médecine s’en est éloignée.

Nos techniques actuelles ont-elles pu éclaircir une partie du mystère ?
Oui. Les neurosciences ont permis d’observer que l’expérience hypnotique repose sur la dynamique naturelle de notre attention et de nos perceptions. Elle apparaît comme étant à l’état de veille ce que le sommeil paradoxal – le temps des rêves – est au sommeil. Autrement dit, une expérience de modification de nos perceptions dans laquelle l’imagination peut s’affranchir des limites de sens ou de logique imposées par la conscience. L’imagerie cérébrale a pu démontrer que l’expérience d’hypnose stimule et potentialise cette particularité de notre cerveau de s’activer de la même manière qu’une situation soit effective ou imaginée. En d’autres termes, notre cerveau ne ferait pas la différence entre le réel et l’imaginaire et l’hypnose n’est autre que l’art de l’hypnotisé de jouer de cette particularité à des fins de soulagement.

En tant qu'expert du domaine la part d'ombre restante vous dérange-t-elle ?
Pas du tout, car ce n’est pas cela qui est important. Notre culture tolère mal l’inexplicable, surtout dans le monde médical, mais je n’en suis pas moins fasciné par ce que j’observe chez des patients qui parviennent à transformer un vécu pénible en une expérience apaisée qui leur permet de «faire avec» et d’influencer la dynamique de soin. Les aptitudes humaines face à l’adversité sont fascinantes.

Pour quelles situations l'hypnose est-elle indiquée ?
Globalement, l’hypnose trouve son utilité lorsqu’une personne éprouve de la difficulté à composer avec un aspect de sa vie qu’elle supporte mal ou plus, cela peut être la maladie elle-même, un soin, une opération, une phobie. C’est ainsi que l’hypnose permet de remplacer certaines anesthésies générales par de simples sédations, de diminuer les prescriptions de médicaments antidouleur, de changer son rapport à une substance addictive pour s’en détacher ou de modifier ses perceptions empreintes de peur ou d’angoisse.

Le lâcher-prise nécessaire à l'expérience dissuade certains, qui évoquent l'inquiétude face à ce qu'ils vont peut-être faire ou dire sous hypnose. Cette crainte est-elle justifiée ?
En premier lieu, l’expérience hypnotique ne peut être obtenue sans le consentement de l’hypnotisé. Elle requiert ensuite des conditions incontournables: la bienveillance, la maîtrise et l’éthique du praticien d’une part, et l’entente du patient et du soignant sur l’objectif de la séance d’autre part. L’expérience n’appartient alors plus qu’au patient, qui n’a pas même besoin de parler ou de faire un retour sur ce qu’il a vécu mentalement. Son principal défi est de s’autoriser à se laisser aller. Le praticien est quant à lui garant du bon déroulement du processus.

Qu'est-ce qui vous a personnellement amené à l'hypnose ?
J’ai consacré ma thèse à la dimension relationnelle entre soignés et soignants dans le cadre des soins au centre des grands brûlés du Centre hospitalier universitaire vaudois. Je me suis rendu compte que les techniques classiques de relaxation étaient limitées pour apaiser la souffrance des grands brûlés. Je me suis formé à l’hypnose et les résultats que j’ai constatés m’ont convaincu. Au fil des années, j’ai pu voir ce que les patients pouvaient changer dans leur vie grâce à l’hypnose. Il y a quelque chose d’extrêmement puissant à pouvoir se laisser vivre l’instant présent tel qu’il est et à se plonger dans l’immédiateté de la vie.

UNE PRATIQUE RECONNUE
Reconnue par l’assurance maladie, l’hypnose n’est pas pour autant régie par un tarif spécifique.
En psychothérapie, elle s’intègre dans la catégorie des «thérapies brèves» (une à trois séances peuvent suffire) et dans les consultations médicales comme de la «psychologie de soutien» ou du «temps relationnel».
Quelques repères pour appréhender sainement une telle démarche? S’orienter vers un professionnel diplômé ou reconnu par l’établissement sanitaire dans lequel il exerce, prendre en compte la qualité de la relation et percevoir un apaisement dès les premières séances.


Au CHU de Rouen, rencontre avec un infirmier anesthésiste - Paris Normandie

Portrait. Infirmier anesthésiste, un métier fascinant mais peu connu. À l’occasion d’un colloque normand, rencontre avec un IA du CHU.

Au 7e étage du pavillon Dévé, à l’hôpital Charles-Nicolle, Philippe Pinon entre dans la grande salle de réveil. L’ambiance est calme et détendue. Plusieurs patients sédatés se réveillent doucement sous le regard attentif des infirmiers et médecins. Un enfant s’est recroquevillé en position fœtale sous un drap emmêlé. Philippe Pinon a des gestes assurés, note des mesures sur des tablettes fixées au lit des patients.
L’infirmier anesthésiste de 44 ans exerce depuis le début de sa carrière, en 1999, au CHU de Rouen. Il a suivi sa formation initiale à l’Institut de formation en soins infirmiers de Saint-Étienne-du-Rouvray, un peu par hasard. « Je ne savais pas quoi faire, un copain m’a dit qu’il passait le concours d’infirmier, j’ai suivi... »

« Un travail d’équipe »
Aujourd’hui, Philippe Pinon aime son métier. D’autant qu’il a su évoluer au fil de sa carrière. Entre 1999 et 2005, il a exercé en qualité d’infirmier diplômé d’État en réanimation chirurgicale. « Quand les patients étaient sédatés ou ventilés, je manipulais un tout petit peu, mais sous l’entière responsabilité du médecin anesthésiste réanimateur. » Puis l’infirmier a eu la chance de rencontrer un cadre qui lui a proposé de passer le concours d’infirmier anesthésiste (IADE). Après deux ans de formation à Rouen et à Caen, Philippe Pinon intègre les blocs opératoires. « C’est impressionnant les premières fois, mais on n’est pas lâché tout seul. Le plus impressionnant que j’aie vu était une opération de la tête, le chirurgien avait ouvert, puis enlevé la boîte crânienne », se souvient-il.

