Hypnoscope Janvier 2015 - Actualités Thérapeutiques



Ces hypnotiseurs en lutte contre la douleur - La Nouvelle République

Rencontre avec ces Niortais qui pratiquent l’hypnose au quotidien et pour la bonne cause.

Le Grand-Feu. Une chambre à la décoration sommaire. La jeune patiente est allongée sur son lit, yeux fermés. Aline souffre d'une épaule, et elle est prête pour sa séance de kiné. Assise près d'elle, Anne Barradeau, infirmière. Toutes deux échangent quelques mots tranquilles, elles esquissent les grandes lignes d'un scénario que, visiblement, elles connaissent déjà : une plage, un matin, la fin de l'été… « Et il fait bon ? », demande encore Anne, Aline acquiesce, ajoute qu'«il y a du vent ». Puis, doucement, Anne entame son travail : « Respire tranquillement, dit-elle à la jeune femme… de l'air frais et sec entre par le nez… de l'air chaud et humide en ressort… ». Le rythme est lent, mesuré. « Le corps se détend… l'esprit peut partir… » La suggestion est chuchotée. « Un matin… sur la plage… tu es à cheval… c'est très agréable… » Encore quelques minutes. « Tandis que ton corps se détend, l'épaule est avec nous… et on va pouvoir la mobiliser… »
 

" On réduit la douleur de 50 % "

Les patients peuvent résister à la douleur grâce aux médicaments. Mais il est des moments où les analgésiques deviennent inutiles : c'est le cas de la toilette, du changement des pansements ou des séances de rééducation. C'est là que l'hypnose trouve tout son sens, c'est l'hypno-analgésie qui, en cet instant, profite à Aline, emportée par la seule voix d'Anne. La jeune femme ne supportait pas les séances de kiné : trop douloureuses. Pourtant, elle ne réagit pas quand le kiné s'empare de son bras, le lève, l'étire. Haut. La jeune femme reste détendue, détachée. En temps normal, elle aurait hurlé.
Anne continue de lui parler, elle a accompagné Aline jusqu'à « une bulle » dans laquelle la douleur n'a pas place, elle fait maintenant en sorte qu'elle reste dans cette sphère protectrice. L'hypnose réduit de moitié l'intensité de la douleur : « On peut donc aller beaucoup plus loin dans le travail du mouvement », témoigne Valérie, kiné au Grand-Feu. « C'est beaucoup plus confortable pour le patient, ça facilite le travail du soignant, ça apaise le personnel », résume le docteur Danielle Gueudet, du service Soins et rééducation des brûlés.
 

Dissociation

« En fait, c'est de la dissociation », explique Anne qui, au fond, ne trouve rien d'exceptionnel à recourir à « une capacité innée que nous avons tous » : « Quand vous êtes absorbé par la lecture d'un livre, vous faites abstraction de tout ce qui vous entoure. Comme quand vous roulez sur une autoroute et que vous réalisez soudain que vous êtes bientôt arrivé, vous vous dites que vous n'avez rien vu du trajet. L'hypnose, c'est la même mécanique mais plus profonde. Pour nous, hypnotiser quelqu'un, c'est l'aider à se concentrer sur un ailleurs confortable… ».
Détourner l'attention du patient pour lui faire oublier la douleur, voilà la technique (« Non, pas une technique !, corrige Anne, un état d'esprit »). Pendant la séance, l'infirmière explore un champ lexical fait de couleurs, de sons, d'odeurs… qui parlent au patient préalablement consulté sur ses préférences. « Mais c'est lui qui choisit où il va. On ne peut rien lui imposer, on ne peut rien faire sans son consentement… »
Emmanuel Touron


"L’hypnose m’a sortie de ma dépression" - Femme Actuelle

Face à cette maladie douloureuse qu’est la dépression, les solutions ne sont pas si nombreuses. Pour Elodie, 43 ans, c’est l’hypnose qui lui a permis de remonter la pente.

