L’hypnose médicale pour lutter contre la douleur - La Montagne
La psychologue d’une maison de retraite de l'Allier passe un diplôme universitaire d’hypnose médicale pour accompagner des personnes âgées en luttant contre la douleur.
De plus en plus présente dans les hôpitaux, l’hypnose médicale fait aussi son apparition dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Une psychologue de l'Allier suit actuellement une formation à l’université Clermont Auvergne pour passer un diplôme et mettre en place un protocole de prise en charge à la maison de retraite de Vendat, près de Vichy.
Une approche complémentaire
« Je ne m’intéresse pas à l’hypnose par effet de mode », insiste Mathilde Billiard, psychologue aux Opalines et dans une autre structure gériatrique à Gannat. « Cette approche a démontré son efficacité sur la diminution de la sensation douloureuse. Elle va permettre à l’infirmière de réaliser un soin dans un contexte plus apaisé, au médecin de réduire la consommation de médicaments, au résident de se sentir moins douloureux. »
Les établissements explorent d’autres pistes pour accompagner les patients particulièrement sensibles aux effets iatrogènes. « La tendance actuelle est de diminuer la prise de médicaments, dans la mesure du possible, et d’avoir d’autres approches complémentaires, explique Denis Lethuaire, médecin coordonnateur à l’Ehpad. Car les personnes âgées sont sensibles aux effets secondaires indésirables. On sait qu’au-delà de trois-quatre médicaments, on ne maîtrise plus trop les interactions et nos résidents en prennent souvent six voire dix. Ce n’est pas propre à cet établissement. C’est propre à l’ensemble de la population et aux polypathologies. »
Limiter les chutes
« Le non médicamenteux n’est pas possible, reconnaît Laurent Vallade, le directeur de l’Ehpad. L’hypnose, comme l’acuponcture, n’est pas le remède à tous les maux. Pour autant, on peut petit à petit réussir à diminuer la consommation de médicaments pour le bien-être de la personne. Car ce n’est pas parce qu’on consomme des médicaments qu’on est mieux. On sait que cela entraîne des problématiques de perte d’équilibre, de perte de force, de chute. On lutte contre cela tous les jours. Il y a plein de pistes à explorer. »
A Vichy, plusieurs services de l'hôpital utilisent aussi l'hypnose médicale
Urgences, bloc opératoire, maternité, neurologie… À Vichy, l’hypnose est pratiquée dans plusieurs services du centre hospitalier Jacques-Lacarin. Depuis 2015, 48 agents paramédicaux (sages-femmes, infirmiers…) et 20 médecins ont été formés en interne. De nouvelles formations sont programmées en 2017 et 2018, quand d’autres praticiens ont fait le choix de retourner à la faculté. « Ce n’est absolument pas l’hypnose de spectacle que l’on peut voir à la télévision, insiste Fabienne Vaysse, médecin aux urgences et titulaire d’un diplôme universitaire d’hypnose médicale. On ne fait pas faire n’importe quoi aux gens. On induit un chemin et c’est l’inconscient du patient qui travaille pour trouver ses ressources et calmer des douleurs, des angoisses… »
Estelle Dissay
De plus en plus présente dans les hôpitaux, l’hypnose médicale fait aussi son apparition dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Une psychologue de l'Allier suit actuellement une formation à l’université Clermont Auvergne pour passer un diplôme et mettre en place un protocole de prise en charge à la maison de retraite de Vendat, près de Vichy.
