L'hypnose thérapeutique est-elle à la portée de tous ? - CFTHB (Youtube)
Il faut distinguer le fait de savoir pratiquer l’hypnose et puis d’être soignant, thérapeute, ce qui est différent.
Etre thérapeute, c’est une profession, et ce n’est pas parce que l’on a appris les techniques d’hypnose que l’on est forcément thérapeute.
En France, on fait très attention notamment les pouvoirs publics et au sein de la CFHTB, à l’éthique, aux chartes professionnelles, au respect des règles déontologiques, de relation au patient, on a des obligations de soignant. Bien souvent les formations sont réservées aux professionnels de santé. Devenir thérapeute c’est une formation, ce n’est pas inné. Ce n’est parce que l’on a appris l’hypnose que l’on sait s’occuper d’un patient en souffrance.
On a connu cela dans d’autres disciplines comme celles liées à la génétique qui s’est étoffée et a pris une importance considérable en médecine et dans la connaissance et compréhension des maladies, dans la définition des traitements plus spécifiquement ciblés pour telle personne avec son patrimoine génétique, les thérapies dites « ciblées » ou « médecine personnalisée ». L’hypnose est en train d’aller sur cette voie, de prendre un ancrage tellement important en médecine qu’il y a des thérapeutes spécialisés en addictions, gestion de la douleur… On arrive dès lors à un niveau supérieur de compétences et de complexité.
Concernant la recherche, elle est encore insuffisante. Le Pr Faymonville travaille notamment sur des études en neurosciences, des états de conscience afin de tenter de comprendre quelles sont les zones activées, comment aller sur des processus de guérison en douleur chronique.
L’option hypnose pour les gastro et coloscopies au centre hospitalier Lyon Sud - Le Dauphiné Libéré
Peut-on vraiment guérir grâce à l’hypnose ? - Marie-Claire
Elles ont retrouvé le sommeil ou arrêté de fumer après une seule séance d'hypnose. Longtemps considérée comme un spectacle de foire, cette thérapie, de plus en plus sollicitée, reste pourtant controversée. Peut-on donc vraiment se laisser hypnotiser sans crainte ? Notre enquête.
Sara en est encore "bluffée". En 2017, cette agente immobilière de 38 ans a eu recours à l'hypnose pour perdre du poids. Six mois plus tard, elle pesait dix kilos de moins. "Je n'avais plus le réflexe de manger sucré quand ça ne va pas et gras pour me sentir plus vivante, explique-t-elle. Le résultat d'un travail effectué en une séance où la praticienne a parlé à mon inconscient. De vieilles blessures en sont ressorties. Je les croyais passées mais elles m'incitaient à prendre du poids pour m'en protéger en compensant. Le réaliser fut un vrai bouleversement."
Laure, elle, essayait d'arrêter de fumer depuis plus de dix ans. En vain. Jusqu'à cette séance d'hypnose de groupe. "L'hypnothérapeute nous a d'abord parlé individuellement, puis à tous en même temps. Il nous a très longuement expliqué les effets de cette thérapie sur notre cerveau." Elle se souvient ensuite d'un "état de conscience modifié", de "sa voix". À la fin, il leur a demandé de scotcher leur paquet de cigarettes et d'y inscrire une date. "J'y ai inscrit le jour où je le rouvrirai : à 85 ans." Depuis elle n'a plus jamais fumé. Des exemples parmi d'autres de transformations survenues grâce au principe dévoilé par le psychiatre américain Milton Erickson, père de l'hypnose moderne. "Alors que Freud disait que l'inconscient est le réservoir du refoulé, il a renversé la vapeur en découvrant qu'on y trouve un savoir enfoui à utiliser", rappelle le docteur Régis Dumas, président de la Confédération francophone d'hypnose et thérapies brèves.
Puiser dans cette ressource intérieure permettrait ainsi de trouver une réponse à des problèmes qui se résolvent alors d'eux-mêmes. Reste à y accéder, ce que semble permettre la transe hypnotique, mystérieux état dans lequel un praticien peut aider à entrer par suggestion. Ici, pas de pendule devant les yeux qui vous mettent dans un état de transe. On reste toujours conscient, même si l'esprit peut un peu divaguer mais reste toujours accompagné par l'hypnotiseur.
