Contre la douleur, l’hypnose - Le Devoir
Pendant qu’on procédait à une biopsie de sa tumeur cancéreuse située dans l’aine, la jeune Koraly rêvait qu’elle caressait un dauphin rencontré lors d’une croisière imaginaire avec sa famille. Elle n’a ainsi éprouvé aucune douleur lorsque le médecin a effectué des incisions sur sa peau. Âgée de neuf ans, Koraly fait partie des premiers patients à subir des interventions médicales sous hypnose à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME), qui est le premier établissement hospitalier au Québec à offrir cette technique pour réduire la douleur et l’anxiété durant certaines procédures d’imagerie médicale pédiatrique.
Tout a commencé par un projet-pilote lancé en janvier 2019, lorsqu’une hypnothérapeute française est venue enseigner la technique à deux technologues en imagerie médicale pédiatrique de l’HME. « En France et en Belgique, l’hypnose médicale est couramment employée pour des procédures invasives qu’on effectue ici sous anesthésie générale », souligne la cheffe technologue en imagerie médicale à l’HME, Johanne L’Écuyer, qui a piloté le projet.
Les deux technologues ont ensuite commencé à pratiquer l’hypnose pour des interventions qui se font normalement sans sédation à partir de l’âge de six ans, mais qui sont inconfortables et anxiogènes. Elles y ont eu recours notamment lorsqu’on a dû introduire dans une veine du bras de Koraly un long cathéter se rendant jusqu’au coeur et qui a servi pendant plusieurs semaines à lui administrer une chimiothérapie. Durant cette procédure, Koraly a pu vivre de grandes émotions dans les manèges d’un parc d’attractions fantastique que la technologue de l’HME lui décrivait pendant qu’elle était sous hypnose.
On a aussi utilisé l’hypnose pour des cystographies mictionnelles, un examen qui nécessite d’insérer un cathéter jusque dans la vessie afin d’examiner les voies urinaires.
À mesure que les technologues prenaient de l’expérience et de la confiance, on a commencé à employer l’hypnose pour des biopsies rénales, inguinales (dans l’aine) et de la thyroïde. On a même procédé il y a quelques semaines à une gastrotomie — une intervention qui consiste à acheminer un tube dans l’estomac en traversant la peau — chez un jeune adolescent de 14 ans atteint de dystrophie musculaire, chez lequel il était risqué de faire une anesthésie générale. La procédure devait durer 30 minutes, mais des complications ont fait qu’elle s’est prolongée. Le patient a été maintenu sous hypnose pendant deux heures sans aucun problème. Et après l’intervention, le patient a évalué l’expérience à 4 sur l’échelle de douleur allant de 1 à 10, où 10 est le niveau de douleur le plus élevé.
Au terme du projet-pilote, l’équipe de l’HME était tellement emballée qu’elle a décidé de continuer d’employer l’hypnose dans la pratique courante. « Les patients ne bougent absolument pas pendant qu’ils sont en transe. Ils sortent de l’intervention en marchant, à moins de devoir rester allongés un moment pour éviter les saignements. Et en plus, l’hypnose permet d’éviter tous les effets secondaires des médicaments. […] C’est tellement fantastique que nous croyons qu’il faudrait étendre son utilisation à d’autres départements, comme en oncologie, à l’urgence et pour le changement des pansements après une chirurgie et chez les grands brûlés auxquels on doit administrer des sédatifs. On espère aussi qu’on l’utilisera pour les adultes et dans les autres hôpitaux du Québec », lance Mme L’Écuyer, avant d’ajouter que l’hypnose est une technique facile à utiliser et qui fonctionne chez tous les patients. « Les enfants doivent toutefois être âgés d’au moins six ans, car on a besoin de leur collaboration et d’une certaine capacité de concentration. »
La technologue aborde toujours le patient dans la salle d’attente, où elle lui explique l’intervention médicale à laquelle on procédera avec des « mots positifs et les plus doux possible ». « On bannit les négations et les mots “douleur”, “piqûre” », précise la technologue Maryanne Fortin. Elle l’informe qu’elle sera près de lui tout au long de la procédure et qu’elle lui chuchotera une histoire dont le sujet sera lié à un de ses intérêts : le hockey, les voyages, la plage, les animaux.
Quand le patient est étendu sur la table d’examen, la technologue entame son récit fantastique qui permettra à l’enfant d’entrer en transe, laquelle est détectée par la physionomie détendue du patient et l’apparition de mouvements rapides des yeux sous les paupières. La technologue informe alors le professionnel qu’il peut commencer l’intervention.
