Hypnoscope Juin 2014 - Actualites Therapeutiques



Interview Dr T. Servillat: explications sur l'hypnose et la formation

Le Dr Thierry Servillat était l’invité de la Radio RCF Accords Charente-Maritime, le 13 mai 2014. L’occasion de revenir sur le 5ème congrès international "Hypnose et douleur" qui se tenait à La Rochelle les 1, 2 et 3 mai.
- Vous êtes psychiatre, psychothérapeute, hypnothérapeute. Est-ce que vous avez été agriculteur un jour ?
Non, pas encore…

- Erickson, qui était un peu votre maître à penser, a fait des études de médecine parce qu’il ne pouvait pas être agriculteur.
Oui il a été vraiment très atteint dès son enfance par des problèmes de santé, et paradoxalement effectivement, ça l’a amené à avoir un destin qui n’était pas prévu, qui était de devenir médecin et psychologue à la fois. (…)
C’est dû à la personnalité tout à fait exceptionnelle de cet homme qui a transformé ses difficultés en ressources et en stimulations pour faire quelque chose qui n’était pas prévu au programme de cette famille qui était dans la misère et il a pu devenir un grand médecin, un génie de la médecine et de la psychologie.





- Il a exercé non seulement dans la recherche mais il a eu un cabinet avec des patients
Tout à fait. Il a fait sa première partie de carrière en tant que chef de service en psychiatrie dans un hôpital américain ; ensuite il a du de nouveau s’interrompre à cause de problèmes de santé. Il ne pouvait plus que travailler en libéral, chez lui en l’occurrence.  

- Qu’est-ce que l’hypnose ?
L’hypnose, c’est Milton Erickson qui nous l’a vraiment appris. C’est un phénomène naturel que tout être humain a en lui et qui survient toutes les deux heures, de façon naturelle sauf si on lutte contre. C’est un phénomène qui fait l’objet de beaucoup d’études et qui certainement aide à intégrer ce que l’on vient d’apprendre, et aussi à se réparer. Il y a des hormones particulières qui sont synthétisées pendant cette période notamment pour lutter contre le stress, l’inflammation. C’est une capacité naturelle d’auto guérison puissante, même si elle a ses limites....

L'interview à écouter et réécouter avec autant de plaisir...

interview-dr-thierry_servillat.mp3  (12.11 Mo)


L'hypnose prolonge le sommeil profond réparateur. Université de Fribourg

Le sommeil profond agit sur le bien-être, améliore la mémoire et renforce les défenses immunitaires. Des chercheurs zurichois et fribourgeois montrent comment le sommeil profond réparateur peut être prolongé sans médicaments, grâce à l'hypnose.

Un bon sommeil est décisif pour le repos physique et mental. Le sommeil profond, plus particulièrement, a une influence positive tant sur notre mémoire que sur les fonctions du système immunitaire; dans cette phase, des hormones de croissance sont libérées, ce qui active la réparation cellulaire et stimule le système immunitaire. Quand nous nous sentons fatigués ou après une longue journée de travail, dormir bien et profondément est souvent la seule chose que l'on souhaite vraiment. Une envie qu'il nous est impossible de contrôler - c'est du moins ce que prône la croyance populaire.

Des spécialistes de la recherche sur le sommeil des Universités de Zurich et Fribourg prouvent le contraire: dans une étude, récemment publiée dans la revue spécialisée Sleep, ils ont démontré que l'hypnose influence positivement la qualité du sommeil et cela dans une proportion surprenante. «Cette constatation ouvre de nouvelles possibilités très prometteuses pour améliorer la qualité du sommeil sans l'aide de médicaments», explique le biopsychologue Björn Rasch, directeur de la recherche menée à l'Institut de psychologie de l'Université de Zurich, dans le cadre du projet «Schlaf und Lernen».