Une approche complémentaire
« Je ne m’intéresse pas à l’hypnose par effet de mode », insiste Mathilde Billiard, psychologue aux Opalines et dans une autre structure gériatrique à Gannat. « Cette approche a démontré son efficacité sur la diminution de la sensation douloureuse. Elle va permettre à l’infirmière de réaliser un soin dans un contexte plus apaisé, au médecin de réduire la consommation de médicaments, au résident de se sentir moins douloureux. »
Les établissements explorent d’autres pistes pour accompagner les patients particulièrement sensibles aux effets iatrogènes. « La tendance actuelle est de diminuer la prise de médicaments, dans la mesure du possible, et d’avoir d’autres approches complémentaires, explique Denis Lethuaire, médecin coordonnateur à l’Ehpad. Car les personnes âgées sont sensibles aux effets secondaires indésirables. On sait qu’au-delà de trois-quatre médicaments, on ne maîtrise plus trop les interactions et nos résidents en prennent souvent six voire dix. Ce n’est pas propre à cet établissement. C’est propre à l’ensemble de la population et aux polypathologies. »
Limiter les chutes
« Le non médicamenteux n’est pas possible, reconnaît Laurent Vallade, le directeur de l’Ehpad. L’hypnose, comme l’acuponcture, n’est pas le remède à tous les maux. Pour autant, on peut petit à petit réussir à diminuer la consommation de médicaments pour le bien-être de la personne. Car ce n’est pas parce qu’on consomme des médicaments qu’on est mieux. On sait que cela entraîne des problématiques de perte d’équilibre, de perte de force, de chute. On lutte contre cela tous les jours. Il y a plein de pistes à explorer. »
A Vichy, plusieurs services de l'hôpital utilisent aussi l'hypnose médicale
Urgences, bloc opératoire, maternité, neurologie… À Vichy, l’hypnose est pratiquée dans plusieurs services du centre hospitalier Jacques-Lacarin. Depuis 2015, 48 agents paramédicaux (sages-femmes, infirmiers…) et 20 médecins ont été formés en interne. De nouvelles formations sont programmées en 2017 et 2018, quand d’autres praticiens ont fait le choix de retourner à la faculté. « Ce n’est absolument pas l’hypnose de spectacle que l’on peut voir à la télévision, insiste Fabienne Vaysse, médecin aux urgences et titulaire d’un diplôme universitaire d’hypnose médicale. On ne fait pas faire n’importe quoi aux gens. On induit un chemin et c’est l’inconscient du patient qui travaille pour trouver ses ressources et calmer des douleurs, des angoisses… »
Estelle Dissay
Offrir plus qu’un accouchement - Le Progrès
La maternité de l’hôpital Lucien-Hussel multiplie les services bien-être avant et après la naissance.
De Saint-Jean-de-Bournay à Saint-Rambert-d’Albon en passant par Givors, on vient accoucher à la maternité de l’hôpital Lucien-Hussel de Vienne. Cela représente environ 1 700 naissances par an.
Classé niveau 2, l’établissement peut accueillir des naissances “difficiles” à partir de 32 semaines et 1,5 kg pour l’enfant grâce au plateau technique de néonatalogie. Seules les CHU (centre hospitalier universitaire) des grandes villes comme Lyon sont mieux classés (niveau 3). Mais Florent Chambaz, le directeur, après le travail sur le côté sécurité des soins pour la mère et l’enfant, veut mettre également en avant celui autour de « la qualité de l’accueil de la mère, de l’enfant, du conjoint » et « le renforcement le lien de la parentalité ». D’où l’appartenance au réseau Aurore (Association des utilisateurs du réseau obstétrico-pédiatrique régional) pour une qualité des soins et du bien-être.
Pour le bien-être de toute la famille
Cette approche se décline en deux volets. D’une part, des choses très pratiques comme la possibilité pour le père ou conjoint de dormir à la maternité afin de rester proche de la mère et de l’enfant, avec un petit-déjeuner en self-service de 7 h 30 à 9 h. D’autre part, une « offre de médecine complémentaire » comme de l’acupuncture en préparation à l’accouchement et à la suite, de l’hypnose, de la sophrologie, des cours de préparation en piscine ou, depuis septembre, du yoga. À la rentrée, une consultation allaitement reprendra. Elle avait cessé faute de praticien disponible.
Après la naissance, un partenariat avec la CPAM permet, via le réseau Prado, d’écourter le séjour en maternité au profit d’un suivi à domicile plus long par des sages-femmes. « Les mamans doivent arriver comme chez elles dans le service », explique Florent Chambaz. L’hôpital essaie de maintenir ce lien même en néonatalogie où une chambre mère et bébé est installée malgré la nécessité des soins.
