Si dans ce texte François Roustang, selon la tradition lacanienne, confond encore l’hypnose et la suggestion, critiquant celle-ci au sein du processus de transfert, il note déjà que chez Freud l’étude des processus psychiques sont ceux d’un individu pris isolément. Roustang souligne la construction de la réalité : « quiconque a pratiqué plusieurs analystes sait bien qu’il n’a pas découvert avec chacun le même passé », attirant l’attention sur le risque de la fabrication de double chez les analystes.
C’est dans le prolongement de cette critique que François Roustang pointe l’importance pour chaque thérapeute de se situer à partir d’une position de liberté, en dehors de la répétition de la parole sacrée proférée par tel ou tel maître, que ce soit Lacan ou Freud. Et c’est justement parce qu’il a pu se positionner comme un penseur libre, que François Roustang a pu interroger les discours convenus sur la différence radicale entre l’hypnose pensée comme suggestion et le transfert.
Si François Roustang est passé pour un penseur iconoclaste, il est avant tout quelqu’un qui ose se poser des questions remettant en cause des positions faussement assises, simplement en reprenant les textes fondateurs et en les relisant dans leur fraîcheur native. Ne pas se prendre pour ce que l’on n’est pas, telle pourrait être sa devise, s’adressant en particulier à tous ces psychanalystes qui s’imaginent faire œuvre de science au lieu de reconnaître simplement vouloir changer quelque chose. Savoir reconnaître la dimension prosaïque d’une pratique, ne pas prendre des vessies pour des lanternes, est la condition minima pour pouvoir aider quelqu’un à se dépêtrer des fils entremêlés de sa vie.
C’est dans cette période, en juin 1983, que je l’ai rencontré pour la première fois à Cerisy-la-Salle, lors d’un colloque autour de René Girard. Il était présent pour une conférence sur Casanova dont il décrivait les stratégies d’esquive de la rivalité, et les montages pour ridiculiser l’autorité sans jamais l’affronter directement. En écoutant cet exposé, nous sentions à la fois les points communs avec cet auteur qui a cherché dans son œuvre à dévoiler les visages masqués, à dégonfler les secrets, à faire émerger les rires, les tromperies au sein du lien social ; nous sentions aussi toute la différence avec un homme qui avait le courage d’affronter les discours dominants et qui était capable de prendre le risque d’être là où on ne l’attendait pas. Cette année 1983 est celle aussi où François Roustang a participé, avec René Girard et Mikkel Borch-Jacobsen, à un colloque à l’hôpital Fernand-Vidal sur l’hypnose. René Girard, par l’intermédiaire de son ami Jean-Michel Oughourlian, s’intéressait à cette pratique qui peut être pensée comme une des modalités thérapeutiques de l’approche mimétique.
Ce numéro est sous le signe du vivant, du vital. Tout d’abord grâce à notre artiste : Mario René Madrigal. Ce peintre né au Nicaragua, avant de se révéler au Costa Rica, exprime une continuité entre les temps du précolombien et les temps actuels. Il opère ces liens au travers de la symbolique et les couleurs qu’il utilise.
Je propose quotidiennement des séances de sevrage tabagique en me servant de mon statut assumé de fumeur. J’aime fumer ! Il s’agit dans la structure d’intervention que je souhaite partager avec vous d’une sorte de recette universelle. A vous de l’adapter individuellement à chacun de vos patients et d’en faire « du sur-mesure » comme nous l’ont enseigné Erickson et ses disciples.
En neurochirurgie certaines procédures, en particulier de type fonctionnel, méritent des états alternant entre la sédation/analgésie (moments inconfortables et/ou douloureux) et l’état de conscience critique, afin d’évaluer l’efficacité de la procédure chirurgicale : électrode correctement placée, amélioration des symptômes lors de la stimulation corticale ou médullaire, et absence d’effets indésirables lors de la stimulation/résection chirurgicale.