« Six mois après le début de ma procédure de divorce, mon médecin généraliste s’est s’alarmé de la dégradation de mon état et m’a orienté vers un psychothérapeute spécialisé dans l’hypnose. J’étais sous antidépresseurs depuis 4 mois. Je m’absentais de plus en plus souvent du travail, j’avais des idées noires, je me dépréciais, je m’excluais de toute activité sociale. Mon mari disait qu’il valait mieux se séparer et laisser à chacun la possibilité de refaire sa vie, que de vivre en prison. Je n’ai pas protesté car au fond de moi je savais qu’il avait raison, même si cela a été un choc. Nos enfants étaient grands et autonomes. J’avais peur du vide du quotidien, je ne voyais plus le sens de ma vie, et ressentais aussi la honte du divorce. A cette époque, je me sentais lourde à déplacer, moche à regarder car toute vie m’avait quittée, sans aucune envie et inutile.
Sans trop savoir quoi en attendre j’ai accepté des tâches concrètes à réaliser entre les consultations et des séances de travail sous hypnose. Je me suis vite sentie en sécurité, avec l’impression que quelque chose pouvait renaître avec ce travail. Le thérapeute m’a fait explorer sous hypnose cette sensation de lourdeur et j’ai alors ressenti que ce poids était présent pour compenser un vide intérieur. J’ai compris qu’avec le divorce mon équilibre, qui me faisait me sentir utile, pleine et indispensable s’effondrait. J’ai vécu sous hypnose la façon dont j’avais ressenti toutes ces années la présence de mon mari, pour moi puis à côté de moi, puis l’éloignement et le vide laissé, et enfin j’ai vécu un autre vide, comme un champ encore vierge mais d’où pouvait renaître la vie. J’ai réalisé que j’étais toujours capable de la recevoir.
J’ai senti une amélioration entre la 3e et 4e séance d’hypnose. J’ai pu verbaliser tout cela à la 6e. Puis, de tous les 15 jours, on a espacé les séances à toutes les 3 à 4 semaines. Je revois mon psychothérapeute dans 3 mois et si je juge alors avoir suffisamment de ressources, je volerai de mes propres ailes. Après 11 consultations au total je ne suis plus dépressive et je n’ai plus besoin des antidépresseurs. Peut-être que j’éprouverai le besoin de le revoir à l’approche de la date du divorce. » 

L'avis de l'expert : « L’hypnose permet un travail de fond »
Pr Antoine Bioy, Professeur de psychologie clinique et psychopathologie (université de Bourgogne, Dijon), docteur en psychologie et responsable scientifique de l’IFH, Institut Français d’Hypnose.
« La dépression est l’un des principaux motifs de consultation en hypnothérapie. Mais l’hypnose ne s’envisage pas comme une prise en charge unique, sans un diagnostic établi par un médecin ou un psychologue. L’hypnose s’avère être une très bonne thérapie dans la dépression car elle permet de travailler sur sa cause. Les médicaments seuls ne constituent pas une réponse suffisante, même s’il peut y avoir un intérêt à diminuer certains symptômes. Dans la dépression il existe toujours un noyau central, c’est la question de la perte. La personne vit une expérience de perte insupportable (deuil difficile, séparation complexe, perte d’emploi touchant au sentiment d’identité…). Grâce à l’hypnose, le patient revisite le lien avec ce qu’il a perdu, et modifie la façon dont il se positionne par rapport à cet événement douloureux. Ce travail se fait à l’aide de suggestions et de métaphores construites pour le patient, dont les effets seront facilités par l’état hypnotique. Plutôt que par la parole, l’hypnose permet un travail qui passe par les perceptions et les sensations corporelles. En effet, souvent, les patients ressentent les signes de la dépression avant tout par leur corps : par exemple la sensation de lourdeur, qui accompagne un ralentissement moteur (marche plus lente, etc.). La mise sous hypnose permet de se focaliser sur cette sensation de lourdeur et, sans la nier, d’une part de retrouver des sensations plus légères, et d’autre part de travailler sur les événements qui induisent cette lourdeur, ce qui permet généralement de relier la dépression actuelle à l’événement déclencheur. »

Quel thérapeute choisir ?
Il doit être un spécialiste du psychisme : psychiatre, psychologue ou psychothérapeute, médecin ayant suivi des formations universitaires en psychothérapie, hypnothérapie. Chaque Agence Régionale de Santé tient à jour un registre de ceux dont les diplômes ont été vérifiés.
Dans le cadre de la dépression, patient et soignant peuvent convenir d’un nombre de séances limité -3 à 5- avant de faire le point et avoir ainsi une idée plus précise du nombre de consultations nécessaires. Attention aux « thérapies éclairs » car la dépression, syndrome violent avec un risque suicidaire majeur, demande un travail en finesse et en profondeur.
Hélène Joubert
 

Le Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc investit dans les techniques d'hypnose - Communiqué de presse