Comprendre la qualité du sommeil sur la base des flux cérébraux
L'hypnose est une méthode qui permet d'influencer des processus généralement difficiles à contrôler par le biais de la seule volonté. Pourtant, des patients souffrant de troubles du sommeil peuvent être traités avec succès grâce à l'hypnothérapie. Par contre, si un changement quantifiable du sommeil a bel et bien lieu, personne n'était parvenu à le prouver jusqu'à aujourd'hui. Pour procéder à une mesure objective du sommeil, l'activité électrique du cerveau est évaluée avec un électroencéphalogramme (EEG). Le sommeil profond, auquel on attribue une grande capacité de régénération, est caractérisé par un mouvement ondulatoire très régulier et lent de l'activité électrique du cerveau.

70 jeunes femmes en bonne santé ont ainsi participé à cette étude de l'UZH en effectuant une sieste de 90 minutes dans un laboratoire de sommeil. Avant de s'endormir, certaines ont entendu une hypnose de sommeil profond de 13 minutes, diffusée par haut-parleur et spécialement développée par la Professeure Angelika Schlarb, hypnothérapeute spécialisée en matière de sommeil de l'Université de Bielefeld, alors que d'autres ont écouté un texte lu sur un ton neutre. Avant le début de l'expérience, les sujets avaient été séparés en deux groupes (assez facilement hypnotisables, plus difficilement hypnotisables), en suivant une procédure standard (Harvard Group Scale of Hypnotic Susceptibility). Il faut savoir qu'environ la moitié de la population est assez facilement hypnotisable. Dans cette procédure, les femmes obtiennent en moyenne des valeurs d'hypnotisabilité légèrement plus hautes que les hommes.
Pour des hommes facilement hypnotisables, les chercheurs s'attendent à des effets positifs identiques sur le sommeil.

Un sommeil profond plus long de 80%
Dans leur étude, les spécialistes du sommeil Maren Cordi et Björn Rasch ont prouvé que les femmes assez facilement hypnotisables présentent une augmentation de la durée de la phase de sommeil profond de 80% après avoir écouté l'hypnose par rapport à celles qui ont entendu la lecture du texte neutre. De plus, le temps de réveil en position couchée a diminué d'environ un tiers. Ils relèvent cependant aussi que l'hypnose a moins profité aux participantes plus difficiles à hypnotiser. Grâce à des expériences de contrôle supplémentaires, les psychologues confirment que l'effet bénéfique de l'hypnose sur le sommeil profond est clairement le résultat de la suggestion hypnotique «dormir plus profondément» et ne peut pas être uniquement attribué à un effet d'anticipation.
«Les résultats peuvent se révéler d'une importance capitale, tout particulièrement pour des patients souffrant de troubles du sommeil et pour des adultes plus âgés, puisque, contrairement à de nombreux somnifères, l'hypnose n'induit aucun effet secondaire», explique la psychologue Maren Cordi. D'une manière générale, toutes les personnes répondant favorablement à l'hypnose pourraient profiter d'une amélioration du sommeil grâce à cette technique.


Projet Schlafen und Lernen
Le projet «Schlafen und Lernen», dirigé par le Professeur Björn Rasch de l’Université de Fribourg et mené aux Universités de Zurich et Fribourg, est soutenu par le Fonds national suisse et par l’Université de Zurich (Klinischer Forschungsschwerpunkt «Schlaf und Gesundheit»). Son objectif est d’identifier les mécanismes psychologiques et neurophysiologiques à la base du rôle positif du sommeil sur la mémoire et la santé mentale.


Source: http://www.unifr.ch/news/fr/12513/





Soulager la douleur des patients avec l'hypnose. Centre hospitalier de Lourdes. La Nouvelle République des Pyrénées

L'urgentiste, algologue et co-président du CLUD, le Dr Gov, nous présente la prise en charge de la douleur au sein du groupe hospitalier de Bigorre.
 
La journée mondiale de la douleur a lieu chaque année en octobre…
La dernière édition a été organisée par le CLUD de Tarbes, nouvellement constitué. Son rôle est d'informer les patients et de sensibiliser les soignants encore et toujours. Il y a 20 -30 ans, il fallait respecter la douleur. Maintenant, on sait qu'il faut d'abord soulager le patient et le soigner après.
 