Depuis quelques années je travaille en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), où je pratique l’hypnose dans ma fonction d’infirmière, et je travaille également en cabinet. Il m’est arrivé assez fréquemment de rencontrer des personnes atteintes de sclérose en plaques. La sclérose en plaques, ou SEP, est une affection du système nerveux central. Elle touche le cerveau, le cervelet et la moelle épinière qui ont en commun d’être constitués de cellules spécifiques, les neurones.
Les grands penseurs sont fascinants. Leurs textes contiennent des ouvertures et des avancées à n’en plus finir. A chaque lecture et relecture, un nouveau concept apparaît. Ils vont à l’essentiel. Ils sont lus par une multitude qui y trouve son compte. L’écriture est précise. Chaque mot est pesé, choisi. Les textes et ouvrages de François Roustang sont de cette veine. "François a enseigné, a beaucoup écrit, fut beaucoup lu, mais se sentait peu compris", nous rappelle Gaston Brosseau depuis Montréal.
C’est une amie qui m’a fait découvrir François Roustang. A une époque de sa vie où elle allait très mal, elle avait acheté La fin de la plainte, un livre destiné à un large public, mais aussi adressé aux professionnels de la relation d’aide, raison qui avait certainement guidé le choix de cette intellectuelle qui cherchait des pistes pour sortir de sa souffrance, mais qui n’aurait jamais, au grand jamais, daigné acheter ou même feuilleter un livre de développement personnel.
« De l’insoutenable légèreté de l’être » : c’est en ces mots que François Roustang évoque lors d’un de nos derniers entretiens, à l’aube de ses derniers jours en guise peut-être de clôture de son œuvre, l’essence de la vie qu’il nous invite inlassablement à contacter, dans une forme de présence au monde libre, intense, fluide. François Roustang sans relâche incite, propose, impose même de s’installer dans la vie telle qu’elle est, dans cette « légèreté de l’être, insoutenable parfois ».
En octobre 1995 François Roustang donne une conférence à la Fondation Ling de Lausanne : « Pourquoi notre culture se méfie-t-elle de l’hypnose ? ». Cette conférence est publiée dans Feuilles oubliées, feuilles retrouvées en mai 2014 par Payot. Dans ce texte, il souligne que « notre époque accueille relativement volontiers l’hypnose lorsqu’elle est capable de produire des effets d’anesthésie ou d’analgésie, c’est-à-dire lorsqu’elle nous coupe des stimuli afférents qui pourraient être cause de douleur… ».
Après avoir exploré durant de nombreuses décennies l’expérience de vivre en ce monde avec les êtres vivants, permis à ceux qui en souffrent de la vivre mieux, évité d’échouer sur les écueils mortifères de la modernité, François Roustang a, tout au long de son cheminement, laissé de précieux indices sur l’expérience de vivre. Son parcours l’a conduit dans tous les domaines où elle peut être explorée, comme dans l’institution spirituelle religieuse, la psychologie, la psychanalyse, la philosophie puis l’hypnose thérapeutique.
Le début des années 1980 a été marqué par l’arrivée sur la scène thérapeutique de l’importance de l’œuvre de Milton Erickson, avec la publication en 1984 en français du livre de Jay Haley, Un thérapeute hors du commun. L’entrée de l’hypnose thérapeutique en France a été facilitée par les formations mises en place par Jean Godin et Jacques-Antoine Malarewicz. Mais si l’hypnose thérapeutique a pu être accueillie comme une pratique et également comme une pensée, elle le doit au travail théorique effectué par François Roustang depuis la publication de Suggestion au long cours en 1984.
Je me suis bien préparé pour cette marche à la montagne. Je le sens. J’avance à un rythme régulier. La première partie est une étape d’exploration : un nouveau paysage, des repères à fixer, une évaluation de la difficulté, le choix du bon chemin. Peu à peu, le terrain devient plus irrégulier, la pente commence à se faire sentir. Pendant cette deuxième étape, nous marchons en file indienne à une cadence qui convient à chacun du groupe. Nous avons, au fond, presque le même entraînement.