Désireux  d'innover et d'offrir en accompagnement global du patient, le Centre Hospitalier Saint Joseph Saint Luc a mis en place, à compter du second trimestre 2014, une formation à l'hypnose pour son personnel.
Ce projet - pour partie financé avec le concours de la Fondation APICIL - est destiné à simplifier la prise en charge de la douleur et de l'anxiété.
Dans un premier temps, seule une partie du personnel du service des Urgences avait été formée à ces techniques hypnose. La formation a ensuite été ouverte aux professionnels d'autres services de l'établissement : cardiologie interventionnelle, imagerie et réanimation.
Fin 2014, 2 groupes d'environ 20 personnes (médecins, infirmiers, aides-soignants, brancardiers) ont déjà pu suivre ces formations. L'objectif poursuivi consiste à former 4 à 6 groupes d'ici 2 à 3 ans afin que le CH soit en mesure de pérenniser ces pratiques et de proposer au patient - 24h/24h et à différents moments de son parcours de soin - des séances d'hypnose à visée antalgique et anxiolytique.
Cette démarche représente un réel engagement de la part du CH. En effet, au-delà du coût, ces formations d'une durée de 10 jours impliquent un remplacement important de personnel, afin de ne pas entraver le bon fonctionnement des différents services, mais aussi de conserver la qualité de prise en charge des patients.

Quels patients peuvent être concernés ?
- les adultes et les enfants de plus de 4 ans
- les patients admis aux urgences -les patients sujets aux angoisses sévères
- les patients présentant des douleurs difficiles à calmer ou amenés à subir des soins douloureux
(ex : ponction lombaire ou suture pour les enfants)
- les patients dont l'état de santé ne permet pas la prise de médicaments morphiniques ou ceux dont on souhaite en réduire les doses prescrites
- les patients susceptibles d'être traités en cardiologie interventionnelle (cf. anomalie du rythme
cardiaque)
- les patients appelés à subir des examens parfois longs et/ou angoissants (ex IRM)
Ainsi, depuis juin 2014, ce sont plusieurs centaines de patients qui ont déjà pu bénéficier de séances d'hypnose.

Cette initiative - en accompagnement des traitements plus conventionnels - offre une complémentarité dans la prise en charge proposée par l'équipe médico-soignante, en permettant notamment d'apaiser le patient et de contribuer à son mieux-être.

Le CH Saint Joseph Saint Luc est un Etablissement de Santé Privé d'intérêt Collectif (ESPIC) de centre-ville. Il compte près de 350 lits, emploie 1 000 salariés et réalise un chiffre d'affaires de 100 millions d'euros.
Il exerce une mission de service public sur l'ensemble de ses activités et est à but non lucratif : ses patients bénéficient d'une tarification publique, sans "reste à charge » et sans dépassement d'honoraires.


La Première Formation du Collège d'Hypnose & Thérapies Intégratives de Paris est lancée!

Succès pour la formation de base en Hypnose Ericksonienne au CHTIP !
Médecins urgentistes, infirmièr(e)s, psychologues, ou encore kinésithérapeutes et ostéopathes : la première session relative aux bases de l'hypnose a affiché complet.
La formation de 4 jours a été assurée par nos soins (Laurent Gross et le Dr Philippe Aïm). Au programme, des cours théoriques et surtout beaucoup, beaucoup d'exercices pratiques, afin d'acquérir toutes les bases de l'hypnose éricksonienne et ainsi permettre la mise en pratique de l'hypnothérapie auprès des patients pour un grand nombre de pathologies.
La deuxième session se déroulera du 9 au 12 mars, à Paris. Même adresse, même promo. On a déjà hâte d'y être !

Alors, face au succès rencontré, les inscriptions sont d'ores et déjà ouvertes pour septembre 2015 !


 

Santé à Rennes. Bérénice met KO ses migraines avec l'auto hypnose - Ouest France

Pour lutter contre ses migraines chroniques, Bérénice, 15 ans, n'a plus besoin de prendre des médicaments. Aujourd'hui, elle s'auto hypnose. Impressionnant.

Depuis sa toute petite enfance, Bérénice, 15 ans, souffre de migraines qui lui pourrissent la vie. Les traitements classiques par médicaments n'ont pas permis de les faire disparaitre.

Au CHU de Rennes, on lui a donc de proposer d'essayer l'auto-hypnose sous contrôle médical. Ou comment focaliser son cerveau sur des sensations agréables et tromper les signaux de douleur. Une technique qu'elle peut utiliser quand elle veut et où elle veut.

Reportage en vidéo durant une séance.


Les bénéfices de l'hypnosédation en chirurgie - Infirmiers.com

L’hypnosédation en chirurgie combine l’induction d’un état d’hypnose chez le patient, à l’administration d’une sédation antalgique et l’injection d’un anesthésique local sur la zone à opérer. A l’Institut Curie, plus de 70 interventions de chirurgie du cancer sein sous hypnosédation ont déjà été pratiquées, majoritairement des tumorectomies du sein, des prélèvements de ganglions sentinelles et des curages axillaires, ainsi que des mastectomies. L’hypnose est réalisée au bloc opératoire par un médecin ou une infirmière anesthésistes formés.  Cette alternative à l’anesthésie générale, pratiquée à l’Institut Curie, remporte une adhésion de plus en plus forte chez les médecins et les patients pour son confort et son faible retentissement.