De Saint-Jean-de-Bournay à Saint-Rambert-d’Albon en passant par Givors, on vient accoucher à la maternité de l’hôpital Lucien-Hussel de Vienne. Cela représente environ 1 700 naissances par an.
Classé niveau 2, l’établissement peut accueillir des naissances “difficiles” à partir de 32 semaines et 1,5 kg pour l’enfant grâce au plateau technique de néonatalogie. Seules les CHU (centre hospitalier universitaire) des grandes villes comme Lyon sont mieux classés (niveau 3). Mais Florent Chambaz, le directeur, après le travail sur le côté sécurité des soins pour la mère et l’enfant, veut mettre également en avant celui autour de « la qualité de l’accueil de la mère, de l’enfant, du conjoint » et « le renforcement le lien de la parentalité ». D’où l’appartenance au réseau Aurore (Association des utilisateurs du réseau obstétrico-pédiatrique régional) pour une qualité des soins et du bien-être.
Pour le bien-être de toute la famille
Cette approche se décline en deux volets. D’une part, des choses très pratiques comme la possibilité pour le père ou conjoint de dormir à la maternité afin de rester proche de la mère et de l’enfant, avec un petit-déjeuner en self-service de 7 h 30 à 9 h. D’autre part, une « offre de médecine complémentaire » comme de l’acupuncture en préparation à l’accouchement et à la suite, de l’hypnose, de la sophrologie, des cours de préparation en piscine ou, depuis septembre, du yoga. À la rentrée, une consultation allaitement reprendra. Elle avait cessé faute de praticien disponible.
Après la naissance, un partenariat avec la CPAM permet, via le réseau Prado, d’écourter le séjour en maternité au profit d’un suivi à domicile plus long par des sages-femmes. « Les mamans doivent arriver comme chez elles dans le service », explique Florent Chambaz. L’hôpital essaie de maintenir ce lien même en néonatalogie où une chambre mère et bébé est installée malgré la nécessité des soins.
Morlaix. À l’hôpital, de l’hypnose pour mieux vivre les soins - Ouest France
Des soignants du Centre hospitalier des pays de Morlaix sont progressivement formés à cette pratique. Objectif : rassurer les patients et atténuer la douleur lors de certains actes.
Et si l’hypnose pouvait rendre moins difficile un passage à l’hôpital ? C’est le pari fait par de plus en plus d’établissements en France, dont celui de Morlaix. Depuis 2016, 25 soignants ont été formés, ou sont en passe de l’être.
On est très loin ici des pendules et autres hypnotiseurs de plateaux télé. « Nous avons un cahier des charges très strict, avec notamment un volet sur l’éthique », explique Bernard Laurent, directeur des soins.
Coté formateur aussi, c’est du sérieux. Michel Ruel (*) a longtemps été chef d’un service de médecine interne à Nanterre. Il se consacre aujourd’hui exclusivement aux consultations d’hypnose et à la formation des personnels médicaux et non-médicaux (infirmiers, etc.).
« Langage rassurant »
Au centre hospitalier des pays de Morlaix, ce sont principalement les infirmier(e) s, aides-soignant(e) s et kinésithérapeutes qui en bénéficient.
Ils apprennent notamment à améliorer leur communication dans les soins. « Il s’agit d’adopter un langage rassurant et mobilisateur, raconte Michel Ruel. Par exemple, éviter de dire : Je vais vous piquer, ça ne va pas faire mal. Mais plutôt : Je vais vous faire un soin qui va vous faire du bien. »
Les personnels sont aussi formés à l’autohypnose. « Je propose des exercices simples pour leur permettre de mieux vivre des situations complexes, comme la mort d’un patient, le surmenage… »
Mais le plus gros volet concerne la pratique à destination des patients. « Il y a d’abord l’hypnose conversationnelle, qui consiste à inviter le patient à focaliser son attention sur quelque chose qui lui tient à cœur pendant un acte médical », tout cela au cours d’une discussion.
Une méthode qui, selon les stagiaires morlaisiens, a porté ses fruits lors de prises de sang anxiogènes.
Contre la douleur
Quant à l’hypnose plus formelle, elle vise à accompagner des soins plus traumatisants. Le patient est alors invité à fermer les yeux pour être guidé dans « un voyage intérieur ».