Avec ses nouvelles fonctions, l’infirmier anesthésiste est devenu le bras droit des médecins anesthésistes. « On compte un médecin anesthésiste pour deux ou trois salles d’opération, mais dans chacune, il y a un IADE. C’est lui qui contrôle toute la salle avant l’opération, avec une check-list, il gère le matériel avant l’arrivée du patient. C’est également lui qui pose des questions au patient, qui établit le contact et essaie de détendre le patient quand il est stressé. »

Le patient est endormi sous la responsabilité du médecin mais c’est l’infirmier anesthésiste qui reste auprès de lui pendant toute l’opération. « C’est un travail d’équipe et c’est aussi ce qui me plaît », confie Philippe Pinon. Après cinq années en bloc pédiatrie, Philippe Pinon a intégré le « secteur tête et cou » (neurochirurgie, ORL, ophtalmologie et ambulatoire). Il tient aussi des permanences de soins, la nuit et les week-ends, en pédiatrie. « J’adore ce métier, méconnu mais passionnant. C’est utile et j’ai l’impression d’apporter quelque chose au patient. »

Une journée, trois colloques
Vendredi 16 juin marquera la journée normande des professions de santé liées à la réanimation. Trois colloques seront, en effet, organisés parallèlement à la Faculté de médecine de Rouen, bâtiment Stewart.
Le premier concernera les paramédicaux en réanimation. Il y sera notamment question du sommeil en réanimation, du plan blanc Amavi du CHU de Rouen, de l’éducation thérapeutique en réanimation cardiaque ou encore de l’hypnose en réanimation.

Hypnose et plan blanc
Le deuxième sera réservé aux chirurgiens et médecins anesthésistes. Différentes conférences seront proposées sur des thèmes comme « la prise en charge anesthésique du brûlé en pédiatrie », le rôle de l’IADE lors du déclenchement du plan Amavi ou encore l’utilisation de l’hypnose en pédiatrie et chirurgie de l’adulte.
Enfin, le troisième colloque, organisé par le pôle réanimations anesthésie Samu du CHU de Rouen, aura pour thème « anesthésie réanimation et médecine d’urgence en situation d’exception ».
Des intervenants de plusieurs hôpitaux français sont attendus et il sera notamment question des attentats et de leur gestion en milieu hospitalier. Ces trois colloques simultanés sont réservés aux professionnels de santé.
Patricia Buffet, Stéphanie Peron


Santé : l’hypnose pour accompagner les patients atteints du cancer - Activradio

Maîtriser le stress et la souffrance psychologique des patients atteints de cancer est l’un des grands enjeux pour le corps médical. A Saint-Etienne, la Clinique Mutualiste a lancé en 2016 une étude sur l’impact de l’hypnose médicale chez les patientes souffrant d’un cancer du sein. Les résultats sont encourageants.

Une boite à outils pour gérer ses émotions
Une centaine de malades a donc bénéficié de séances avec le Dr Bruno Stimesse pendant lesquelles des méthodes leur étaient apprises : méditation, points d’acupuncture, stimuli des yeux… Des techniques utilisées notamment auprès des victimes d’attentat ou de choc psychologique. L’idée de cette « boite à outils » est d’accepter la situation mais surtout de mettre le patient dans les meilleures conditions avant une opération. Et c’est prouvé : la consommation d’antalgique post-opératoire diminue. Une deuxième étude, scientifique cette fois avec tirage au sort, vient de débuter avec 150 patientes. Résultat dans un an et demi.

Le témoignage de Anne
En novembre 2016, le diagnostic tombe pour Anne, 38 ans. S’ensuivent 6 mois de chimiothérapie et une opération mi-juin entrecoupés de séances avec le Dr Stimesse. « L’idée que l’on puisse, nous agir, m’a beaucoup plu. C’est plus facile d’aborder une chirurgie quand on est acteur, plutôt que d’une façon passive. Maintenant je pratique régulièrement chez moi, cela m’apporte de la sérénité ». La jeune femme qui se sent « très en forme », quelques jours seulement après son opération, est déjà tournée vers l’avenir : « il y a ces techniques et d’autres choses dans ma vie que j’essaie de modifier pour faire en sorte que ce soit la première et la dernière fois. »
Marie Dufour

https://soundcloud.com/activradio/explications-du-dr-stimesse


Rédigé le Jeudi 27 Juillet 2017 à 12:53 | Lu 695 fois modifié le Dimanche 3 Septembre 2017

Laurent Gross est: Président du CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris,… En savoir plus sur cet auteur