Au moment de couper la peau pour introduire le cathéter, par exemple, la technologue insérera dans son récit un événement pouvant expliquer le pincement que le patient sentira.
« Koraly a affirmé avoir senti des picotements, mais jamais de douleur, relate sa maman, qui avoue avoir été sceptique au départ, mais qui prône désormais son utilisation, car « cette technique permettrait d’éviter beaucoup de crises et de pleurs » !
Aujourd’hui, Koraly est en rémission de son lymphome hodgkinien et elle se laisse hypnotiser de plus en plus facilement. Et surtout, une visite à l’hôpital n’a plus rien d’angoissant pour elle.
Pauline Gravel
Tout a commencé par un projet-pilote lancé en janvier 2019, lorsqu’une hypnothérapeute française est venue enseigner la technique à deux technologues en imagerie médicale pédiatrique de l’HME. « En France et en Belgique, l’hypnose médicale est couramment employée pour des procédures invasives qu’on effectue ici sous anesthésie générale », souligne la cheffe technologue en imagerie médicale à l’HME, Johanne L’Écuyer, qui a piloté le projet.
Les deux technologues ont ensuite commencé à pratiquer l’hypnose pour des interventions qui se font normalement sans sédation à partir de l’âge de six ans, mais qui sont inconfortables et anxiogènes. Elles y ont eu recours notamment lorsqu’on a dû introduire dans une veine du bras de Koraly un long cathéter se rendant jusqu’au coeur et qui a servi pendant plusieurs semaines à lui administrer une chimiothérapie. Durant cette procédure, Koraly a pu vivre de grandes émotions dans les manèges d’un parc d’attractions fantastique que la technologue de l’HME lui décrivait pendant qu’elle était sous hypnose.
On a aussi utilisé l’hypnose pour des cystographies mictionnelles, un examen qui nécessite d’insérer un cathéter jusque dans la vessie afin d’examiner les voies urinaires.
À mesure que les technologues prenaient de l’expérience et de la confiance, on a commencé à employer l’hypnose pour des biopsies rénales, inguinales (dans l’aine) et de la thyroïde. On a même procédé il y a quelques semaines à une gastrotomie — une intervention qui consiste à acheminer un tube dans l’estomac en traversant la peau — chez un jeune adolescent de 14 ans atteint de dystrophie musculaire, chez lequel il était risqué de faire une anesthésie générale. La procédure devait durer 30 minutes, mais des complications ont fait qu’elle s’est prolongée. Le patient a été maintenu sous hypnose pendant deux heures sans aucun problème. Et après l’intervention, le patient a évalué l’expérience à 4 sur l’échelle de douleur allant de 1 à 10, où 10 est le niveau de douleur le plus élevé.
Au terme du projet-pilote, l’équipe de l’HME était tellement emballée qu’elle a décidé de continuer d’employer l’hypnose dans la pratique courante. « Les patients ne bougent absolument pas pendant qu’ils sont en transe. Ils sortent de l’intervention en marchant, à moins de devoir rester allongés un moment pour éviter les saignements. Et en plus, l’hypnose permet d’éviter tous les effets secondaires des médicaments. […] C’est tellement fantastique que nous croyons qu’il faudrait étendre son utilisation à d’autres départements, comme en oncologie, à l’urgence et pour le changement des pansements après une chirurgie et chez les grands brûlés auxquels on doit administrer des sédatifs. On espère aussi qu’on l’utilisera pour les adultes et dans les autres hôpitaux du Québec », lance Mme L’Écuyer, avant d’ajouter que l’hypnose est une technique facile à utiliser et qui fonctionne chez tous les patients. « Les enfants doivent toutefois être âgés d’au moins six ans, car on a besoin de leur collaboration et d’une certaine capacité de concentration. »
La technologue aborde toujours le patient dans la salle d’attente, où elle lui explique l’intervention médicale à laquelle on procédera avec des « mots positifs et les plus doux possible ». « On bannit les négations et les mots “douleur”, “piqûre” », précise la technologue Maryanne Fortin. Elle l’informe qu’elle sera près de lui tout au long de la procédure et qu’elle lui chuchotera une histoire dont le sujet sera lié à un de ses intérêts : le hockey, les voyages, la plage, les animaux.
Quand le patient est étendu sur la table d’examen, la technologue entame son récit fantastique qui permettra à l’enfant d’entrer en transe, laquelle est détectée par la physionomie détendue du patient et l’apparition de mouvements rapides des yeux sous les paupières. La technologue informe alors le professionnel qu’il peut commencer l’intervention.
Au moment de couper la peau pour introduire le cathéter, par exemple, la technologue insérera dans son récit un événement pouvant expliquer le pincement que le patient sentira.