Qu'est-ce que le CLUD ?
Le comité de lutte contre la douleur est une instance institutionnelle, jadis obligatoire et maintenant facultative, dans les établissements de santé. Il est constitué de soignants (infirmiers, kinés, médecins…), de représentants administratifs, de cadres de santé et de représentants des usagers. Le CLUD de Lourdes a été créé il y a plus de 10 ans par un anesthésiste réanimateur.
 
Quel est son rôle ?
Le CLUD doit développer une culture de prise en charge de la douleur, un rôle de pilotage dans l'établissement.
 
Pouvez-vous intervenir dans le cas où un patient la souhaite avant un examen médical douloureux ?
Le CLUD n'intervient pas directement dans la prise en charge de la douleur. Mais il existe sur le CH de Lourdes, une équipe mobile douleur et soins palliatifs qui intervient sur demande, en cas de difficulté à gérer les douleurs complexes. Il existe des programmes de formations sur l'hôpital sur le thème de la douleur, organisé par le CLUD plusieurs fois par an.
 
Quid pour les douleurs chroniques ?
Il existe une consultation départementale de prise en charge de la douleur chronique (qui évolue depuis 3 à 6 moins), qui se situe à l'hôpital de l'Ayguerote.
 
Quelles sont les nouvelles méthodes de prise en charge ?
Le 3e plan douleur (2006-2010) préconise l'utilisation de méthodes non pharmacologiques comme les traitements physiques et les méthodes psycho corporelles ou comportementales (hypnose, relaxation, sophrologie). Nous avons développé l'hypnose depuis 1 an à Lourdes. Et le CLUD de Lourdes est en train de s'orienter vers ce type de formation. Nous avons déjà obtenu la formation de 16 soignants à l'hypnose dans les douleurs induites par les soins. Grâce à APICIL et à notre direction, 18 autres soignants seront formés en septembre prochain.
 
Existe-t-il des professionnels spécialistes ?
Les spécialistes de la douleur, appelées algologues, sont présents dans presque tous les établissements de santé privés et public. Il y en a deux au CH de Lourdes. Et des consultations existent à l'Ayguerote pour le service public et au sein d'établissements privés.
 
Comment prendre rendez-vous ?
Comme chez tous les médecins. Une consultation douleur inférieure ou égale à 3 mois existe à Lourdes. Quant aux douleurs chroniques (supérieures ou égales à 4 mois), elles sont prises en charge au CH de Bigorre, sur le site de l'Ayguerote. Au-delà de 3 mois, il y a une composante psychologique de la douleur à prendre en compte.

Effets de l’hypnose et de l’empathie sur l’anxiété et la douleur. Source: Centre National de Ressources de lutte contre la Douleur

Les travaux de l’équipe d’Elvira Lang, radiologue à Boston constituent une base scientifique précieuse. Ses essais randomisés prospectifs, sur de larges séries de patients, analysent les effets de l’hypnose et des attitudes empathiques sur l’anxiété et la douleur. Retour sur quelques publications.

Dans le domaine de l’imagerie, les actes « mini-invasifs » se substituent de plus en plus à la chirurgie. Il est alors possible de se passer d’anesthésie générale, mais au risque d’une anxiété majeure pour le patient, auquel il ne sera plus capable de faire face.


Ceci justifie la prescription de médicaments d’analgésie-sédation, mais aussi de méthodes non-pharmacologiques ciblant la composante émotionnelle de la douleur.
La plupart des publications de l’équipe Lang EV. et coll. reposent sur trois grands essais menés dans les années 2000. Le schéma commun de ces essais consiste à comparer l’évolution des scores de douleur et d’anxiété au cours du soin entre trois groupes tirés au sort, respectivement soumis soit à :

• la procédure habituelle « standard », constituée d’une analgésie-sédation médicamenteuse (fentanyl et midazolam), sans accompagnement relationnel.