À quelle hypnose se vouer ?
Longtemps perçue comme un spectacle de foire, l'hypnose est sortie du folklore pour entrer dans l'univers médical. Créateur en 2001 d'un premier diplôme universitaire à la Pitié-Salpêtrière, Jean-Marc Benhaiem a contribué à développer son utilisation en milieu hospitalier.
"Elle permet de mieux répondre à des douleurs aiguës et chroniques, indique-t-il. On traite également des addictions, des troubles alimentaires, l'anxiété ou des phobies." L'hypnose se révèle aussi précieuse en complément d'une anesthésie locale. "On apporte un confort au patient qui pourra transformer un évènement pénible en moment heureux, par exemple en se retrouvant projeté dans le voyage de ses rêves pendant son opération", apprécie Véronique Waisblat, anesthésiste à l'hôpital de Montfermeil. Marie a fait l'expérience deux ans après une intervention pour un cancer de la langue dont on lui a retiré un morceau. Elle avait depuis la désagréable sensation d'une langue énorme. Au bout de deux ans, on lui a prescrit de l'hypnose. "En une séance, cette forte gêne a disparu pour ne plus revenir", raconte-t-elle en n'en revenant toujours pas. Isabelle Célestin-Lhopiteau, psychologue clinicienne et directrice de l'Institut français des pratiques psycho corporelles (Ifppc), affirme que "tout le monde peut entrer en état d'hypnose, à condition de le vouloir. La porte d'entrée doit ensuite être trouvée par le praticien". À savoir un professionnel de santé, recommande la directrice de cet institut qui leur réserve ses formations. "On peut soulager une douleur, poursuit-elle. Mais il est important de pouvoir poser un diagnostic avant de faire de l'hypnose médicale ou thérapeutique." Les docteurs Waisblat, Benhaiem et Dumas se placent sur cette même ligne. "C'est notre combat, revendique ce dernier. N'importe qui peut aujourd'hui poser une plaque d'hypnothérapeute, un terme qui ne veut rien dire. On est d'abord médecin, ou dentiste, et on pratique par ailleurs l'hypnose." Ce n'est pas l'avis du syndicat national des hypnothérapeutes (SNH), qui compte neuf cents pratiquants non-médecins. "On en accepte autant qu'on en refuse, confie sa présidente Charlotte de Bouteiller. Pour nous, un hypnothérapeute doit avoir fait une formation d'au moins trois cents heures. Nous vérifions qu'ils aient obtenu un diplôme dans une école que nous avons validée."
Encadrer les formations d'hypnose
Le SNH milite pour un statut officiel, arguant d'une complémentarité avec le corps médical. Pédopsychiatre et auteur en 2015 du rapport de l'Inserm sur l'évaluation de l'efficacité de l'hypnose, Bruno Falissard a pu la constater : "Les médecins ont trop de travail pour répondre à cette demande. Après une formation bien faite, il n'y a aucune raison de refuser la pratique de l'hypnose. Des acteurs comme le SNH font le ménage, mais c'est l'État qui devrait permettre d'évaluer et d'encadrer les formations. Or il laisse faire n'importe quoi."
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L'efficacité de l'hypnose
Dans son rapport, Bruno Falissard déplorait le manque d'études sérieuses permettant d'évaluer l'efficacité de l'hypnose. "Il y a de bonnes données sur l'anesthésie et l'hypno-sédation qui conduit à utiliser moins de médicaments, mais on n'a pas assez d'essais bien faits, note-t-il. Il devrait pourtant y en avoir, vu l'attrait de ces soins qui ont aidé un grand nombre de patients, mais l'État refuse de les financer." La recherche progresse tout de même, au-delà d'un strict cadre médical, en y associant les sciences cognitives et la phénoménologie.
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"Par l'hypnose, on se reconnecte avec la vie qui nous entoure en remobilisant ses forces essentielles", ajoute la thérapeute familiale Nicole Prieur, qui y voit une réponse à un besoin de nature spirituelle. Rencontrer son inconscient semble en tout cas mener à un univers de possibilités. Qu'il serve à se soigner ou à s'évader pour mieux se retrouver.
Brice Perrier