Principes d’une intervention chirurgicale sous hypnose

L’hypnothérapeute rencontre la patiente avant l’intervention afin de connaître sa personnalité et ses préférences, en particulier les lieux, moments ou situations qui l’apaisent. Ces questions lui permettent de « conduire » la patiente vers l’évasion et l’imaginaire lors de l’intervention. “Pour induire l’hypnose, j’aide la patiente à se centrer sur elle-même et à se détacher de tout ce qui se passe autour d’elle”, explique le Dr Aurore Marcou, médecin anesthésiste et hypnothérapeute à l’Institut Curie. “Je l’invite, sur un mode actif, à entrer dans un état de conscience naturel, entre le rêve et l’éveil. Quand la patiente se trouve dans son monde imaginaire, nous parlons ensemble au présent. Nous vivons chaque moment comme si nous y étions. Tout l’art de l’hypnose consiste à accompagner de manière personnalisée la patiente dans son champ des possibles et à la laisser aller là où elle veut et faire ce qu’elle a envie de faire. Je reste donc ouverte dans mes suggestions. En fin d’intervention, j’inverse doucement l’état d’hypnose et j’aide la patiente à reprendre confortablement contact avec la réalité, tout en lui faisant des suggestions pour le post-opératoire, sur la cicatrisation, l’énergie ou l’appétit.”

Concrètement, au bloc, la patiente va bénéficier :
    •    d’une anesthésie locale du site opératoire (lidocaïne par exemple) ;
    •    d’une sédation par intraveineuse contenant un analgésique de courte durée d’action (rémifentanil) préservant la conscience ;
    •    d’une mobilisation de la conscience par l’hypnose.

L’hypnose permet de diminuer :
    •    l’inconfort psychologique de la patiente en « captant » sa conscience ; le message douloureux provenant d’une terminaison nerveuse en empêchant toutes les zones du cerveau d’être activées par la douleur.
A savoir - L’hypnosédation ne peut être pratiquée que pour des interventions sur les organes situés assez près de la peau, où une analgésie est suffisante (on ne peut réaliser des chirurgies profondes), et n’est pas possible chez les personnes malentendantes. Si au cours de l’intervention, l’hypnose ne suffisait pas, la patiente peut bénéficier facilement d’une anesthésie générale (en pratique, moins de 1% des cas) (1).

Nadia, 46 ans : “Opérée d’un sein sous hypnosédation, j’étais étonnée que ça marche si bien.” “J’ai peur de l’anesthésie générale et un mauvais souvenir de la dernière qui m’avait beaucoup fatiguée. Quand on m’a proposé l’hypnosédation pour une intervention réparatrice au sein, j’ai accepté. J’ai rencontré l’hypnothérapeute, avec qui j’ai eu un bon contact. Au bloc, après quelques questions, elle m’a proposé de me projeter en Martinique, une île que j’aime par-dessus tout, pour m’évader. Elle m’a dit de me détacher de mon corps, elle me parlait de la mer, des paysages, de la plage de Sainte- Anne. J’y arrivais en voiture, c’était vraiment ça ! J’avais les yeux ouverts sous le drap, j’entendais le médecin et les infirmières. Je sentais que l’on travaillait sur ma peau mais pas de douleur. Deux heures après, j’étais chez moi. Je suis pourtant douillette et je craignais de ne pas réussir à entrer en hypnose. C’est une expérience à vivre !”

Eviter l’anesthésie générale : des avantages forts pour la récupération post-opératoire des patient(e)s

“L’anesthésie générale induit pharmacologiquement une diminution de la ventilation spontanée, des réflexes de déglutition, de la tension artérielle que le corps récupère doucement au réveil. Elle peut également induire une désorientation et des troubles de la mémoire,” rappelle le Dr Marcou.

“L’hypnosédation a par comparaison un retentissement minime sur les fonctions vitales”. Cette méthode est particulièrement adaptée pour les patients fragiles, très âgés ou présentant des co-morbidités importantes qu’une anesthésie générale pourrait déstabiliser. Elle permet également d’éviter les désagréments du réveil tels que les nausées et les vomissements liés à l’anesthésie générale.