• en plus de la procédure « standard », le développement de la part d’un assistant de recherche d’un comportement empathique standardisé, qui consistait par exemple à s’adapter au mode de communication du patient, à l’écouter attentivement, lui répondre rapidement, l’encourager, lui donner la sensation de contrôler la procédure (« faites-nous savoir à tout moment ce que nous pourrions faire pour vous »), éviter les formules chargées négativement (« vous allez sentir une sensation de brûlure), ou utiliser des formules neutres émotionnellement (« ceci est l’anesthésie locale »)


• en plus du comportement empathique, la lecture d’un script d’induction hypnotique standardisé, et si besoin adapté à la douleur, l’anxiété ou les préoccupations du patient. Ce texte suggérait de convertir l’inconfort ressenti soit en une sensation de chaleur, de froid ou de picotements. Il s’agissait d’inciter le patient à mettre de côté ses préoccupations ou ses craintes, et à l’encourager ensuite à développer un imaginaire propre, dans une démarche de relaxation auto-hypnotique.

Nous résumons ici les principaux résultats obtenus.

1 - Une série de travaux a étudié la douleur et l’anxiété au cours des techniques interventionnelles vasculaires et rénales percutanées. Les influences du sexe et de l’âge ont été analysées.


Dans une première étude randomisant 241 patients et publiée en 2000, la prise en charge standard mettait en évidence une augmentation des scores de douleur et d’anxiété en fonction du temps pendant l’acte, avec une consommation de plus fortes doses de médicaments antalgique et sédatif. A l’inverse, l’utilisation de techniques d’hypnose réduisait la durée de la procédure, et diminuait les scores de douleur au cours du temps (figure 1).

D’après Lang EV. Lancet 2000

L’anxiété diminuait au cours de la procédure, avec une tendance plus marquée pour le groupe « hypnose ».

Chez les hommes l’ajout d’un simple soutien empathique (sans technique d’hypnose) permettait une réduction des doses médicamenteuse, et chez les femmes une diminution des scores de douleur et d’anxiété .
 

En l’absence de trouble cognitif, l’âge n’avait pas d’influence sur la susceptibilité à l’hypnose (« l’hypnotisabilité »), qui était évaluée par l’échelle Hypnotic Induction Profile – HIP. On n’a pas mis en évidence de lien entre l’hypnotisabilité et les scores de douleur et d’anxiété en fin de procédure, ni avec la consommation de médicaments. Avec l’hypnose, on obtenait un meilleur contrôle de la douleur et de l’anxiété, et plus rapidement, ainsi qu’une diminution de la consommation médicamenteuse, donc des désaturations en oxygène. La durée des soins était plus courte chez les patients sous hypnose. Ainsi, l’âge ne diminue pas les bénéfices d’une analgésie basée sur l’hypnose au cours de procédures percutanées. En réduisant la consommation médicamenteuse, l’hypnose est à même de réduire les risques de complications au cours du geste, comme la toxicité médicamenteuse ou les AVC auxquels les personnes âgées sont exposées.
 

L’évaluation de l’état d’anxiété des patients a pu être réalisée grâce à un score diagnostique : le State-Trait Anxiety Inventory (STAI) conçu par Spielberger CD. en 1980. Les patients avec initialement des scores d’anxiété élevés connaissaient des durées de soin plus longues, avec une consommation plus importante de sédatif et d’antalgique. Correctement identifiés, ces patients étaient ceux qui tiraient le plus grand bénéfice de l’hypnose.

L’exploitation de données vidéo rattachées à cet essai a ensuite permis d’associer des scores de douleurs plus élevés à l’emploi de mots et expressions chargées d’affects négatifs puis, plus tard, de définir des techniques de mise en relation soignant/soigné.
 

2 - En 2006, une étude concernant la macrobiopsie du sein guidée par l’imagerie (Mammotome®) s’est appuyée sur un schéma similaire avec 240 patients. Chez les femmes subissant cet examen, on notait déjà des scores d’anxiété élevés dès le début de la procédure, en lien avec la gravité potentielle du diagnostic et les contraintes de l’installation.Les scores d’anxiété augmentaient dans le groupe « standard », restaient stables dans le groupe « empathie », et diminuaient dans le groupe « hypnose ». Les scores de douleur étaient en hausse dans les 3 groupes, mais de façon moins marquée dans les groupes empathie et hypnose.
 