« Koraly a affirmé avoir senti des picotements, mais jamais de douleur, relate sa maman, qui avoue avoir été sceptique au départ, mais qui prône désormais son utilisation, car « cette technique permettrait d’éviter beaucoup de crises et de pleurs » !
Aujourd’hui, Koraly est en rémission de son lymphome hodgkinien et elle se laisse hypnotiser de plus en plus facilement. Et surtout, une visite à l’hôpital n’a plus rien d’angoissant pour elle.
Pauline Gravel
Redon. Une bulle de douceur en maternité et pédiatrie - Ouest France Bretagne
Les auxiliaires de puériculture de l’hôpital de Redon sont formées à des pratiques issues de l’hypnose mais aussi à la réflexologie plantaire. Des soins permettant de soulager craintes et petites douleurs.
Rentrer à l’hôpital est souvent angoissant pour les adultes, une anxiété décuplée chez les enfants. À Redon, les auxiliaires de puériculture du service de pédiatrie sont formées à différentes méthodes telles la réflexologie plantaire, ou l’hypnoanalgésie pour calmer les douleurs ou le stress.
Vers un monde imaginaire
« On ne fait pas de l’hypnose telle qu’on imagine. On s’inspire de ces méthodes auxquelles nous sommes formées pour accompagner un soin parfois douloureux », explique Flora Dunoyer, auxiliaire de puériculture.
Comment ça fonctionne ? « On accompagne les enfants dans un monde imaginaire, dans leur rêve. En fait ont créé une bulle, leur bulle, le temps nécessaire. C’est souvent répétitif, mais ça permet de détourner leur attention de quelque chose de désagréable. »
Les parents associés
Les parents sont aussi associés pour ne pas être du côté des soins mais bien de l’aventure que sont invités à vivre les enfants. Pour y arriver, les auxiliaires de puériculture font preuve d’une imagination débordante qui peut interloquer puis faire rire les parents. Tous les actes sont dédramatisés.
Un bain pour renforcer les liens…
Les nouveau-nés, ont, eux, le droit a des soins de confort. « On propose par exemple un bain si l’accouchement a été long ou douloureux. Dans certaines situations de vie ça permet de renforcer le lien mère enfant », explique Élisabeth, également auxiliaire de puériculture.
…et de la réflexologie pour les petites douleurs
Incollable sur les points de réflexologie elle tente de soulager les nourrissons de leurs douleurs habituelles, comme les coliques, par des pressions sur les petons.
Lors de l’atelier proposé durant les portes ouvertes, de futurs parents mais aussi des grands-parents se sont intéressés à cette offre bien être qui gagne en notoriété sur le bassin de Redon.
Alexandre STEPHANT
Rentrer à l’hôpital est souvent angoissant pour les adultes, une anxiété décuplée chez les enfants. À Redon, les auxiliaires de puériculture du service de pédiatrie sont formées à différentes méthodes telles la réflexologie plantaire, ou l’hypnoanalgésie pour calmer les douleurs ou le stress.
Vers un monde imaginaire
« On ne fait pas de l’hypnose telle qu’on imagine. On s’inspire de ces méthodes auxquelles nous sommes formées pour accompagner un soin parfois douloureux », explique Flora Dunoyer, auxiliaire de puériculture.
Comment ça fonctionne ? « On accompagne les enfants dans un monde imaginaire, dans leur rêve. En fait ont créé une bulle, leur bulle, le temps nécessaire. C’est souvent répétitif, mais ça permet de détourner leur attention de quelque chose de désagréable. »
Les parents associés
Les parents sont aussi associés pour ne pas être du côté des soins mais bien de l’aventure que sont invités à vivre les enfants. Pour y arriver, les auxiliaires de puériculture font preuve d’une imagination débordante qui peut interloquer puis faire rire les parents. Tous les actes sont dédramatisés.
Un bain pour renforcer les liens…
Les nouveau-nés, ont, eux, le droit a des soins de confort. « On propose par exemple un bain si l’accouchement a été long ou douloureux. Dans certaines situations de vie ça permet de renforcer le lien mère enfant », explique Élisabeth, également auxiliaire de puériculture.
…et de la réflexologie pour les petites douleurs
Incollable sur les points de réflexologie elle tente de soulager les nourrissons de leurs douleurs habituelles, comme les coliques, par des pressions sur les petons.
Lors de l’atelier proposé durant les portes ouvertes, de futurs parents mais aussi des grands-parents se sont intéressés à cette offre bien être qui gagne en notoriété sur le bassin de Redon.
Alexandre STEPHANT