L’hypnosédation est une excellente alternative à l’anesthésie générale pour certaines patientes, leur permettant une meilleure récupération post-opératoire », précise le Dr Séverine Alran, chirurgienne à l’Institut Curie.

Question de préférence… et de satisfaction

Toutes les hynosédations ne sont pas motivées par des raisons médicales : “La patiente peut évoquer spontanément la possibilité d’une chirurgie sous hypnose parce qu’elle en a entendu parler, ou c’est moi qui, selon la chirurgie que je pratique et la personnalité de la patiente, estime pouvoir la lui proposer”, explique le Dr Séverine Alran. « L’hypnose ne peut s’effectuer sans la pleine coopération du patient : elle n’est donc évidemment pas indiquée pour les personnes réfractaires à cette idée », ajoute le Dr Aurore Marcou.
Une étude menée sur 47 patients par le Dr Aurore Marcou et le Dr Alain Livartowski, oncologue médical à l’Institut Curie, a permis de montrer que la satisfaction des patientes envers l’hypnosédation était excellente avec une note de 9,2 /10. 100% d’entre elles étaient prêtes à une nouvelle intervention sous hypnosédation.

Marie-Claudine, 68 ans : “Très détendue, j’avais l’impression de participer à l’événement” : “Quand l’hypnothérapeute de l’Institut Curie m’a proposé de réaliser ma double mastectomie sous hypnosédation, je m’en suis d’abord sentie incapable. Puis l’idée a fait son chemin et par curiosité, mais aussi par expérience des effets rassérénants de la méditation que je pratique, j’ai tenté l’aventure. J’étais rassurée par le fait que l’hypnothérapeute était anesthésiste et qu’il était toujours possible de basculer vers une anesthésie générale. En me parlant, elle a su induire chez moi des images agréables de montagne, selon mes préférences. J’étais pleinement consciente, présente, détendue et j’ai eu envie de parler moi aussi, avec elle comme avec la chirurgienne. J’avais même l’impression de participer à l’événement. Dès la fin de l’opération, je me sentais prête à bouger et très peu fatiguée”.

Une évolution des pratiques pour les praticiens et le personnel soignant

“L’hypnosédation implique une mobilisation de toute l’équipe médicale et une concentration supplémentaire de la part du chirurgien”, admet le Dr Alran. “L’ambiance doit être calme et assez silencieuse au bloc pour que la patiente reste détendue et concentrée sur son hypnose. Il faut également parler peu et choisir ses mots, éviter tout terme anxiogène. Le geste chirurgical est la plupart du temps le même. Par ailleurs, le réveil, avec toute la surveillance que cela suppose, n’est plus nécessaire. L’hypno-analgésie nous incite à évoluer dans certaines de nos pratiques et dans l’organisation de la prise en charge chirurgicale”, reconnaît le Dr Alran.

Que dit la science de l’hypnose ?
Entamées dès les années 60, les recherches scientifiques modernes sur les mécanismes de l’hypnose n’ont vraiment pu aboutir à des résultats objectivables qu’avec l’essor des nouvelles technologies d’imagerie. Elles ont permis de mettre en évidence l'existence d'un état cérébral hypnotique spécifique, d’observer les zones activées par l’hypnose et de mieux comprendre son effet anti-douleur. Une activation du cortex cingulaire antérieur et du cortex prémoteur du cerveau, mais aussi des aires gauches de zones sensorielles ont été notamment constatés sous PET Scan chez des patients sous hypnose. Grâce à l’IRM fonctionnelle, une diminution de l’activité corticale frontopariétale latérale et une augmentation de l’activité des cortex bilatéraux cingulaires et du gyrus frontal ont été mises en évidence. L’hypnose modifie ainsi la perception sensorielle et le ressenti désagréable d’une stimulation nociceptive5. Plus précisément, le ressenti de la douleur est modifié par des suggestions verbales dissociant ses composantes sensorielle et affective6.

Si le fameux psychiatre américain Milton Erickson (1901-1980) est considéré comme le père de l’hypnose médicale, le Dr Marie-Elisabeth Faymonville, du CHU de Liège, est reconnue comme la pionnière et la plus grande spécialiste de la chirurgie sous hypnose. Au début des années 90, elle a pratiqué avec succès ses premières interventions combinant l’hypnose, une sédation et une anesthésie locale, notamment pour des chirurgies de la thyroïde. Depuis, des milliers de patients ont bénéficié de cette technique dans cet établissement.
Institut Curie 
 

Rédigé le Jeudi 22 Janvier 2015 à 19:32 | Lu 1038 fois modifié le Mardi 28 Avril 2015

Laurent Gross est: Président du CHTIP Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de Paris,… En savoir plus sur cet auteur