3 - La capacité de la relaxation hypnotique à diminuer les scores de douleur et d’anxiété au cours de procédures endovasculaires (cf. supra) a conduit Lang EV. et coll. à s’intéresser à des gestes plus invasifs  : les traitements anti tumoraux percutanés, embolisations et ablations par radiofréquence, sur 201 patients.
En particulier, la recherche d’effet indésirables, voire de complications, portait sur les signes cardiovasculaires :
• hyper- ou hypotension artérielle
• tachy- ou bradycardie, arythmie
• hypoxie (désaturation <90%)
• douleur thoracique, dyspnée

L’hypnose, comme attendu, diminuait de façon significative la douleur et l’anxiété, mais la constatation d’une augmentation de la fréquence des complications dans le groupe «  empathie », a dû interrompre l’étude. Manifester de l’empathie ne parait donc pas approprié dans ce contexte clinique. Par exemple commenter la situation en compagnie du patient peut conduire à un effet nocebo par l’utilisation de termes qui centrent l’attention du patient sur l’acte en lui-même, appelant des affects négatifs.

L’hypnose, à l’inverse, autorise le patient à dissocier ses émotions du contexte vécu.


Les interactions entre anxiété et douleur sont bien mises en évidence par ces travaux. Si la douleur provoquée par les soins est souvent décrite comme aiguë, nous avons ici des exemples de procédures diagnostiques et thérapeutiques qui ont des durées pouvant aller de 1h30 à 3h00.

Or les méthodes statistiques d’analyse en fonction du temps qui ont été utilisées dans ces études s’avèrent complexes, nécessitant des effectifs et des moyens importants.

Comme on le voit, il est impossible de généraliser les résultats d’une étude, même bien étayés, à des contextes différents. Comme nous le rappellent Lang EV. et coll. dans leur dernier article, il semble souhaitable de définir, en matière de douleur et d’anxiété, des paramètres valides, fiables et simples à recueillir. Ainsi, dotées d’outils communs, donnant des résultats comparables entre eux et adaptés aux méta-analyses, les équipes pourront évaluer efficacement leurs pratiques et les améliorer.
Sources: www.cnrd.fr
 


Pendant son opération d'une tumeur à la gorge sous hypnose, elle chantait

C'est sous hypnose qu'une chanteuse a été opérée d'une tumeur de la gorge à l'Hôpital Henri-Mondor, Créteil (Val-de-Marne),. Complètement remise, elle témoigne aujourd'hui.

Imaginez une patiente opérée à gorge ouverte sans anesthésie générale, mais sous hypnose. Imaginez encore qu'elle ait chanté tout au long de l'intervention. C'est l'expérience à peine croyable qu'a vécue Gilles Dhonneur, chef du service anesthésie-réanimation à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), le 3 avril.

Il a filmé chaque seconde de cette scène hors du commun et s'émeut encore en visionnant les images.

« Cette femme de 31 ans, chanteuse professionnelle spécialisée dans les chants traditionnels africains, souffrait d'une tumeur de la glande parathyroïde, explique le praticien. Difficile, pour elle, d'imaginer perdre son outil de travail au cours d'une opération. » Car si un nerf était touché ou ses cordes vocales abîmées, sa voix aurait été irrémédiablement altérée. Alors, les équipes de Mondor ont fait un pari fou : celui de garder la patiente éveillée tout en la faisant chanter. Le chirurgien saurait alors si son bistouri était mal placé, parce que la voix serait coupée.

« Mais la douleur d'une telle intervention est insupportable en état de pleine conscience, affirme le docteur Gilles Dhonneur. Seule l'hypnose médicale permet de tolérer une telle épreuve. » Il en est d'autant plus sûr qu'il développe cette pratique à Créteil depuis deux ans déjà. Il a lui-même recruté les trois anesthésites-hypnotiseurs de Mondor. Mais jamais la technique n'avait été poussée aussi loin. « C'était sûrement une première mondiale », avance le chef de service.