Bonne nouvelle, ça pousse le facteur... « Le vent dans le dos » : l’expression est lancée dans la discussion, elle se pose sur la table. Il amène des lettres du bout du monde. Au fait, de quel bout s’agit-il ? C’est un restaurant « branchouille » où se rassemblent les amis, dans une ambiance qui éveille le regard. Du monde peuplé d’amis, de chaleur et de lumière. Ah, comme c’est bon dans le corps ces lettres... lire ces mots adressés.
Chers lecteurs, continuons notre exploration. Certains patients nous surprennent, parfois nous tourmentent, et même nous heurtent. Nous nous efforçons alors de parler d’empathie. Selon Carl Rogers : « Etre empathique, c’est percevoir le cadre de référence interne d’autrui aussi précisément que possible et avec les composants émotionnels et les significations qui lui appartiennent comme si l’on était cette personne, mais sans jamais perdre de vue la condition du “comme si” ».
Les liens entre la méditation et l’hypnose suscitent beaucoup de questionnements. Je n’avais aucune pratique méditative lorsque j’ai décidé d’aller en faire l’expérience, en immersion, lors d’une retraite de dix jours pendant laquelle j’ai pratiqué la méditation Vipassana. Cette technique, également décrite comme un « art de vivre », propose d’apprendre à « voir la réalité telle qu’elle est » en passant par une exploration de soi fondée sur l’observation des sensations physiques.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel ? Joyce Mills : Enfant, je racontais déjà des histoires. Mon fils aîné fut atteint de paralysie cérébrale, ce qui m’a conduit à m’intéresser à un programme pour les enfants dans sa condition. J’obtins mon doctorat en 1982 et en 1992 nous avons déménagé à Hawaii. Dix jours après notre arrivée, l’île fut touchée par un ouragan, le pire désastre naturel de cette région au XXe siècle. Cet événement a changé ma vie et mon travail.
Notes de lectures par Christine Guilloux. Vous souvenez-vous d’avoir vu passer le gorille ? Ou vous est-il passé sous le nez sans que vous n’y preniez garde ? Vous riez jaune. Votre attention a été détournée, absorbée par une tâche et vous n’avez eu d’yeux que pour la tâche qui vous était assignée. Rappelez-vous, vous assistiez, sur une vidéo, à un jeu de basket entre deux équipes, l’une habillée en tee-shirts blancs, l’autre en tee-shirts noirs, et vous aviez à compter le nombre de passes entre les joueurs de l’équipe des blancs.
Notes de lectures par Gérard Fitoussi. Dans un des ouvrages de références de l’hypnose, « Hypnotic suggestions and metaphors » de D. Corydon Hammond, où sont répertoriées nombre de propositions concernant l’utilisation de l’hypnose dans une variété de troubles, y compris les troubles anxieux, on ne trouve cependant pas de référence à l’utilisation de l’hypnose dans les TOC, pas plus que dans, par exemple, le « Oxford Handbook of Hypnosis ».
Entretien avec Jean-Marc Benhaiem. Audition de l’Académie nationale de médecine. Lauriane Bordenave : Bonjour Jean-Marc, tu as été auditionné par l’Académie nationale de médecine (ANM) en janvier de cette année au sujet de l’hypnose. Pour quelles raisons ? Jean-Marc Benhaiem : en mars 2013, l’Académie nationale de médecine publie un rapport et des recommandations sur les médecines complémentaires.
Humilité, transmission et partage d’expérience. Petites réflexions à l’intention des futurs congressistes. Le 10 mai 2017 va s’ouvrir en terre volcanique, à Clermont Ferrand, le 10e Forum de la CFHTB : notre terre d’Auvergne et ses volcans montent tranquillement en température... Cette manifestation exceptionnelle, une fois tous les deux ans, va réunir les 35 branches du bel arbre que constitue la Confédération Francophone Hypnose et Thérapies Brèves.
Le mois dernier : Hypnose et anorexie
Hypnose et neurochirurgie
Dominique Megglé
L'hypnose, ça marche vraiment ?