Ce souvenir agréable, ce sport favori ou cette tarte aux pommes sont revécus grâce à la mobilisation de sensations – tactiles, olfactives… – connues. Un changement de pansement peut alors, parfois, se faire sans aucune douleur.
« Ou s’ils sentent quelque chose, ce sera amoindri car sans tonalité affective. » C’est-à-dire sans angoisse liée, par exemple, à un traumatisme passé. Au CHPM, un changement de drain thoracique a ainsi été « nettement facilité » grâce à cette pratique.
L’hypnose ne se substitue pas au traitement. Mais elle peut permettre de diminuer la dose de médicaments, par exemple lors d’une anesthésie locale. Les traitements peuvent aussi voir leur action améliorée. Autre bienfait soulevé par le spécialiste : « Les gens deviennent acteurs de leur guérison. »
(*) Michel Ruel vient de sortir Se soigner avec l’hypnose et l’autohypnose, avec la collaboration de Chantal Briquet, psychologue ; préface du Dr Jean Becchio.
Et si l’hypnose pouvait rendre moins difficile un passage à l’hôpital ? C’est le pari fait par de plus en plus d’établissements en France, dont celui de Morlaix. Depuis 2016, 25 soignants ont été formés, ou sont en passe de l’être.
On est très loin ici des pendules et autres hypnotiseurs de plateaux télé. « Nous avons un cahier des charges très strict, avec notamment un volet sur l’éthique », explique Bernard Laurent, directeur des soins.
Coté formateur aussi, c’est du sérieux. Michel Ruel (*) a longtemps été chef d’un service de médecine interne à Nanterre. Il se consacre aujourd’hui exclusivement aux consultations d’hypnose et à la formation des personnels médicaux et non-médicaux (infirmiers, etc.).
« Langage rassurant »
Au centre hospitalier des pays de Morlaix, ce sont principalement les infirmier(e) s, aides-soignant(e) s et kinésithérapeutes qui en bénéficient.
Ils apprennent notamment à améliorer leur communication dans les soins. « Il s’agit d’adopter un langage rassurant et mobilisateur, raconte Michel Ruel. Par exemple, éviter de dire : Je vais vous piquer, ça ne va pas faire mal. Mais plutôt : Je vais vous faire un soin qui va vous faire du bien. »
Les personnels sont aussi formés à l’autohypnose. « Je propose des exercices simples pour leur permettre de mieux vivre des situations complexes, comme la mort d’un patient, le surmenage… »
Mais le plus gros volet concerne la pratique à destination des patients. « Il y a d’abord l’hypnose conversationnelle, qui consiste à inviter le patient à focaliser son attention sur quelque chose qui lui tient à cœur pendant un acte médical », tout cela au cours d’une discussion.
Une méthode qui, selon les stagiaires morlaisiens, a porté ses fruits lors de prises de sang anxiogènes.
Contre la douleur
Quant à l’hypnose plus formelle, elle vise à accompagner des soins plus traumatisants. Le patient est alors invité à fermer les yeux pour être guidé dans « un voyage intérieur ».
Ce souvenir agréable, ce sport favori ou cette tarte aux pommes sont revécus grâce à la mobilisation de sensations – tactiles, olfactives… – connues. Un changement de pansement peut alors, parfois, se faire sans aucune douleur.
« Ou s’ils sentent quelque chose, ce sera amoindri car sans tonalité affective. » C’est-à-dire sans angoisse liée, par exemple, à un traumatisme passé. Au CHPM, un changement de drain thoracique a ainsi été « nettement facilité » grâce à cette pratique.
L’hypnose ne se substitue pas au traitement. Mais elle peut permettre de diminuer la dose de médicaments, par exemple lors d’une anesthésie locale. Les traitements peuvent aussi voir leur action améliorée. Autre bienfait soulevé par le spécialiste : « Les gens deviennent acteurs de leur guérison. »
(*) Michel Ruel vient de sortir Se soigner avec l’hypnose et l’autohypnose, avec la collaboration de Chantal Briquet, psychologue ; préface du Dr Jean Becchio.