Une fois au bloc opératoire, la patiente a subi une simple anesthésie locale au niveau de la gorge. « Pour endormir les tissus », précise Gilles Dhonneur. Ensuite, son voyage a commencé. « Elle est entrée dans une sorte de transe en écoutant les mots de l'hypnotiseuse. Elle est partie loin, en Afrique. Et elle s'est mise à chanter. C'était époustouflant ! » Le film montre un visage serein, les yeux clos.

Le titre interprété, aussi touchant qu'impensable, s'entend très distinctement. « Tout le monde a retenu son souffle lorsque cela s'est arrêté, se souvient le médecin. La patiente est restée aphone quelques minutes. On lisait la peur sur son visage. » Quelques manipulations plus tard, le filet de voix brisait le silence et la tumeur était extraite. « Elle se rappelle de tout, affirme Gilles Dhonneur. Elle raconte très bien son bonheur lorsqu'elle a pu reprendre son couplet. » La patiente miraculée, complètement remise, sera présente cet après-midi à Créteil pour une conférence exceptionnelle consacrée à la chirurgie sous hypnose. « Je l'ai invitée à chanter », sourit Gilles Dhonneur. Il animera en personne ce rendez-vous organisé dans le cadre d'une vaste opération grand public de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris.


Brest. Opérée d'un cancer du sein sous hypnose et sans douleur

Durant son opération d'un cancer du sein, Georgette Brière était dans son jardin et regardait ses petits-enfants jouer ! Sous hypnose. Un excellent souvenir, après 13 anesthésies générales.
« J'étais tout de suite partante quand le chirurgien m'a proposé d'être opérée sous hypnose. J'y pensais depuis longtemps parce que j'ai vécu 13 anesthésies générales qui n'ont pas toutes été faciles. Je n'ai pas été déçue, la consultation, l'accueil et la prise en charge n'ont rien à voir. On vient vous chercher avec le sourire et tout le monde vient se présenter. Arrivée à l'hôpital à jeun à 7 h 30, j'étais rentrée chez moi à 14 h après avoir déjeuné, je n'étais même pas fatiguée ! En plus c'est idéal pour faire faire des économies à la sécurité sociale », s'enthousiasme Georgette Brière, 70 ans, l'une des 109 patients de l'hôpital Morvan qui ont bénéficié d'une prise en charge sous hypnose depuis mars 2012.
« Deux infirmières anesthésistes ont souhaité se former après avoir assisté à l'intervention d'un médecin anesthésiste rennais qui pratiquait l'hypnose », explique Françoise Mazé, cadre IADE (Infirmier anesthésiste diplômé d'État) au bloc opératoire.

Quatre infirmières formées

Aujourd'hui, quatre IADE et un médecin anesthésiste sont formés et pratiquent l'hypnose en différentes circonstances. Tous les actes chirurgicaux ne peuvent se faire sous hypnose, mais elle est possible pour la chirurgie simple du sein, la chirurgie plastique, ou pour accompagner des soins comme la curiethérapie, la ponction d'ovocytes chez les femmes en PMA (procréation médicalement assistée) ou en salle d'accouchement pour une pose de péridurale, ou la prise en charge des enfants à partir de 8 ans en pédiatrie. « Nous l'avons même pratiquée une fois lors d'un accouchement, la femme était arrivée trop tard pour poser une péridurale. Et comme elle avait bénéficié de l'hypnose pour une ponction d'ovocyte, on a pu réutiliser ce qui avait été prévu à ce moment-là », précise Laurence Duros, IADE.
L'hypnose suppose une consultation de trois quarts d'heure, au cours de laquelle le praticien va demander au patient de choisir un bon souvenir et de lui en raconter les détails pour le restituer au cours de l'opération. L'hypnose évite le passage en salle de réveil, moment où les patients souffrent parfois de nausées.
Au-delà des économies de produits anesthésiants pour le CHRU, les infirmières y voient aussi un avantage pour les équipes soignantes, en terme de cohésion (des études ont montré qu'il y avait moins d'épuisement).

Anesthésie locale

« Une perfusion est toujours posée pour pouvoir administrer une sédation. Ce n'est pas une anesthésie, la personne reste consciente, elle entend tout ce qui se passe. Une anesthésie locale permet d'éviter la douleur. Le patient est acteur et pas spectateur », indique Gisèle Laot, l'IADE qui a hypnotisé Georgette Brière.
« On a recherché la position la plus confortable sur la table d'opération. Puis Gisèle m'a pris la main et a commencé à me parler doucement des souvenirs agréables que je lui avais racontés. J'y étais, c'était vraiment formidable, j'étais complètement décontractée, je n'ai même pas fait de hausse de tension comme avant », ajoute Georgette Brière qui s'est réveillée après avoir pris une photo d'un coucher de soleil à Saint-Palais-sur-Mer.



Opérations sous hypnose: voici pourquoi ça peut être meilleur pour votre corps

L'hypnose est de plus en plus utilisée dans les hôpitaux pour les opérations chirurgicales. Les anesthésistes trouvent le système moins lourd et moins stressant qu'une anesthésie générale.

Et si vous vous faisiez opérer sous hypnose ? Ce procédé est de plus en plus fréquent et peut être meilleur pour votre corps. Plongé dans un état second, le patient sous hypnose peut s’échapper un temps du bloc opératoire. "Ce patient m’avait dit que sa femme cuisine hyper bien, qu’il aimait bien s’asseoir avec ses amis et boire et du coup je me suis un peu focalisée sur ça pour justement attraper l’attention du patient", a expliqué Livia Di Marco, anesthésiste au CHU Saint-Pierre, au micro de Quentin Ceuppens pour RTL TVI.
 
Plus confortable
Même si le patient reste conscient durant l’intervention, une anesthésie locale est néanmoins toujours nécessaire et peut être renforcée en cas de complication. "L’hypnose est vraiment un complément qui permet au patient d’être vraiment plus confortable, d’être plus à l’aise, moins angoissé et donc les douleurs, notamment postopératoires, sont vraiment diminuées", a indiqué David Horn, chef de clinique adjoint, spécialiste de la chirurgie vasculaire au CHU Saint-Pierre.
 
Une complicité particulière entre chirurgiens et anesthésistes
Pour y arriver, chirurgiens et anesthésistes opèrent avec une complicité particulière. Et durant une opération de la carotide plutôt risquée, chaque geste compte. "On le fait conjointement avec l’anesthésiste, donc si par exemple je fais une anesthésie locale supplémentaire, je préviens l’anesthésiste discrètement et lui dans son exercice d’hypnose va imaginer une nouvelle histoire pour le patient pour expliquer le geste supplémentaire", a précisé Bernard Segers, chef de clinique, service de chirurgie vasculaire au CHU Saint-Pierre.

Grâce à l’hypnose, les patients peuvent se remettre de leur opération sans traumatisme ni effet désagréable d’une anesthésie générale.

Hypnose de rue: Dangereux, comme le dit le Dr Léonard Amétépé de Toulouse

Si la démarche part de bonnes intentions, l'hypnose de rue ne convainc pas pour autant ceux qui, à Toulouse, pratiquent dans un cadre strictement médical, en libéral ou à l'hôpital. «Inviter un sujet qui passe, qui n'est pas préparé, à se prêter à une séance d'hypnose comme dans un spectacle est de mon point de vue dangereux», relève le dr Léonard Amétépé, psychiatre et président de l'association toulousaine de nouvelle hypnose (ATNH), dont les formations, réservées aux professionnels de santé, font autorité. «L'hypnose doit se pratiquer dans un cadre particulier, où la personne est volontaire.

Maintenant que l'hypnose a sa place dans les universités et au CHU cautionner ce type d'initiative est un retour de plusieurs siècles en arrière !». L'ATNH regroupe une soixantaine de généralistes, psychologues, psychiatres, anesthésistes, chirurgiens-dentistes, nutritionnistes, infirmières… qui ne participent pas à la «street hypnose», perçue comme un phénomène de mode ou une sorte de spectacle de rue.

Rédigé le Mercredi 4 Juin 2014 à 01:37 | Lu 2029 fois modifié le Mercredi 25 Juin 2014

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